Elle a eu la chance d’obtenir un lit. D’autres enfants et leur mère dorment par terre, sur le sol de ce centre de consultations doté de 100 lits.
Autour de Jennifer Nankinga, les signes de délabrement sont légion. Des responsables de l’hôpital disent que cet établissement n’a jamais bénéficié de rénovation majeure depuis son ouverture en 1972, et qu’il manque de personnel médical.
« Nous sommes en sous-effectif de 40 pour cent », a précisé Ahmad Matovu, l’administrateur de l’hôpital. « Il devrait y avoir sept médecins dans cet hôpital, mais nous ne sommes que trois ».
L’établissement est classé comme hôpital public, mais il n’a jamais reçu les financements adéquats, a-t-il ajouté.
« Nous recevons chaque année 245 millions de shillings [110 000 dollars] pour les dépenses courantes ; 40 pour cent de cette somme sert à l’achat de fournitures médicales, et le reste sert pour les autres choses et pour entretenir cet endroit, ce qui inclut l’achat d’essence pour l’ambulance qui est vieille, elle aussi », a expliqué M. Matovu.
« Ce montant est resté identique depuis cinq ans [mais] le prix des médicaments et de l’essence a presque doublé… L’argent n’est pas suffisant et nous demandons aux [patients] d’acheter ce que nous n’avons pas ».
« Choquant »
Tout comme Kayunga, la plupart des hôpitaux ougandais sont en mauvais état, une situation soulignée par le récent rapport d’une commission parlementaire qui examinait les performances du secteur de la santé dans 16 districts pour les premiers mois de 2009.
« Le niveau de délabrement autour et à l’intérieur des centres de santé, à tous les niveaux, était choquant », a déclaré à IRIN Nvumetta Kavuma, la présidente de la commission.
« La plupart des bâtiments avait besoin de rénovation, de reconstruction ou d’extension, alors que certaines structures avaient complètement disparu », a-t-elle ajouté. A Kawolo (dans l’est de l’Ouganda) et à Kiryandongo (à l’ouest du pays), les hôpitaux, bien qu’ils se situent près d’une route principale, ont besoin d’une rénovation intégrale, a souligné le rapport.
Photo: Vincent Mayanja/IRIN |
Ces ambulances de l’hôpital de Kayunga sont en panne, une seule, âgée, demeure en service |
Le rapport a souligné que la population ougandaise augmentait de 3,2 pour cent par an, un rythme rapide, et que cela mettait une certaine pression sur les établissements, dont beaucoup ont été bâti durant l’ère coloniale, quand l’Ouganda comptait moins de cinq millions d’habitants. Sa population actuelle est estimée à 30 millions.
« La quasi totalité des centres de soins ne peut pas gérer les pressions démographiques actuelles… Des services de consultations et des services d’admission surchargés sont monnaie courante dans la plupart des établissements », a souligné le rapport.
Les députés ont dit que le plus grand hôpital universitaire de référence du pays, l’hôpital de Mulago à Kampala, était submergé. Il devait accueillir une vingtaine de futures mamans, mais il en gère actuellement plus d’une centaine.
Emprunt à la Banque Mondiale
De hauts responsables ougandais ont insisté sur le fait que les problèmes devraient s’améliorer cette année.
Lors de la présentation en juin de son budget 2009/2010, la ministre des Finances Syda Bbumba a déclaré que la rénovation des infrastructures de santé et l’approvisionnement en médicaments, particulièrement pour le VIH/SIDA et le paludisme, seraient des priorités.
Le secteur de la santé recevra 11 pour cent du budget national, d’un montant de 3,7 milliards de dollars, a-t-elle ajouté.
Stephen Malinga, le ministre de la Santé, a précisé que le gouvernement était en train de réaliser un emprunt de 600 millions de dollars auprès de la Banque Mondiale pour rénover des établissements comme l’hôpital de Kayunga.
« Le gouvernement nous a autorisés à emprunter 600 millions de dollars auprès de la Banque Mondiale pour faire des réhabilitations et s’occuper de tous les aspects liés aux structures de santé et à l’amélioration des conditions de travail du personnel médical », a déclaré M. Malinga à IRIN.
« Notre priorité sera de réhabiliter les hôpitaux de 100 lits, ainsi que les centres de santé IV et III [centres communautaires de base] qui ne sont pas terminés et ceux qui ont besoin de rénovations », a-t-il ajouté.
Photo: Vincent Mayanja/IRIN |
Le service des consultations de cet hôpital traite jusqu’à 200 patients chaque jour |
« Nous voulons aussi construire des logements pour les médecins et les infirmières pour leur rendre les choses plus attrayantes, ainsi quand ils sont affectés en province, ils y trouvent une maison, de l’eau et autres éléments essentiels pour le travail ».
Cependant, le personnel médical a estimé que rénover des hôpitaux et construire des maisons ne suffirait pas à résoudre le problème. La question des bas salaires doit aussi être examinée, ont-ils dit.
Actuellement, un médecin jeune diplômé gagne de 650 000 à 1,2 million de shillings ougandais [de 280 à 550 dollars], et un consultant expérimenté gagne jusqu’à 1,5 million [680 dollars]. De nombreux médecins ont été obligés de quitter leur pays pour trouver un meilleur emploi ailleurs.
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