Se rendre aux toilettes du site est également risqué, en particulier la nuit, car il n’y a pas d’éclairage et certaines latrines sont isolées.
« Nous n’avons pas encore atteint un niveau d’organisation qui respecte les droits des femmes », a dit à IRIN Smith Maximé, du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en Haïti.
« Nous avons enregistré des cas de viols qui ont eu lieu lorsque les femmes étaient dans les latrines. Quand les toilettes ne sont pas sécurisées – comme c’est le cas dans de nombreux camps – les femmes y sont souvent attaquées », a-t-il ajouté.
« Nous ne sommes pas en sécurité ici », a dit à IRIN une femme du camp Jean-Marie Vincent, tenant son bébé de deux mois dans les bras. « Trois hommes m’ont attaquée alors que je marchais vers une latrine. Ils ont couvert mon visage et ma bouche et m’ont violée. » Au départ, elle n’a rien dit, mais sa douleur était si intense qu’au bout de trois jours, elle en a parlé à des proches.
Le fait que les normes minimales pour les interventions en cas de catastrophes ne soient pas respectées « suscite de graves inquiétudes concernant la sécurité, l’intimité et la dignité », d’après le Groupe de travail sur le genre et les interventions humanitaires*.
« Le renforcement des éclairages autour de ces latrines devrait être une priorité immédiate afin d’assurer la sécurité des femmes et des filles qui utilisent les installations sanitaires pendant la nuit », a dit le Groupe dans un communiqué publié à la fin du mois de février.
D’après le Groupe, « une attention plus grande devrait être portée à la mise en place d’installations réservées et privées pour la toilette des femmes, afin de réduire leur vulnérabilité actuelle à la violence sexuelle. Même si de nombreuses femmes et filles se lavaient déjà en extérieur avant le tremblement de terre, la nature de bon nombre des camps de déplacés (surpeuplement, proximité avec des inconnus) crée de nouvelles vulnérabilités à la violence et à l’exploitation, en particulier la nuit, qui n’existaient pas nécessairement auparavant ».
Surpeuplement et obscurité
Le surpeuplement et le manque d’éclairage dans les camps contribuent au problème. Dans beaucoup de camps, il n’y a pas d’espace entre les tentes. Les organisations humanitaires et le gouvernement prévoient de déplacer des résidents de 21 des sites les plus congestionnés, en les invitant à se rendre soit chez eux, soit dans des familles d’accueil, soit sur des terrains récemment alloués par les autorités. Parallèlement à cela, les organisations humanitaires mettent en place des mesures de sécurité, telles que l’installation d’éclairages dans les camps.
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Le surpeuplement de la plupart des camps augmente le risque de violence |
Le Comité permanent interorganisations (IASC), un groupe rassemblant des agences des Nations Unies et d’autres organisations, qui travaille depuis 1992 à l’harmonisation des meilleures pratiques humanitaires, stipule que les acteurs humanitaires doivent s’assurer que l’accès à l’eau et aux installations sanitaires est sécurisé, et que les latrines sont bien éclairées et peuvent être verrouillées de l’intérieur.
Gestion des camps
D’après Mme Ribeiro, un des autres problèmes majeurs est le manque d’agences de gestion des camps. A la date du 4 mars, seulement un cinquième des 400 camps de déplacés disposaient de telles agences, a-t-elle dit.
« Il faudrait que d’autres agences… prennent en charge la gestion des camps », a-t-elle dit à IRIN. « C’est la seule façon d’éviter que ce genre de choses se produisent. Parce que les services proposés [soins médicaux, rations alimentaires, eau], quelle que soit leur quantité, ne changeront rien à ce qui se passe quand le soleil est couché. »
Des groupes de surveillance communautaire se mettent en place dans de nombreux sites ; dans un rapport daté du 4 mars, OCHA observe que ces groupes auront besoin de formation afin de renforcer la protection des femmes et des filles.
L’UNFPA collabore avec les autorités et les ONG locales pour relancer un système de notification des cas de violence sexuelle. « Mais notre priorité immédiate est de diffuser les informations sur le soutien médical et psychosocial disponible, et de mettre au premier plan les droits et les choix du survivant », a dit à IRIN Lina Abirafeh, coordinatrice GBV (violence liée au genre) pour l’UNFPA en Haïti.
L’agence met au point une liste des hôpitaux et ONG (organisations non gouvernementales) proposant des soins médicaux et des services de conseil, qui sera distribuée dans les camps.
D’après les travailleurs humanitaires des Nations Unies, on ne dispose pas de statistiques exhaustives concernant les viols dans les camps, mais le viol et l’impunité sont depuis longtemps des phénomènes courants en Haïti, comme l’observe l’IASC. En 2008, Amnesty International avait rapporté des « niveaux choquants » de violence sexuelle envers les filles.
np/am/mw/il
* Ce groupe rassemble des représentants des sections Droits de l’homme et Genre de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti), de l’UNIFEM (Fonds de développement des Nations Unies pour la femme), de l’UNFPA, du Programme alimentaire mondial, de l’OIM, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, et de plusieurs ONG, dont l’International Rescue Committee, l’American Refugee Committee, et International Medical Corps.
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