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Quitter les bidonvilles au prix de son emploi

Trucks transport the furniture of residents of Istable Antar slum in Cairo to new homes about 50 km outside the capital Amr Emam/IRIN
Quand Ahmed Mohamed a vu arriver, en camion, des agents du gouvernement venus prendre ses meubles pour les transporter vers son nouveau logement, situé juste à la sortie de la ville du Caire, ce pêcheur de 32 ans était fou de joie : son rêve semblait enfin se réaliser, il allait quitter le bidonville où il vivait depuis des années.

Cependant, lorsqu’il s’est installé dans une nouvelle zone résidentielle baptisée ‘6 octobre’, à 50 kilomètres du centre de la ville, il s’est rendu compte qu’il y avait un problème : « On nous a donné des logements magnifiques, mais ils ne nous servent à rien. Qu’est-ce que je peux bien faire moi, un pêcheur, dans le désert ? », a dit à IRIN M. Mohamed, qui vivait autrefois dans le bidonville d’Istable Antar, situé au bord du Nil.

L’Egypte compte environ 1 221 bidonvilles (dont 76 au Caire), habités par quelque 20 millions de personnes, soit un quart de la population, selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS).

Entre 1993 et 2007, le gouvernement a dépensé l’équivalent de 727 millions de dollars pour développer certains bidonvilles et reloger les habitants de certains autres, d’après la CAPMAS.

Mais la détresse des habitants des bidonvilles a fait les gros titres des journaux en septembre 2008, lorsqu’un éboulement a provoqué la mort de quelque 100 résidents du bidonville de Dweiqa, dans l’est du Caire, situé en contrebas des falaises d'al-Moqattam, à la bordure de la ville.

Les sept bidonvilles les plus dangereux

Le gouvernement a identifié sept bidonvilles du Caire comme étant les plus dangereux en termes de santé et de sécurité – il s’agit de quartiers installés sur ou sous des falaises qui s’effritent.

L’éboulement de 2008 a incité le gouvernement à accélérer les mesures visant à fournir aux quelque 19 000 familles vivant dans ces sept bidonvilles des nouveaux logements dans les environs du Caire.

A ce jour, 4 000 familles ont été relogées, et M. Mohamed fait partie des « heureux élus » ayant bénéficié de l’opération.

Al-Dweiqa slum in Cairo in the aftermath of the September 2008 rockslide
Photo: Amr Emam/IRIN
Le bidonville de Dweiqa, au Caire, après l’éboulement de septembre 2008
Mais aujourd’hui, il parcourt jusqu’à 50 kilomètres pour atteindre son bateau et son matériel de pêche sur le Nil. M. Mohamed, qui gagne moins de 200 livres égyptiennes (36 dollars) par semaine, déplore ses frais de transport et le temps qu’il perd dans ses déplacements.

« Presque un quart de mes revenus partent dans les transports… Je ne travaille plus que trois jours par semaine à présent ».

Chez les familles relogées, les soutiens de famille sont nombreux à louer une petite chambre à proximité de leur lieu de travail dans la capitale, rejoignant leur famille dans les nouveaux appartements le week-end uniquement.

Chômage

Tandis que quelques anciens habitants des bidonvilles sont pêcheurs, comme M. Mohamed, la plupart d’entre eux ont dit que le fait de déménager hors de la capitale leur avait fait perdre leur travail.

Abdel Ra’ouf Abdel Monem, qui habite Istable Antar, gagne sa vie en parcourant les rues du Caire sur une charrette tirée par un âne, pour collecter des bouts de métal et de plastique, qu’il revend en moyenne pour 40 livres égyptiennes (sept dollars) chaque jour.

Comme beaucoup d’autres personnes dans son cas, il craint de perdre sa source de revenus s’il est relogé.

« Notre travail est ici, notre vie est ici. Pourquoi devrions-nous déménager ?... Le gouvernement ne peut pas nous mettre dans le désert et ensuite prétendre avoir résolu notre problème », a-t-il dit.

ae/ed/cb/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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