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Boire le brouillard

Efforts to harvest water from fog dates back to 1901 in South Africa Duncan Evans/Cloud Water Concepts
Une bonne vieille technologie, datant d’il y a un siècle, permet d’obtenir de l’eau salubre à moindre coût
Gcinikaya Mpumza, maire d’une petite municipalité perchée sur les hauteurs du Drakensberg, un massif montagneux d’Afrique du Sud, s’est trouvé confronté à un problème de taille : plus de la moitié de ses administrés n’avaient pas accès à l’eau. Pour des raisons financières.

« Nous sommes une municipalité rurale aux revenus insuffisants, et fournir de l’eau selon des systèmes conventionnels [eau courante] coûte beaucoup d’argent dans la plupart des zones », a-t-il dit à IRIN.

Et puis un jour, M. Mpumza est tombé par hasard sur un article traitant du captage de l'eau de brouillard, publié par le professeur Jana Olivier, climatologue à la School of Agriculture and Environmental Sciences de l’Université d’Afrique du Sud.

Le professeur Olivier a passé 20 ans à mener des recherches sur le captage de l’eau de brouillard, une pratique qui, après avoir vu le jour en Afrique du Sud, en 1901, est désormais employée dans de nombreuses régions montagneuses de par le monde, a-t-elle dit.

La procédure est simple : un filet à mailles fines est tendu entre deux poteaux, perpendiculairement à la direction du vent, afin de piéger et de condenser les gouttelettes d’eau qui proviennent du brouillard. L’eau coule ensuite dans une gouttière ou un conduit situé au bas du panneau, où elle est recueillie et stockée.

M. Mpumza a contacté le professeur Olivier. En mars 2010, la municipalité a consacré un budget de 300 000 rands (environ 41 000 dollars) au lancement d’un projet en partenariat avec l’université, et les 180 habitants du village de Cabazane ont désormais accès à 40 000 litres d’eau salubre obtenus par captage de brouillard et stockés dans des réservoirs ; ils ne sont ainsi plus obligés de parcourir deux kilomètres à pied pour se rendre au ruisseau le plus proche.

Encouragé par les résultats du projet de Cabazane, M. Mpumza a budgétisé un million de rands (environ 137 300 dollars), a-t-il expliqué, pour que quatre autres villages et une ville de la municipalité dont il est le maire puissent également bénéficier du captage de brouillard. Un système conventionnel de canalisations d’eau aurait coûté au moins 40 millions de rands (environ 5,4 millions de dollars).

« Environ 98 pour cent de notre eau est déjà affectée, ce qui ne nous laisse que deux pour cent de marge de manœuvre »
L’Afrique du Sud a accompli de formidables avancées dans le domaine de l’approvisionnement en eau depuis 1994 : à l’époque, seuls 61,7 pour cent des ménages avaient accès à des services élémentaires d’approvisionnement en eau, selon le site Internet du gouvernement ; 87,2 pour cent des ménages y avaient accès en 2007.

Un avenir sombre

Mais y aura-t-il assez d’eau à l’avenir ? L’Afrique du Sud est un pays semi-aride, où les précipitations « sont disproportionnellement réparties dans l’ensemble du pays » : elles sont bien plus faibles dans le nord et l’ouest que dans le sud et l’est. « La quantité d’eau à disposition aujourd’hui et à l’avenir dépend largement du climat, de l’usage de l’eau, et des pratiques de gestion et d’exploitation des terres », peut-on lire sur le site web.

Wandile Nomquphu est directeur de recherches à la Commission de recherche sur l’eau, formée en 1971 après une période de graves pénuries pour examiner la qualité et la quantité des ressources du pays en eau ; selon lui, la situation est peu réjouissante.

L’Afrique du Sud compte parmi les 30 principaux pays du monde où les ressources en eau sont rares, et 60 pour cent de son territoire est semi-aride. « Environ 98 pour cent de notre eau est déjà allouée, ce qui ne nous laisse que deux pour cent de marge de manœuvre », a-t-il commenté.

En outre, le pays n’a pas assez de ressources en eau pour attirer les investissements industriels dont il aurait besoin pour produire le taux de croissance économique de six pour cent nécessaire pour réduire le chômage. Sur son site Internet, le gouvernement note que « l’eau douce est la plus restrictive de nos ressources naturelles ».

L’une des principales sociétés industrielles du pays consomme autant d’eau que la ville du Cap, qui compte environ quatre millions d’habitants, a noté M. Nomquphu.

Pour faire face au problème, le gouvernement envisage d’exploiter les eaux de l’Umzimvubu dans la province du Cap-Oriental, le seul fleuve d’Afrique du Sud n’ayant pas encore été équipé d'un barrage, a dit M. Nomquphu, notant que « les sources d’eau alternatives, telles que le brouillard, ont un gros potentiel ». L’Afrique du Sud n’a pas encore mené de recherches pour déterminer la quantité d’eau souterraine dont elle dispose, mais « nous espérons bientôt cartographier ces ressources ».

Les prévisions relatives au changement climatique laissent présager un avenir peu brillant et sans eau pour l’Afrique du Sud. « Mais ces prédictions reposent sur des modèles globaux », a noté M. Nomquphu. « Nous ne savons pas dans quelle mesure ces prévisions sont exactes, car elles n’ont pas été adaptées à l’échelle des pays ou des régions ».

jk/he/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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