De toute évidence, cette maladie, qui attaquait des individus en parfaite santé, n’avait rien d’ordinaire. Les patients, et les travailleurs de la santé qui s’occupaient d’eux y succombaient les uns après les autres, tandis que les épidémiologistes luttaient contre la montre pour en déterminer la cause.
« Nous étions paniqués », a raconté Nguyen Trung Cap, qui travaillait pour l’Institut national des maladies tropicales et infectieuses d’Hanoï lorsque le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a frappé le Vietnam en 2003.
« Nous ne savions pas si nous allions nous réveiller le matin suivant et trouver les gens en vie ».
Mais le Vietnam a survécu au SRAS, et même aux autres maladies destructrices qui l’ont suivi.
En 2004, la grippe aviaire est apparue, frappant le pays avec virulence.
Le 21 avril, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 60 personnes avaient succombé à la grippe aviaire au Vietnam, deuxième bilan humain le plus lourd du virus H5N1 au monde, derrière l’Indonésie.
Lorsque la grippe H1N1 est apparue l’année dernière, le Vietnam a été une nouvelle fois touché. Mais cette fois-ci, le pays s’y était préparé, selon les autorités.
L’identification précoce et les mesures de quarantaine ont permis de limiter la propagation du H1N1, d’après les autorités, réduisant ainsi le nombre de personnes infectées.
Surveillance des maladies
« Maintenant, c’est différent... Nous comprenons mieux ces maladies et nous nous préparons activement à y faire face » |
Le Vietnam compte actuellement 15 unités de surveillance sentinelles, où sont analysés les échantillons d’expectorations des patients soupçonnés d’avoir contracté la grippe, ce qui permet aux autorités sanitaires de détecter et de suivre la maladie.
Les laboratoires fonctionnent 24 heures sur 24, si nécessaire, un des systèmes les plus développés au monde.
« Nous avons des équipes d’investigation et d’intervention rapides », a indiqué Nguyen Tran Hien, directeur de l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie du Vietnam.
« Si une nouvelle maladie apparaît, nous pouvons envoyer nos équipes prélever un échantillon et mener une enquête. Une intervention rapide permet une maîtrise précoce ».
Les responsables présents à la Conférence ministérielle internationale sur la grippe animale et la grippe pandémique, organisée à Hanoï cette semaine, ont averti que les pays devaient rester ainsi sur le pied de guerre face aux maladies émergentes, afin de prévenir les pandémies.
« La nécessité de contenir les maladies existantes et d’empêcher que de nouveaux pathogènes ne passent d’une espèce à l’autre va vraisemblablement augmenter à mesure que notre environnement change et que les populations humaine et animale continuent de croître », a déclaré David Nabarro, coordinateur principal du système des Nations Unies pour la grippe, dans un message vidéo, diffusé au cours de la conférence.
Selon un rapport préliminaire, préparé par les Nations Unies et la Banque mondiale en vue de la conférence, d’importants progrès ont été accomplis dans le monde, depuis 2005, dans le domaine de la prévention et de la préparation des pandémies.
Pas de place pour la complaisance
Mais la complaisance, qui s’est accrue lorsque le H1N1 s’est avéré moins virulent qu’on le croyait dans les premiers temps, menace de compromettre ces accomplissements.
Photo: Martha Ann Overland/IRIN |
59 personnes ont succombé à la grippe aviaire au Vietnam |
Le Minh Khanh, directeur adjoint des Services de santé animale de la province de Tien Giang, dans le sud du Vietnam, a admis que les aviculteurs commençaient à se montrer négligents face à la grippe aviaire, aucune épidémie n’ayant frappé la province depuis deux ans.
« Les fermiers ne coopèrent plus avec nous », a expliqué M. Khanh, notant que seuls 60 pour cent des troupeaux de volailles avaient été vaccinés cette année. « Ils pensent que la vaccination n’est pas importante ».
La grippe aviaire a en grande partie été contenue, mais elle reste active dans au moins cinq pays, où des dizaines de millions de volailles sont élevées, nombre d’entre elles dans des fermes familiales, selon les autorités sanitaires. Or, de nombreux habitants vivant à proximité immédiate des volailles et des porcs, les risques de transmission des virus à l’homme sont plus importants. Les scientifiques craignent même l’apparition d’une mutation plus mortelle du virus.
Aujourd’hui, néanmoins, si le Vietnam devait être frappé par une nouvelle maladie infectieuse, M. Cap de l’Institut national des maladies tropicales et infectieuses du Vietnam pense que le pays est prêt à y faire face.
« Maintenant, c’est différent », a-t-il dit. « Nous comprenons mieux ces maladies et nous nous préparons activement à y faire face. Aujourd’hui, nous sommes bien équipés : nous disposons de bonnes structures et de personnel qualifié. Nous comprenons que le danger est là et, en tant que médecins, nous sommes prêts ».
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