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Les tensions foncières ne s’atténuent pas

Norwah Kollie, who fled her village in Bong County during the war and never returned. All but her in the village were killed Rosie Collyer/IRIN
Depuis la fin de la guerre civile, en 2003, le retour des réfugiés, la croissance démographique et les conflits fonciers vieux de 25 ans se sont combinés et ont fait au moins 250 victimes au Libéria, selon des ONG. Les principaux réformistes s’inquiètent du fait que les mécanismes appropriés pour gérer les droits de propriété ne sont pas encore en place.

Les derniers affrontements importants ont eu lieu en 2008 sur la frontière entre les comtés de Grand Bassa et de Margibi. Ils ont entraîné la mort de 15 personnes. Depuis, des conflits fonciers à plus petite échelle ont fait d’autres victimes.

Des milliers de Libériens qui avaient fui le pays pendant la guerre sont revenus au cours des dernières années et ont trouvé leur terre occupée par d’autres, a indiqué Franklin Gonlepa, assistant du projet d’enregistrement des terres du Conseil norvégien pour les réfugiés [NRC], une ONG qui offre un service de médiation pour les conflits fonciers.

La plupart d’entre eux ont perdu leur titre de propriété pendant la guerre ou n’avaient qu’un accord « verbal » traditionnel qui a été rompu depuis.

Au Libéria, la propriété relève de la Common Law, qui exige que le propriétaire soit en possession d’un titre de propriété. Mais il existe aussi un système parallèle fondé sur la loi traditionnelle et l’accord verbal. La plupart des Libériens sont habitués à la loi traditionnelle et considèrent la Common Law comme un système imposé par le gouvernement central de Monrovia, a dit M. Gonlepa à IRIN.

Selon le NRC, les frais de justice des revendications foncières sont trop élevés pour nombre des réfugiés qui rentrent chez eux.

Avec le soutien de bailleurs de fonds internationaux tels que la Banque mondiale, le gouvernement a établi, en 2009, une commission pour gérer les conflits liés à la vente de terres, garantir la sécurité foncière et moderniser la législation dans ce domaine. Malgré les progrès réalisés, certains estiment que des efforts supplémentaires seront nécessaires dans chaque village.

C’est là qu’intervient le NRC. L’organisation sert actuellement de médiateur pour plus de 300 revendications foncières dans le comté de Bong, dans le centre-nord du pays, et participe à d’autres projets dans les comtés de Nimba, de Margibi, de Montserrado et de Lofa.

À la recherche d’un compromis

D’après le NRC, les habitants du village de Gweyea et de la ville voisine de Voloblai, dans le comté de Bong, sont en conflit depuis de nombreuses années.

Les tensions remontent aux années 1940, lorsque les villageois de Gweyea ont affirmé qu’une haie d’arbres marquait la limite entre les deux communautés. Les habitants de Voloblai soutenaient quant à eux que les deux communautés étaient séparées par un ruisseau.

En 1994, pendant la guerre, tous les habitants de Gweyea ont été tués à l’exception d’une femme. Les résidents de Voloblai se sont donc progressivement installés sur leurs terres. Lorsque les proches des victimes de Gweyea ont commencé à revenir et à réclamer les terres, des tensions sont apparues.

« La terre est un sujet qui soulève les passions... Au Libéria, les gens sont prêts à tuer pour elle. En offrant des services de médiation, une aide juridique et l’arpentage des terres, nous avons réussi à empêcher les effusions de sang », a dit M. Gonlepa, du NRC.

L’organisation a discuté avec les chefs et les membres du conseil de chacun des villages en vue de négocier un accord de compromis.

« Nous n’avions pas de carte de cette zone avant », a dit Camue Tokpah Nyamah, un représentant de la communauté de Gweyea. « Le NRC a dessiné une carte et une frontière a été fixée entre les deux villages en fonction de ce que les deux communautés ont dit ».

Compensations

En 2009, la présidente Ellen Johnson-Sirleaf a annoncé que le gouvernement mettrait sur pied un fonds pour indemniser les réfugiés qui, à leur retour au pays, sont obligés de s’établir ailleurs. Mais nombre d’entre eux préfèrent se lancer dans des batailles juridiques pour récupérer leurs terres. Le problème, c’est qu’ils ne peuvent se le permettre.

C’est pourquoi le NRC offre une aide juridique gratuite à ceux qui en font la demande.

« J’ai été paralysé pendant la guerre », a dit à IRIN le fermier James Gontay. « Lorsque je suis revenu de la Guinée, il y a trois ans, j’ai acheté une terre à Gbarnga [capitale du comté de Bong]. J’ai découvert plus tard que la personne qui me l’avait vendue n’était pas propriétaire. Comme je n’ai aucun moyen de subvenir à mes besoins dans cet état, je ne pouvais pas payer les frais de justice ».

Le NRC a approché le nouveau propriétaire, qui a fini par renoncer à la terre contre les 250 dollars que proposait M. Gontay.

Trop effrayés

Ce n’est pas tout le monde qui souhaite revenir. De nombreux Libériens ont trop peur pour rentrer chez eux. Le souvenir des violences auxquelles ils ont assisté est encore trop vif et la plupart de leurs confrères sont morts ou ont refait leur vie ailleurs.

Pendant et après la guerre civile, des centaines de milliers de Libériens sont venus s’installer à Monrovia. La capitale accueille désormais la moitié de la population du pays. Le surpeuplement entraîne l’engorgement des services publics et donne lieu à des tensions pour le contrôle des espaces urbains, ont indiqué les autorités.

Norwah Kollie vit maintenant à Gbarnga. Pour la première fois depuis 15 ans, elle est retournée à Gweyea en mai 2010 pour raconter son histoire. Elle est la seule survivante d’une attaque à la machette contre tous les habitants du village et a hérité d’un tiers des terres de son mari après la mort de celui-ci.

D’après le NRC, le droit coutumier ne protège pas complètement les femmes dans les conflits fonciers. En effet, il ne leur accorde pas les mêmes droits sur la terre.

« [Le lot] est trop petit pour que je puisse en vivre, c’est pourquoi je l’ai donné à mes fils. Comme il n’y a pas d’argent pour me construire une nouvelle maison ici, je vis maintenant en ville. Là-bas au moins, je ne vois pas la tombe de mon mari chaque jour », a dit Mme Kollie à IRIN.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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