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Les morsures de serpent, un problème grave

Venomous viper rattlesnake at Snake Farm in Thailand. Snake-bites, which kill more than 300 people around the world every day, are considered a neglected tropical disease by the World Health Organization Chris MacLean/IRIN
Malgré l’éternelle méfiance et la crainte généralisée des serpents, leurs morsures n’ont été ajoutées que récemment à la liste des « maladies tropicales négligées » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les serpents mordent environ cinq millions de personnes chaque année dans le monde, selon l’OMS et l’unité de recherche australienne sur le venin (Australian Venom Research Unit, AVRU). Leurs morsures causent des blessures graves ou des handicaps chez trois millions d’entre elles et en tuent environ 125 000.

Toujours selon l’OMS, les morsures de serpent sont responsables de davantage de décès et d’infirmités que certaines maladies tropicales bien plus connues comme la dengue, le choléra, l’encéphalite japonaise, la maladie de Chagas et la leishmaniose.

« Dans certaines provinces de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le taux de mortalité dû aux morsures de serpent est deux fois supérieur à celui du paludisme », a dit David Williams, coordonnateur de la Global Snakebite Initiative, un projet de recherche mondial sur les morsures de serpent basé à Melbourne.

Environ la moitié des morsures de serpent du monde ont lieu en Asie, principalement en Inde, qui enregistre chaque année jusqu’à 50 000 cas, ce qui en fait le pays le plus touché au monde.

« Les morsures de serpent sont un problème majeur dans cette région, notamment parmi les populations les plus pauvres », a dit M. Williams.

Il est difficile d’établir des chiffres exacts pour l’Asie, car de nombreuses morsures ne sont jamais signalées. « Les personnes les plus touchées par les morsures de serpent sont les agriculteurs pauvres des milieux ruraux. Ils n’ont souvent pas accès aux établissements de santé nationaux ou n’ont pas les moyens de s’y rendre et se tournent donc vers les guérisseurs locaux non officiels », a dit M. Williams.

Risques du métier

Sombat Kaewsaeng, jardinier de 45 ans, était en train de couper de l’herbe dans le centre de Bangkok, où il vit et travaille, lorsqu’il a tout à coup ressenti une vive douleur sur le dessus de son pied droit.

« J’ai d’abord pensé que ça devait être un insecte ou quelque chose comme ça, mais j’ai vu quelque chose s’enfuir dans l’herbe en rampant. J’ai baissé les yeux et j’ai vu deux marques de crochets d’un demi-centimètre de profondeur sur le dessus de mon pied », a-t-il dit.

M. Kaewsaeng, qui ne travaille qu’en sandales, a pris une corde pour se faire un garrot au genou et s’est immédiatement rendu à l’hôpital.

« J’ai vu à la télévision que c’est ce qu’il faut faire quand on se fait mordre », a-t-il expliqué. « Dès que je suis arrivé à l’hôpital [30 minutes plus tard], ils ont tout de suite diagnostiqué, à mon grand soulagement, que ce n’était pas [une morsure de serpent] venimeux ».

Les jardiniers, les travailleurs agricoles et les dresseurs de serpents – c’est-à-dire ceux qui sont les plus susceptibles d’envahir l’habitat des serpents – sont plus à risque de se faire mordre. À tel point que l’OMS considère les morsures de serpent comme un « risque professionnel ».

« Les serpents ne mordent que lorsqu’ils ont peur », a dit Montri Chiobamroonkiat, responsable de la « ferme de serpents », un centre collaborateur de l’OMS pour la toxicologie et la recherche sur les serpents venimeux. Le centre fait partie du Queen Saovabha Memorial Institute (QSMI), situé à Bangkok.

Le QSMI, la première unité de recherche sur la toxicologie des serpents en Thaïlande, organise des conférences annuelles avec des professionnels de la santé dans l’ensemble du pays et produit environ 100 000 doses de traitement anti-venin par an.

Problème saisonnier

Le nombre de décès dus aux morsures de serpent augmente considérablement pendant et après la mousson, lorsque l’activité agricole est la plus soutenue.

Une hausse marquée du nombre de victimes de morsures de serpent est généralement signalée en Inde, au Bangladesh et au Myanmar après d’importantes inondations, lorsque de nombreux ouvriers reconstruisent les routes ou creusent des canaux d’irrigation.

Les organisations humanitaires ont fait part d’une augmentation spectaculaire du nombre de victimes de morsures de serpents l’année qui a suivi le passage du cyclone Nargis au Myanmar.

Selon les experts, les pays doivent produire des anti-venins et organiser des formations pour enseigner aux employés des services de santé à soigner les morsures de serpent. Ils pourront ainsi réduire le nombre de personnes tuées ou rendues invalides chaque année à cause d’une morsure de serpent.

« Avant, la principale difficulté consistait à obtenir un diagnostic correct [venimeux ou non], mais maintenant, la région doit fournir des anti-venins », a dit Suchai Suteparuk, directeur adjoint de la ferme de serpents du QSMI.

M. Williams a souligné les disparités régionales dans la lutte contre les morsures de serpent.

En Thaïlande, moins de 10 personnes sur les 10 000 mordues chaque année trouvent la mort. Au Myanmar voisin, les morsures de serpent font entre 500 et 1 000 victimes par année pour un nombre équivalent de personnes mordues.

La situation s’est aggravée au point que le ministère birman de la Santé a mis en place, en 2010, un programme quinquennal prévoyant des objectifs annuels de réduction des morsures de serpent.

En attendant, même un institut de recherche comme celui de Bangkok ne peut protéger les jardiniers comme Sombat. « Désormais, je ferai plus attention en travaillant. Maintenant, j’ai bien plus peur quand je travaille dans le jardin », a-t-il dit.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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