Aujourd’hui, la zone est en paix, mais elle n’est pas préparée à faire face à une menace qui pourrait être encore plus dévastatrice : les tremblements de terre.
Si les failles qui traversent le pays sont nombreuses, les sismologues sont particulièrement inquiets au sujet du système de la Mer Morte, qui sépare les plaques géantes que sont l’Afrique et l’Asie. Il s’agit de la faille la plus profonde et la plus dangereuse du Moyen-Orient, qui part de l’Ethiopie, passe par le détroit d’Aqaba, pour remonter jusqu’au sud du Liban et la vallée de la Bekaa.
Le sud du Liban est classé zone trois et quatre sur une échelle indiquant la fréquence et la force des séismes prévus, ce qui signifie que les secousses pourraient atteindre une magnitude de 7,5 sur l’échelle de Richter.
En 1759, le dernier tremblement de terre important, de magnitude sept, avait tué 40 000 personnes à Beyrouth et Damas. Les experts prévoient des tremblements de terre majeurs sur la faille tous les 250 à 300 ans.
« Ce qui signifie que nous nous attendons à en subir un, même si nous ne pouvons pas prévoir la date avec précision », a expliqué Mohamed Harajli, professeur d’ingénierie à l’Université Américaine de Beyrouth.
L’année dernière, entre février et juillet, environ 800 secousses de magnitude 2,3 à 5,1 ont été enregistrées dans le sud, d’après Moueen Hamze, du Centre national de la recherche scientifique du Liban. Les habitants de Srifa, un village situé à quelques kilomètres de Shour, ont passé des semaines à camper dans la cour de l’école, par peur du séisme.
« A Srifa, c’était une alerte précoce », a dit à IRIN le général Maroun Kraish, qui dirige le comité de la gestion des crises et des alertes précoces, créé peu après le tremblement de terre de Srifa.
Photo: Annasofie Flamand/IRIN |
Naeme Khalil sait que sa nouvelle maison n’est pas résistante aux tremblements de terre, mais il explique qu’à cause de l’inflation et des délais de paiement des compensations, il a dû acheter des matériaux bon marché |
« Occasion manquée »
La réponse générale au risque de tremblements de terre dans le sud du Liban a été lente et dispersée, en particulier en ce qui concerne la sensibilisation des habitants reconstruisant leurs maisons après la guerre.
Richard Evans, chef de projet du Norwegian Refugee Council au Liban, a expliqué que l’idée de reconstruire des habitations résistantes aux séismes dans le sud était née d’une étude réalisée en partenariat avec l’Université de York, au sujet du relogement après la guerre.
Le rapport avait établi que, du fait des délais de paiement des compensations, de la hausse de l’inflation, de l’insuffisance de la réglementation dans le secteur du bâtiment et du manque de conscience du risque de séismes, la plupart des logements reconstruits n’étaient pas sûrs.
« Pour toutes ces raisons, les gens ont acheté des matériaux de mauvaise qualité, et ont donc construit des maisons peu résistantes », explique M. Evans. « La région du sud a manqué une occasion d’améliorer la qualité de ses constructions afin de résister aux tremblements de terre à venir ».
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