Selon les spécialistes de la santé du plus jeune et du plus pauvre pays d’Asie, la sensibilisation au virus mortel demeure faible.
« C’est notre plus gros défi. C’est là-dessus que nous devons travailler », a dit à IRIN Milena Maria Lay Dos Santos, chef du département de contrôle des maladies transmissibles du ministère de la Santé.
Le problème est particulièrement grave dans les zones rurales, a ajouté Mme Dos Santos. C’est là que vit la majeure partie des 1,1 million d’habitants du pays.
Plus de 50 pour cent d’entre eux ont une idée générale de ce qu’est la grippe aviaire, mais la plupart n’ont qu’une connaissance limitée de la façon dont elle se transmet, a-t-elle reconnu.
« Il est difficile de faire passer le message. Une grande partie de la population est analphabète et a peu, ou pas, accès à la télévision ou à la radio ».
« Les communautés sont conscientes de [l’existence de] la maladie, mais beaucoup moins de la manière dont elle se transmet », a admis Megan Counahan, épidémiologiste auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Dili.
Aucun cas déclaré
Jusqu’à présent, aucun cas de H5N1 n’a été rapporté dans le pays – tant chez les oiseaux que chez les hommes -, mais les risques demeurent.
Afonso de Jesus vient du district de Covalima, situé dans le sud-ouest du pays, le long de la frontière avec l’Indonésie, où la maladie a fait au moins 115 victimes – le chiffre le plus élevé au monde.
Malgré l’interdiction du gouvernement frappant la vente de produits indonésiens dérivés de la volaille le long des 228 kilomètres de la frontière, la contrebande de poulets entre le Timor oriental et occidental se poursuit.
« C’est une zone très poreuse et difficile à contrôler », a dit à IRIN Abebe Wolde, chef d’équipe du programme de lutte aviaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « C’est pourquoi les campagnes de sensibilisation sont si importantes ».
Photo: David Swanson/IRIN |
Une fillette et un poulet dans un marché en plein air du district d’Ermera, au sud-ouest de Dili |
En outre, le pays ne dispose pas de système de surveillance des maladies animales à l’échelle nationale – une faiblesse importante dans la gestion d’une épidémie potentielle.
Si un grand nombre de poulets venait à mourir soudainement, les fermiers accuseraient probablement la maladie de Newcastle, une maladie virale hautement contagieuse et mortelle – endémique dans la région - qui affecte la volaille domestique et les oiseaux sauvages et ce, même si la véritable cause pourrait être le H5N1.
Progrès
Malgré les défis toutefois, et notamment la rareté des ressources, le gouvernement est-timorais fait des progrès.
L’an dernier, les efforts de préparation face à la menace de la grippe A (H1N1 2009) ont permis d’améliorer le niveau de préparation à la grippe aviaire.
« Les niveaux de préparation sont bien plus élevés qu’avant à cause du H1N1 », a admis Mme Dos Santos. « Les gens comprennent mieux les facteurs de risque, et pas seulement ceux du H1N1, mais également ceux du H5N1 ».
Le gouvernement a créé un poste de responsable de la santé publique dans les 13 districts du pays. Son mandat est d’élaborer des mesures de préparation et de réponse, et notamment de sensibiliser la population.
Par ailleurs, chaque district dispose maintenant d’une équipe d’intervention rapide pouvant être envoyée sur place pour vérification si on soupçonne un cas humain. Des efforts de sensibilisation ont également été mis en œuvre au sein des communautés.
Photo: David Swanson/IRIN |
Jusqu’à présent, aucun cas de grippe aviaire n’a été rapporté au Timor-Leste |
Cette année, l’agence des Nations Unies a établi un programme pilote pour la surveillance des maladies animales dans trois districts : Dili, Covalima et le district oriental de Lautem. Elle espère le mettre en œuvre prochainement dans l’ensemble du pays.
« Ce système permettra la détection précoce, à l’échelle du village, de plusieurs maladies, et pas seulement du H5N1 », a indiqué M. Wolde, de la FAO.
Selon l’OMS, l’Australie possède un vaccin contre le virus, Dili dispose d’installation pour l’isolation et le traitement, et le pays possède maintenant des stocks importants de Tamiflu, le médicament utilisé dans le monde entier pour traiter la grippe aviaire chez l’homme.
« Nous sommes bien mieux préparés maintenant », a dit Mme Counahan, de l’OMS, soulignant les efforts accomplis par le ministère de la Santé. « Mais nous n’avons pas encore assez progressé en terme de sensibilisation ».
Au moins 442 cas de grippe aviaire chez l’homme ont été rapportés dans le monde entier. Quelque 262 personnes ont trouvé la mort, la plupart en Indonésie, voisine du Timor-Leste, a indiqué l’OMS.
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