1. Accueil
  2. Asia
  3. Pakistan

Sensibiliser la population aux dangers de la consommation d’eau non potable

A girl suffers from acute water diarrhoea in Punjab. Diarrhoeal diseases are of particular concern for people affected by the floods due to limited access to safe drinking water and disrupted sanitation systems WHO/Syed Haider
Cette jeune fille est soignée pour de graves problèmes gastriques
Dans un village du district de Rajanpur, dans le sud du Pendjab, un des habitants, un saint homme que l’on croit investi de pouvoirs mystiques (‘pir’), est fréquemment sollicité pour psalmodier des vers religieux au-dessus de contenants d’eau pour la purifier. Ces-jours-ci, ses services sont très en demande.

« Nous savons que l’eau est responsable de certaines maladies – mais l’eau qui a été purifiée par des extraits du Saint Coran ne peut pas nous rendre malades », a dit Farkhanda Bibi, 65 ans. Comme de nombreuses autres victimes des inondations, elle a souffert de diarrhées sévères et s’en est remise. Elle cherche maintenant à faire en sorte que sa famille élargie n’ait pas de problèmes de santé.

Ailleurs au Sud-Pendjab, dans les zones affectées par les inondations, on peut voir des gens qui filtrent l’eau à l’aide d’un fin tissu de mousseline, convaincus qu’ils peuvent ensuite la boire sans problème. Bien que le pire soit apparemment passé dans cette zone, de nombreux villages sont toujours envahis par plusieurs pieds d’eau, et celle-ci contamine les sources existantes.

« J’ai acheté du tissu fin pour filtrer l’eau. Nous savons qu’on peut la faire bouillir, mais le combustible est si cher que nous ne pouvons pas nous permettre d’utiliser un poêle pendant tout le temps requis pour faire bouillir les grandes quantités d’eau que nous consommons en été », a dit Dawood Ahmed, 50 ans, père de quatre enfants. « D’ailleurs, nous n’avons pas de réfrigérateur, alors comment pourrions-nous la refroidir ? Nous n’avons pas non plus accès à de la glace », a-t-il ajouté.

Paul Garwood, chargé de communications pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a dit à IRIN que 4,4 millions de personnes avaient reçu des soins de santé (13 pour cent pour des diarrhées aigües) entre le 29 juillet et le 30 août.

« Les mesures pour répondre aux maladies hydriques comprennent notamment l’établissement de centres de traitement de la diarrhée dans les zones affectées du pays, la distribution de matériel pour traiter 135 000 personnes atteintes de diarrhée et les efforts pour régler les problèmes d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène », a indiqué M. Garwood.

Mais comment y arriver ? « Des comprimés de chlore ont été distribués aux habitants, mais plusieurs d’entre eux refusent de les utiliser parce qu’il n’aime pas le goût qu’ils donnent à l’eau. Ils préfèrent simplement filtrer l’eau, réciter eux-mêmes quelques paroles religieuses ou demander à un saint homme de le faire. Certains hommes religieux peu éduqués contribuent même à entretenir de telles superstitions », a dit Ayaz Ali, un praticien qui voit de plus en plus de cas de maladies hydriques.

Le rôle des chefs de prières

« Le fait de réciter des paroles religieuses au-dessus de l’eau ne sert à rien. Pour prévenir les maladies, l’eau doit être purifiée. Les chefs de prières des mosquées locales devraient être impliqués dans le processus de sensibilisation », a dit à IRIN le mufti Muneebur Rehman, un haut dignitaire religieux qui habite Karachi et dirige le Comité national d’observation de la lune.

Selon lui, le gouvernement doit s’assurer que la population a accès à de l’eau potable.

Mais dans un contexte où les déchets animaux et les eaux usées se mêlent à l’eau stagnante des inondations, et où les tuyaux qui amènent l’eau potable sont brisés, cela est plus facile à dire qu’à faire.

« Obtenir de l’eau potable est notre plus gros problème », a dit Riaz Uddin, un commerçant de 40 ans.

Plusieurs solutions ont été proposées.

Khurshid Bhatti, PDG de l’Association for Humanitarian Development, une organisation non gouvernementale (ONG) basée à Sindh, a dit à IRIN: « Nous avons fabriqué un filtre à eau bon marché en utilisant deux vases d’argile qui filtrent l’eau et peuvent servir à purifier jusqu’à 15 litres d’eau par jour. Dans les circonstances actuelles, il n’existe pas de meilleure solution ». Il a ajouté que le filtre était utilisé depuis trois ans à Sindh.

Atiqur Rahman, chef des bureaux pakistanais de l’ONG japonaise Urban Development and Environmental Research Centre, suggère d’utiliser « du sable ou un tissu pour filtrer l’eau et d’ensuite la faire bouillir ».

Selon Mumtaz Ali Memon, chargé des interventions d’urgence auprès de la Fondation al-Khidmat, l’organisation caritative installe des pompes manuelles permettant d’accéder à la nappe phréatique dans les zones touchées par les inondations, « mais cela ne règle pas entièrement le problème ».

Les solutions idéales sont rares, ce qui explique pourquoi certains ont recours aux superstitions pour obtenir de l’eau potable. « Il faut sensibiliser la population. Le fait de réciter une prière au-dessus de l’eau ne permet pas de la purifier. Les hommes religieux locaux peuvent contribuer à sensibiliser les gens, notamment dans les régions rurales où ils sont très influents », a dit à IRIN Khalid Zaheer, un haut dignitaire religieux de Lahore.

kh/at/cb/oa/gd/np

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join