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La crise de l’eau s’aggrave à Katmandou

Desperate Kathmandu residents queue to collect water from a government water tanker Naresh Newar/IRIN
Aller chercher de l’eau est une épreuve quotidienne pour l’écolière Sumitra Maharjan, qui fait la queue pendant des heures depuis l’aube pour utiliser un robinet public local.

« Je manque souvent l’école et cela à de lourdes conséquences sur mes études », s’est plainte la jeune fille de 15 ans, un seau bleu à la main, faisant la queue derrière une centaine de personnes.

Pourtant, Sumitra Maharjan a plus de chance que certains : elle arrive à se procurer de l’eau au moins une fois par jour. Un grand nombre d’habitants de Katmandou n’ont pas vu une goutte d’eau tomber de leurs robinets depuis des mois.

« Cela fait six mois que mon robinet est à sec. Vous pouvez vous imaginer la crise à laquelle nous sommes confrontés », a dit Ramesh Gurung, un habitant de la ville.

L’eau potable de la capitale népalaise provient principalement du bassin de la Bagmati, qui comporte sept cours d’eau dans la vallée de Katmandou. Cependant, l’approvisionnement est insuffisant pour la ville, qui souffre d’une pénurie d’eau chronique.

Le gouvernement met en cause l’évolution des tendances climatiques (le pays est considéré comme étant l’un des plus vulnérables au changement climatique) et la croissance démographique urbaine.

« La pénurie d’eau s’aggrave », a averti Rameshwar Shrestha, porte-parole d’Upatyaka Khanepai Limited (KUKL), une institution publique chargée de fournir de l’eau potable aux deux millions d’habitants de Katmandou.

Au Népal, les précipitations sont devenues imprévisibles et, ces dernières années, les hivers sont de plus en plus secs. L’année passée, les précipitations ont été moins importantes que d’habitude pendant la saison des pluies, de juin à septembre. Le pays a également connu une grave sécheresse l’hiver dernier, ce qui signifie que peu d’eau a été emmagasinée.

Selon KUKL, ces facteurs ont des conséquences sur l’approvisionnement en eau potable dans la capitale et à l’extérieur de celle-ci. Rameshwar Shrestha a expliqué que la demande quotidienne en eau à Katmandou était d’au moins 200 millions de litres, mais KUKL n’a pu en fournir que 160 millions.

Unhygienic conditions in Kathmandu's squatter settlements causing health concerns.
Photo: Naresh Newar/IRIN
L’eau potable de la capitale népalaise provient principalement du bassin de la Bagmati, qui comporte sept cours d’eau dans la vallée de Katmandou
Des canalisations en ruine

Le principal système de canalisation de la capitale est centenaire et est en grande partie délabré, d’après des organisations non gouvernementales (ONG) locales qui milite en faveur du droit à l’eau.

Le gouvernement a signalé que plus de 38 pour cent des canalisations fuyaient et, selon KUKL, il est souvent difficile de les réparer à cause du manque de fonds.

Mais, plus que les contraintes financières, c’est le manque de volonté politique du gouvernement à résoudre la crise que les militants tiennent pour responsable.

« Cela fait des années que nous attirons l’attention sur la crise de l’eau imminente et, maintenant, la catastrophe a atteint des records », a dit Lajana Manandhar, directrice du réseau d’action pour l’eau (Fresh Water Action Network, FAN) Népal, un réseau national d’ONG militant pour les droits à l’eau et à l’assainissement et pour les politiques associées.

Nappes phréatiques

Pour les habitants de Katmandou, la seule solution pour l’instant est d’exploiter les nappes phréatiques.

Selon l’ONG Forum pour l’eau et l’assainissement urbains (Forum for Urban Water and Sanitation), plus de 60 pour cent des foyers le font déjà en utilisant des pompes électriques installées chez eux. Le nombre d’utilisateurs est en augmentation, ce qui suscite des inquiétudes quant à la surexploitation des nappes phréatiques.

« Cette ressource va, elle aussi, bientôt s’assécher. Les nappes phréatiques s’épuisent déjà car davantage de personnes y ont recours », a expliqué à IRIN Prakash Amatya, directeur de l’organisation.

Les nappes phréatiques s’assèchent à un rythme alarmant. Le niveau d’eau baisse d’environ 2,5 mètres par an, selon le Conseil gouvernemental pour le développement des ressources en eaux souterraines.

Nepal is one of the world's most water-rich countries yet its residents suffer serious shortages of drinking water.
Photo: Naresh Newar/IRIN
Le Népal est l’un des pays les plus riches en eau du monde. Pourtant, ses habitants souffrent d’importantes pénuries d’eau potable
Des espoirs qui reposent sur le projet sur l’eau

Les organisations humanitaires et le gouvernement s’accordent à dire que la seule solution à la crise de l’eau est de mettre en œuvre le projet d’approvisionnement en eau de Melamchi (Melamchi Water Supply Project), qui a longtemps été retardé.

Le projet, dont le coût est estimé à 317,3 millions de dollars, est financé par des organisations et des banques internationales, dont la Banque asiatique de développement (BAD) et la Banque japonaise pour la coopération internationale (JBIC). Selon les responsables, le gouvernement contribue également à hauteur de 90,6 millions de dollars.

Le projet, lancé en l’an 2000, a pour objectif d’approvisionner Katmandou en eau à l’aide d’un canal souterrain de 26 kilomètres partant de la rivière Melamchi (district de Sindulpalchowk, au nord-est de la capitale) alimentée par la fonte des neiges.

Cependant, selon les ONG, l’instabilité politique et les revendications des villageois, qui affirment n’avoir pas reçu suffisamment de compensations pour l’utilisation de leurs terres pour construire le canal, se sont révélées être de sérieux obstacles.

Mais le projet d’une durée de quatre ans a été relancé et les organisations impliquées espèrent que le canal pourra être construit.

« C’est une nécessité, car la ville de Katmandou souffre d’une pénurie d’eau chronique », a dit Barry Hitchcock, directeur national de la BAD au Népal, à IRIN.

« Dans quatre ans, lorsque l’eau commencera à sortir de la conduite, un nouveau service d’approvisionnement en eau aura été mis en place et nous pourrons plus facilement fournir de l’eau à la population », a-t-il ajouté.

nn/ey/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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