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Regards sur l’avenir de l’humanitaire

A man in coastal Bagerhat District grieves for the lost of his loved ones in the wake of Cyclone Sidr, which struck Bangladesh in November 2007 Contributor/IRIN
Dans un futur assez proche — disons dans environ 15 ans, quand les conséquences du changement climatique pourraient avoir décuplé —, le jour pourrait venir où la communauté humanitaire aurait à fournir de l’eau et de la nourriture à des millions de personnes dans les régions d’Afrique touchées par la sécheresse, s'occuper des quelques centaines de milliers de victimes d'un cyclone en Asie et intervenir dans un autre « Haïti » — et tout cela en même temps.

« Pensez-vous que la communauté humanitaire serait capable de relever le défi ? » a demandé Randolph Kent, directeur du Programme pour de nouveaux horizons humanitaires du King's College de Londres et coauteur de Humanitarian Horizons: A Practitioners' Guide to the Future.

À condition qu'ils se réinventent. Mais le changement a déjà commencé et les visions qui prévalaient sur la façon dont les catastrophes ont lieu sont remises en question. « Les activités humanitaires ne sont plus limitées à une réponse immédiate et au relèvement post-conflit », remarque-t-on dans le guide.

Depuis quelque temps, la communauté humanitaire a essayé de se pencher sur les « “causes” et les “conséquences” des catastrophes. Cela a conduit à une augmentation du nombre d'interventions humanitaires qui ressemblent de plus en plus à des activités de développement traditionnelles ».

M. Kent et le coauteur du guide, Peter Walker, directeur du Centre international Feinstein de l'université Tufts, aux États-Unis, ont prédit l'avènement d'un « nouvel humanitarisme » dont le programme inclurait la gestion des affaires publiques, les moyens de subsistance, la sécurité, la protection sociale et d'autres activités liées au développement. Combattre la vulnérabilité deviendrait l'objectif principal.

Le guide prévoit également que les gouvernements des pays en développement, notamment ceux d'Asie, développeront davantage leurs programmes de protection sociale nationaux et chercheront un soutien illimité. M. Walker a dit que, dans ce contexte, les organisations humanitaires locales « se développeront et les organisations internationales devront probablement être plus disposées à laisser la direction des opérations à leurs branches ou leurs membres locaux ».

Paul Harvey, conseiller en aide humanitaire, a dit qu'il prévoyait la réémergence de la primauté de l'État dans la gestion des catastrophes. Il a remarqué qu'au fil des ans, l'apport d'aide humanitaire aux gouvernements des pays en développement avait été redirigé vers les organisations humanitaires, « mais que, récemment, les fonds ont commencé à affluer directement vers les gouvernements avec l'émergence de pays tels que l'Indonésie, l'Inde et la Chine, capables d'intervenir en cas de catastrophe naturelle ».

Il a été suggéré dans le guide qu'une nouvelle organisation humanitaire en trois parties pourrait apparaître, avec une première partie destinée à fournir une aide impartiale dans les zones de conflit et leurs environs, une deuxième se consacrant à l'aide au développement dans les régions du monde où la pauvreté est omniprésente mais où l'État est stable et une troisième se concentrant sur les États « fragiles », incertains, sujets aux catastrophes et soumis à des crises.

« En gros, je pense qu’en matière humanitaire, les Nations Unies doivent devenir un champion de la cause, un modérateur de coordination en ligne, un catalyseur d'innovations et un défenseur actif concernant les vulnérabilités futures et leurs solutions  »
Comment amorcer le changement


Que faudrait-il pour que les organisations humanitaires s'adaptent ? « Deux choses... la clé, c'est de prendre conscience du contexte et de déterminer ses actions en fonction des preuves et non des anecdotes », a dit M. Walker à IRIN.

« Pour être honnêtes, nous nous sommes trop préoccupés de rendre des compte et de respecter les exigences des contrats publics et des normes internes. Cela doit être équilibré avec une demande bien plus grande de données locales, ce qui signifie devoir transférer bien plus d'autorité sur le terrain », a-t-il dit.

« Deuxièmement, dans de nombreux endroits, comme avec le système de filet de sécurité en Éthiopie, les organisations humanitaires devront choisir entre être des acteurs d'urgence indépendants ou des fournisseurs de protection sociale à long terme qui travailleront en collaboration étroite avec les systèmes gouvernementaux. Ce n'est pas une question de bien ou de mal, les deux modèles sont légitimes, mais ils exigent des organisations bien différentes ».

M. Kent donne six conseils aux organisations humanitaires :

1) Mieux anticiper pour avoir besoin de moins de temps pour prévoir ;

2) Devenir plus adaptable et agile ;

3) Envisager de collaborer avec des scientifiques et des académiciens pour améliorer sa capacité d’analyse, élargir sa compréhension de la complexité des sociétés et des communautés et développer une nouvelle perspective des futurs scénarios possibles ;

4) Collaborer plus activement avec le secteur privé et l'armée. « L'armée passe 90 pour cent de son temps à faire des analyses stratégiques », a-t-il signalé ;

5) Se tenir au courant des innovations telles que Plumpy'nut, l'aliment thérapeutique prêt à l'emploi qui a révolutionné le traitement de la malnutrition grave chez les enfants ;

6) Conduire les projets de manière plus stratégique. M. Kent a dit que la communauté humanitaire était passée d'une approche « déterminée par la défense d'idées et la morale » à une approche « de plus en plus déterminée par le managérialisme » et qu'il était temps de revenir à la défense des idées et des projets.

Où est-ce que cela va mener les Nations Unies ? « En gros, je pense qu’en matière humanitaire, les Nations Unies doivent devenir un champion de la cause, un modérateur de coordination en ligne, un catalyseur d'innovations et un défenseur actif concernant les vulnérabilités futures et leurs solutions », a-t-il conclu.

jk/he/gd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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