Cette mesure pourrait permettre le dégel de millions de dollars d’aide humanitaire bloqués en raison des règles antiterroristes américaines.
Selon un rapport du Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) publié en août, le gel des fonds américains affecte l’aide alimentaire et d’autres opérations d’aide en Somalie.
« Il est vrai que certains fonds ont été gelés en attendant la décision du Bureau du Trésor américain pour le contrôle des avoirs étrangers [US Treasury’s Office of Foreign Assets Control, OFAC] », a dit Russell Brooks, attaché de presse pour le département d’État, à IRIN par courriel.
Maintenant toutefois, « l’USAID [Agence des États-Unis pour le développement international], l’État et le Trésor sont parvenus à un accord qui permettra aux programmes humanitaires d’aller de l’avant, en attendant que les partenaires consentent à se conformer à une série de conditions qui doivent être fixées pour chacune des subventions », a indiqué M. Brooks.
Mesures antiterroristes
Selon certaines sources humanitaires, les délais [d’attribution des aides] ont commencé plus tôt cette année lorsque des fonds de l’USAID destinés à la Somalie ont été bloqués par l’OFAC, chargé d’appliquer les règles antiterroristes américaines et d’autres sanctions.
Au sud et au centre de la Somalie, de vastes territoires sont aux mains de groupes armés considérés comme des terroristes par les États-Unis. Tout comme les Nations Unies, l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE), Washington soutient le fragile gouvernement fédéral de transition (TFG). Le pays dans son ensemble n’est pas soumis aux sanctions américaines.
L’USAID, l’État et les départements du Trésor semblent avoir trouvé une solution pour poursuivre l’attribution des aides en toute légalité, sans aller à l’encontre des sanctions décrétées contre des groupes ou des individus, notamment le groupe islamiste somalien Al-Shabab.
« C’est Al-Shabab, et non pas la bureaucratie américaine, qui menace de refuser aux Somaliens l’aide humanitaire dont ils ont un besoin urgent », a déclaré M. Brooks.
Parmi les organisations affectées par les retards des financements USAID figurent des agences des Nations Unies et des ONG.
La nature de la « série de conditions » proposée n’a pas été précisée.
Au cours de l’année fiscale américaine 2008, l’USAID a fourni 319 millions de dollars (dont 274,2 millions d’aide humanitaire et alimentaire) à la Somalie. En 2009, elle a apporté 189 millions de dollars d’aide humanitaire.
« Nous sommes inquiets de la situation en Somalie et déterminés à apporter notre soutien au peuple somalien », a ajouté M. Brooks. « L’USAID continuera de revoir ses politiques et ses procédures pour apporter son aide à la Somalie. Dans le cadre de ce processus, nous nous assurerons que ces politiques respectent les lois américaines destinées à éviter le soutien potentiel à des groupes terroristes ».
Photo: Hassan Mahamud Ahmed/IRIN |
Une femme fait la cuisine : En août, OCHA a publié un rapport révélant que le gel des fonds américains affectait l’aide alimentaire et d’autres opérations d’aide en Somalie (photo d’archives) |
Préoccupé par les récents rapports sur les fonds gelés, le gouvernement somalien a pressé les organisations œuvrant en Somalie d’apporter leur aide à toutes les populations affectées par la sécheresse et aux personnes déplacées, indépendamment de qui ils sont et d’où ils vivent.
« La politique du gouvernement [TFG] est d’encourager tous nos partenaires à apporter leur aide à l’ensemble de la population, peu importe où ils vivent », a dit le ministre de l’Intérieur, Sheikh Abdulkadir Ali Omar, à IRIN.
« Le gouvernement est en guerre avec Al-Shabab, pas avec le peuple somalien... Nous ne voulons rien faire ou prôner qui puisse ajouter aux souffrances de notre peuple ».
D’après Timothy Othieno, un analyste de conflits basé à Londres, les politiques prévoyant l’attribution d’aides uniquement aux régions contrôlées par le gouvernement sont vouées à l’échec et peuvent avoir des conséquences non voulues.
« Elles peuvent s’avérer contre-productives, notamment pour gagner le cœur et l’esprit des personnes déplacées et des Somaliens en général », a-t-il ajouté. « Psychologiquement, elles peuvent donner aux insurgés l’occasion de justifier leur opposition au TGF et à ses alliés ».
Asha Sha'ur, activiste et membre de la société civile somalienne, a fait remarquer que les personnes déplacées n’avaient pas choisi de vivre là où elles vivent. « Je pense que la plupart d’entre elles vous diront qu’elles veulent rentrer à la maison », a-t-elle expliqué. « Elles n’ont pas choisi qui contrôle leur région. Si elles l’avaient fait, je suis certaine que plusieurs de ces groupes ne seraient pas là. »
Selon les Nations Unies, la Somalie est confrontée à la pire crise humanitaire depuis 18 ans. Environ 3,8 millions de personnes – soit près de la moitié de la population - ont besoin d’aide. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), le nombre de déplacés qui ont fui les combats entre les forces du gouvernement et deux groupes d’insurgés islamistes aurait atteint plus de 1,5 million.
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