« Seuls quelques pays africains ont commencé à se préparer aux éventuelles conséquences sur la société d’une grave pandémie de grippe », a dit à IRIN Liviu Vedrasco, conseiller pour la préparation à la pandémie auprès du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies en Afrique de l’Ouest.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que la grippe A (H1N1) 2009 – également désignée sous l’appellation H1N1/09 - avait touché 94 500 personnes et provoqué 429 morts dans le monde, ce bilan datant du 7 juillet dernier. Parmi ces cas, on en dénombre 140 en Afrique, dont aucun cas mortel.
La plupart des gouvernements africains ont élaboré des plans de réponse à une grave pandémie de grippe, a expliqué à IRIN le docteur Michel Yao, point focal de l’OMS pour les urgences en Afrique de l’Ouest. Cependant, ces pays doivent à présent mettre ces plans en application en formant le personnel de la fonction publique à différentes opérations, comme la mise en place de systèmes de surveillance et le repérage des populations les plus vulnérables.
Selon OCHA, le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana et le Nigeria sont allés plus loin que leurs voisins subsahariens en intégrant les plans de réponse à la grippe pandémique à leurs procédures générales de préparation aux catastrophes.
Au Nigeria, d’après Abdul Nasidi, directeur de l’épidémiologie au ministère de la Santé, les ministères de l’Information et de l’Agriculture collaborent avec le ministère de la Santé pour préparer une réponse commune.
« Nous avons mis en place un centre de contrôle. Nous essayons également de développer notre plan de réponse à la pandémie… et nous nous efforçons, en collaboration avec le gouvernement fédéral, d’importer davantage de stocks de Tamiflu [un médicament inhibant le virus de la grippe] afin de couvrir au moins 10 à 20 pourcent de la population », a-t-il expliqué à IRIN.
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Les contaminations par la grippe A (H1N1) 2009 confirmées en Afrique avant le 23 juin 2009 |
Selon OCHA, il faudrait que les plans nationaux intègrent la préparation à la grippe aux plans plus généraux de réponse aux situations d’urgence, qu’ils prévoient les stratégies d’action de chacun des acteurs, depuis les forces de défense jusqu’aux structures sanitaires, et qu’ils répondent aux besoins particuliers des populations vulnérables.
Cependant, certains des systèmes mis en place par le ministère sénégalais de la Santé ne sont pas opérationnels : c’est le cas par exemple de la ligne téléphonique d’information sur la grippe A (H1N1) 2009, qui diffuse de la musique au lieu d’apporter des informations.
En raison du manque de place à l’Hôpital Principal, le centre national de référence pour la grippe A (H1N1) 2009, les victimes de la grippe ne peuvent pas être isolées comme elles devraient l’être lors de la première phase de l’épidémie, selon les recommandations du Centre américain de contrôle des maladies (Center for Disease Control, CDC).
Le 11 juin 2009, l’OMS a relevé son niveau d’alerte sur la grippe pandémique au niveau maximal de 6, afin de rendre compte du caractère mondial de la propagation du virus.
La souche actuelle s’est jusqu’à présent révélée modérément sévère, mais OCHA craint que d’autres souches ne se développent en octobre, lorsque la saison de la grippe débutera dans l’hémisphère Nord.
OCHA a averti qu’une épidémie grave pourrait perturber les marchés financiers, provoquer l’effondrement de certains services publics comme les établissements de santé ou les écoles, conduire à une fermeture des frontières et menacer l’ordre public et le respect de la loi.
« La grippe pandémique devrait figurer sur l’agenda de sécurité nationale de tous les pays. Les parlements devraient en discuter et voter des budgets suffisants pour que la réponse soit possible en cas de crise », a déclaré M. Vedrasco. « Il ne s’agit pas simplement d’une question sanitaire, mais d’un problème touchant la société dans son ensemble. »
L’OMS soutient six laboratoires en Afrique – Algérie, Côte d’Ivoire, Sénégal, Afrique du Sud et deux au Nigeria - afin de tester les traitements contre la grippe A (H1N1) 2009, elle aide les Etats à mettre en place des systèmes de surveillance, assiste les gouvernements dans l’élaboration de plans nationaux de réponse à la pandémie, et envoie à divers pays des stocks limités de Tamiflu, afin de combattre le virus dans le monde entier.
M. Vedrasco a expliqué que la préparation à une pandémie de grippe pouvait ne pas apparaître comme une priorité, mais « le voir ainsi [conduit à] rater une opportunité » d’agir.
« En se préparant à une pandémie grave de grippe, les gouvernements pourraient… améliorer leurs capacités de prévention, de contrôle et de réponse [face à] d’autres maladies infectieuses ou catastrophes… L’Histoire nous offre, de temps en temps, des occasions, et certaines de ces occasions peuvent déboucher sur des changements à long terme. »
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