« L’assurance va aider les éleveurs à gérer les énormes défis auxquels ils font face, en particulier la mortalité du bétail à cause des chocs relatifs au climat », a dit à IRIN Andrew Mude, un économiste de l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI). « L’assurance fondée sur l’index est une bonne chose pour gérer les risques causés par des échecs de productivité et les baisses causées par le manque de pluies ».
A la fin des deux saisons sèches de l’année, l’assurance de l’IBLI payera sur la base des pertes de bétail prévues – et non sur les pertes réelles-, un pourcentage calculé, avec l’aide du Projet de gestion des ressources des terres arides (Arid Lands Resource Management Project), en analysant les images satellites des pâturages et du fourrage disponibles.
Evaluer le troupeau
La prime d’assurance s’élèvera à 5,5 pour cent de la valeur du troupeau couvert dans les secteurs de Maikona et de North Horr dans le Haut Marsabit, et de 3,25 pour cent dans les secteurs Centre, Gadamoji, Laisamis, et Loyangalani dans le Bas Marsabit, où le risque est moins élevé.
Pour les besoins de cette assurance, les valeurs du bétail sont en Unités de Bétail Tropical (UBT), avec une UBT équivalant à une vache, ou 10 chèvres, ou 10 moutons, et 1,4 UBT par chameau. Pendant l’année du programme pilote, une UBT vaut 15 000 shillings kényans, soit environ 25 dollars.
Un des avantages de ce programme réside dans le fait que les demandes d’indemnisation n’ont pas besoin d’être vérifiées : quand les pâturages et le fourrage s’amenuisent au point où, selon les prévisions, au moins 15 pour cent du bétail va mourir, les paiements sont automatiques.
« C’est différent de toutes les autres assurances. Vous ne devez pas montrer votre bétail pour être assuré », a dit Umuro Roba Godana, directeur exécutif du Programme de soutien intégré des éleveurs nomades (PISP), une ONG à Marsabit.
M. Godana a dit que l’utilisation de la disponibilité du fourrage pour déterminer si les éleveurs nomades devaient être indemnisés était une estimation plus juste que « de compter sur la déclaration d’une catastrophe nationale ». On déclare souvent de telles catastrophes après la mort de bétail.
« Personnellement, je rentre dans ma ville pour dire aux gens de prendre cette assurance », a ajouté l’habitant de Marsabit.
Mais il a remarqué que le concept d’assurance pouvait être vague pour certaines personnes. « Ils ne peuvent pas le conceptualiser, assurer le bétail est quelque chose de nouveau. Les familles avec des enfants instruits pourraient y adhérer ».
Photo: Anthony Morland/IRIN |
Les chameaux sont courants dans le nord du Kenya car ils affrontent mieux la sécheresse que les autres espèces de bétail |
UAP Insurance Limited fournira les services d’assurance tandis que la banque Equity Bank Limited fera directement entrer le client cible dans le programme IBLI.
Un partenariat entre le ministère des Affaires étrangères néerlandais, Rabobank et EARS Earth Environment Monitoring a pour objectif de tester l’assurance sécheresse pour les récoltes à travers deux pilotes en Afrique. Ils se fonderont sur les données climatiques, qui alimenteront un modèle de croissance d’une récolte, afin de générer des estimations de récoltes. Trente années de données sur les récoltes seront utilisées pour évaluer le risque d’échec de récolte et pour développer et fixer le prix d’un produit d’assurance sécheresse.
Scepticisme
La confiance placée dans les météorologues traditionnels peut aussi être un challenge, a dit M. Godana. « Si on dit [aux éleveurs] qu’il y aura beaucoup de pluies durant les prochaines saisons, pourquoi alors payer une assurance ? Au moins quand il y aura une sécheresse ils comprendront le besoin [d’une assurance] ».
Pour éviter cela, les polices d’assurance ne seront vendues que jusqu’au 28 février, car la saison des pluies démarrant en mars pourrait donner à l’acheteur potentiel des informations sur les caractéristiques probables de la saison à venir, ce qui influerait injustement sur la décision d’adhérer.
Mohamed Kochalle, un habitant de Laisamis, a dit à IRIN que les primes d’assurance étaient trop élevées. « Beaucoup vont rater cette opportunité [car] notre bétail est encore trop faible et nous ne pouvons pas le vendre pour avoir accès à ce service », a-t-il dit.
Balesa Rage, un autre habitant de Marsabit, a dit que les éleveurs dans des endroits isolés de la région pouvaient ne pas être au courant de ce plan ; Fabian Losoli, un habitant du district de Samburu au sud de Marsabit, a demandé une extension de l’IBLI pour couvrir les pertes en bétail dues aux maladies et au banditisme.
Certains clercs musulmans, comme Maalim Said et Ustad Yakub, étaient sceptiques quant au rôle de l’assurance, disant à IRIN que les sécheresses récurrentes et les crues subites étaient une punition pour s’être engagé dans des actes iniques. La solution, ont-ils dit, se trouve dans la repentance, le don d’aumônes et le fait de ne plus commettre de péchés.
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