Les hommes armés, âgés de 13 à 18 ans, ordonnent au personnel d’IR de sortir de la voiture. Un camion du Programme alimentaire mondial (PAM) apparaît au loin. Venant dans la même direction, il est aussi arrêté par les hommes. Les deux véhicules sont saisis, mais le personnel est relâché.
Cet incident, qui a eu lieu le 17 avril, est le plus récent d’une série d’attaques de véhicules dans le gouvernorat d’Amran, au nord de Sanaa, et a conduit les agences des Nations Unies à suspendre l’aide humanitaire pendant 10 jours. Des incidents reportés précédemment auraient touché Médecins sans Frontières (MSF), Oxfam et Save the Children.
De longs tronçons d’Amran Road sont déserts, et les travailleurs humanitaires se retrouvent souvent pris entre des tribus exprimant des revendications et les forces du gouvernement.
Cette zone a la réputation d’être régie par la loi tribale et dominée par les armes. De nombreuses agences ont été affectées par des incidents tels que des attaques de véhicules, des balles perdues ou même des enlèvements, qui ont non seulement pour conséquence de rendre les voyages dangereux, mais aussi de perturber l’aide aux personnes déplacées à Amran.
« Les tribus font cela essentiellement pour faire passer un message au gouvernement », a dit Ahmed al-Kohlani, un haut responsable du gouvernement en charge des camps de déplacés. « Et cela devient un problème pour les déplacés, qui sont directement affectés ».
Enlèvements
Selon les traditions tribales yéménites, les enlèvements sont depuis longtemps un moyen pour les tribus de négocier avec le gouvernement de Sanaa. La plupart des cas d’enlèvements sont résolus rapidement et en général, ils ne font aucun blessé.
« Nous comprenons que les attaques de véhicules ne nous visent pas directement en tant que personnel humanitaire, mais il s’agit de situations dangereuses impliquant des armes, et [des personnes] sont susceptibles d’être blessées », a dit Andrew Moore, directeur pays de Save the Children. « Cela pourrait finir par mal tourner ».
« Les problèmes de sécurité limitent notre travail en termes de nombre de personnes touchées et d’efficacité du travail », a dit El Tayeb Musa, directeur pays d’Oxfam.
La décision de suspendre l’aide humanitaire à Amran a eu un effet direct sur les déplacés du gouvernorat. « Cela freine notre travail et notre [capacité d’accès], et au bout du compte, [cela entrave] le développement de la région », a dit Khalid Ahmed Almulad, directeur pays d’IR. D’après lui, jusqu’à 56 000 personnes pourraient avoir été affectées par la suspension de l’aide des Nations Unies.
Autres incidents
D’autres incidents ont été signalés récemment, parmi lesquels une fusillade qui a eu lieu devant un bureau des Nations Unies à Amran le 25 janvier. « Une balle a touché la grille du bureau et un véhicule du PAM garé à l’intérieur », a dit Marie Marullaz, en charge des relations publiques au Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
La fusillade, a-t-elle expliqué, était le résultat d’un conflit avec les autorités locales au sujet d’un projet d’aménagement hydraulique, mais elle a entraîné la fermeture du bureau des Nations Unies pendant cinq jours.
De même, le 7 mars, dans le village d’al-Khublan, des hommes armés ont tiré sur un camion du Fonds des Nations Unies pour l’enfance transportant 245 filtres à eau destinés aux déplacés du camp de Khaiwan, dans le gouvernorat d’Amran, et l’ont détourné.
Escortes armées
Afin d’éviter de tels incidents, les Nations Unies ont recours à des escortes armées lors des déplacements de leurs employés. « Cela fait partie des règles de sécurité qui visent à garantir la sécurité de leur personnel », a dit Mme Marullaz. « L’objectif des [escortes armées] est d’éviter tout pillage et de garantir que l’aide humanitaire atteigne tous ceux qui en ont besoin ».
Cependant, de nombreuses ONG n’apprécient pas les escortes armées. « Cela [ne relève pas de] notre mandat », a dit M. Almulad, d’IR. « Dans certains cas, nous avons l’impression que cela peut même rendre la situation encore plus dangereuse ».
Au lieu d’avoir recours à ces escortes, beaucoup d’ONG adoptent une approche plus globale. IR met actuellement en œuvre un projet de transformation des conflits et de pacification, dont l’un des objectifs est de former les tribus aux techniques de la négociation. « Nous comprenons que les tribus ont des revendications authentiques, mais elles doivent [les exprimer] de façon appropriée », a dit M. Almulad.
En collaboration avec Save the Children, IR a mis en place une stratégie communautaire. « L’approche doit être de travailler avec les tribus », a dit M. Moore, de Save the Children. « [Notre stratégie est] de travailler avec les tribus, qui garantissent ensuite notre sécurité ».
En retour, certaines ONG offrent leur assistance aux tribus. « Nous avons fait le choix stratégique d’apporter une aide à long terme aux communautés hôtes, sous la forme de [services de] santé, de nutrition et d’éducation », a dit M. Moore. « De cette façon, nous parvenons à créer un lien, à stimuler et à développer nos activités ».
Dans l’ensemble, la plupart des ONG et des agences des Nations Unies ont dit que la responsabilité finale de la sécurité sur le terrain incombait au gouvernement. Faisant référence à l’incident du 17 avril, M. al-Kohlani, du gouvernement, a averti : « Si cela se reproduit, le gouvernement interviendra, enverra des soldats et commencera à mettre en place davantage de postes de contrôle ».
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