« Nous parlons de fermiers qui ont perdu 100 pour cent de leurs récoltes », a averti Saïd Hounkponou, responsable de l’ONG béninoise Initiatives pour un Développement Intégré Durable (IDID). « Quand vous avez des champs de maïs, de manioc et d’autres cultures inondés à ce point, il ne reste plus rien à récolter ».
Jacques Djima Bonou, secrétaire général de la Fédération des Unions de Producteurs de Bénin (FUPRO), a dit que la dernière assemblée de la FUPRO à Bohican avait recensé les pertes individuelles des fermiers. « Bien sûr il y a eu des inondations dans le passé, mais rien de semblable à ce qu’ont subi les fermiers cette année », a dit M. Bonou à IRIN.
« Dans le nord, il y a des centaines de champs de maïs qui sont perdus ainsi que des centaines de champs d’ignames. La culture du coton a également été gravement endommagée. Les pluies continuent et il est trop tôt pour dire combien a été perdu ».
M. Hounkponou a dit que l’ampleur de l’inondation avait totalement pris les communautés au dépourvu, même dans des régions ayant depuis longtemps l’habitude de devoir gérer des inondations. « Prenez par exemple la vallée du fleuve Ouémé. Là, les gens ont l’habitude que le fleuve déborde puis redescende, et ils y adaptent leurs techniques de plantation. Mais cette année l’inondation était beaucoup plus importante et leurs champs ont été détruits ».
M. Hounkponou a averti que le secteur de l’agriculture au Bénin souffrirait de l’impact de ces inondations en 2011. « En avril, nous pourrions nous apercevoir que les producteurs n’ont pas de semences pour la prochaine saison des semailles. Il faut fournir des semences. Sinon, cela sera une catastrophe ». Ce point de vue est partagé par la FUPRO, M. Bonou demandant maintenant une aide alimentaire d’urgence pour les communautés touchées. « La sécurité alimentaire va constituer un vrai problème », a dit M. Bonou à IRIN.
L’agriculture représente 88 pour cent des revenus à l’exportation du Bénin et emploie 70 pour cent de la main d’œuvre du pays, selon le Centre de recherches pour le développement international canadien (IDRC), un partenaire de l’IDID. Le coton reste, et de loin, la culture de rente la plus lucrative, représentant 40 pour cent du produit intérieur brut, bien qu’il existe une culture intensive du maïs, de l’igname, du sorgho, des haricots, du manioc et d’autres cultures.
Il existe depuis longtemps des inquiétudes concernant la dégradation de la terre, les niveaux élevés de déforestation, les mauvaises conditions de conservation pour les produits et une dépendance vis-à-vis des méthodes traditionnelles d’agriculture. Mais le gouvernement du président Yayi Boni a été salué pour avoir essayé de rendre le secteur agricole du Bénin plus productif et durable, soulignant le besoin d’un investissement plus soutenu, poussant pour une approche plus mécanisée de l’agriculture et essayant de transformer une industrie du coton sous-performante.
Fermiers sidérés
« Quand vous avez des champs de maïs, de manioc et d’autres cultures inondés à ce point, il ne reste plus rien à récolter » |
« Nous devrions être actuellement dans la saison sèche à travers l’ensemble du Bénin, mais il pleut toujours », a dit M. Hounkponou. M. Bonou a dit que les fermiers étaient sidérés par l’ampleur des inondations de cette année, qui ont frappé 55 des 77 communes du Bénin, du nord au sud, touchant même des zones qui étaient considérées auparavant comme étant à l’abri.
Depuis 2007, l’IDID et d’autres organisations ont été largement impliquées dans des campagnes d’information destinées à attirer l’attention des fermiers sur le besoin de mesures préventives et de protection pour faire face au changement climatique. Mais M. Hounkponou a reconnu que les leçons transmises à chacun, même bien appliquées, ne pouvaient pas protéger les fermiers des ravages observés cette année. « Il n’y a pas eu d’anticipation », a dit M. Hounkponou. « Les services météorologiques, les systèmes d’alerte précoce, ils n’ont tout simplement pas fonctionné ».
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