Les deux groupes se partagent le contrôle de Kismayo, à 500 kilomètres au sud de Mogadiscio, la capitale, et de la majorité des régions du sud du pays.
Les tensions sont dues à la décision d’Al-Shabab d’ignorer un précédent accord entre les deux groupes selon lequel ils prendraient le contrôle de la ville par alternance, a expliqué un homme d’affaires habitant à Kismayo et désirant garder l’anonymat.
« Lorsqu’ils [les islamistes] se sont emparés de la ville en 2008, ils ont convenu qu’Al-Shabab serait au pouvoir pendant les six premiers mois et qu’Hisbul-Islam prendrait la relève. Mais Al-Shabab refuse maintenant de respecter cet accord », a-t-il dit.
Il a ajouté que les deux groupes avaient fait venir des renforts à Kismayo. Al-Shabab serait en train d’établir ses positions au sud de la ville tandis qu’Hisbul-Islam aurait installé sa défense au nord.
Certains habitants ont commencé à quitter leurs maisons pour se réfugier dans des zones sûres à cause des tensions.
Contacté par IRIN Radio, le cheik Ahmed Sheikh Mohamed, d’Hisbul-Islam, a admis qu’il y avait un problème entre les deux groupes. Mais il a dit que des pourparlers étaient en cours pour résoudre leurs divergences.
« Des notables et des professionnels servent de médiateurs et je suis sûr que nous allons trouver une solution ».
Il a cependant ajouté que les craintes de la population étaient justifiées étant donné la situation actuelle. « Mais les parties en conflit devraient régler leur différend de manière non violente. Une solution consisterait à former une administration commune qui rassemblerait les deux groupes ».
Les tentatives d’IRIN de contacter Al-Shabab ont été sans succès.
Mahamud Abaysane, une personne déplacée à Kismayo, a dit : « De nombreuses personnes ont déjà fui vers la périphérie de la ville pour éviter d’être prises entre deux feux ».
Parmi ceux qui quittent la ville se trouvent beaucoup de familles de déplacés. « Des centaines de familles ont quitté les camps depuis dimanche », a-t-il précisé.
Ces familles se dirigeraient vers le nord de la ville et vers Mogadiscio. « Ils ne savent vraiment pas où ils vont, mais ils veulent être partis avant que les affrontements ne commencent ici », a ajouté Mahamud Abaysane.
Selon lui, de nombreuses personnes déplacées avaient déjà très peu de biens « et maintenant ils doivent à nouveau fuir ».
Photo: Farhan Lafoole/IRIN |
Une femme et ses deux enfants dans un camp de déplacés à Kismayo : de nombreux habitants, y compris des personnes déplacées, ont commencé à fuir Kismayo, craignant des affrontements entre les groupes islamistes Al-Shabab et Hisbul-Islam (photo d’archives) |
Mahamud Abaysane a déclaré que, depuis que les islamistes avaient pris le contrôle de la ville, l’aide des organisations humanitaires s’était faite rare. « Nous sommes privés de tout soutien », a-t-il ajouté.
Un autre homme d’affaires a dit à IRIN que les habitants de Kismayo s’attendaient à ce que les combats commencent à tout moment.
« Il n’y a pas de vraie médiation et les deux parties campent sur leurs positions », a-t-il déclaré. « À moins que, par miracle, la situation ne se débloque, je ne vois vraiment pas comment ils peuvent éviter la guerre ».
Il a précisé qu’une réunion entre les deux parties avait eu lieu, mais qu’elle n’avait eu « aucun résultat ».
La vie économique de la ville s’est arrêtée. « De nombreux commerçants retirent leurs marchandises discrètement », tandis que les hommes d’affaires « espèrent et prient pour que les deux parties trouvent un terrain d’accord pour éviter les violences », a-t-il ajouté.
Le problème provient de la lutte pour le pouvoir entre les deux groupes islamistes qui ont affronté le gouvernement, a expliqué une autre source. « En tant que partenaires, les membres d’Hisbul-Islam ont l’impression d’avoir été mis à l’écart par Al-Shabab et je pense qu’ils ont décidé qu’ils en avaient assez ».
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