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Le déminage, pas seulement une affaire d’hommes

Deminer at work in a minefield in Bongo, near Juba. Women deminers are perceived as more accurate and reliable than their male counterparts Severine Flores/IRIN
A deminer at work in a minefield in Bongo, near Juba
Le coup de sifflet marquant la fin du travail pour l’équipe du matin vient juste de retentir quand six démineuses émergent des hautes herbes, enlevant leurs vêtements de protection et se dirigeant vers l’aire de repos pour le déjeuner.

« Je n’aurais jamais cru que je deviendrais démineuse », a déclaré Jamba Besta. « Tout ce que je voulais c’était devenir secrétaire, j’ai même suivi la formation, mais quand [cette] offre a surgi, je l’ai saisie ».

Comme Mme Besta, tous les démineurs sont des femmes. Elles travaillent à Bongo, un petit village situé sur la route entre Juba et Yei au Sud Soudan, pour une organisation non-gouvernementale (ONG) internationale, Norwegian People’s Aid (NPA) Mine Action.

L’équipe de déminage de Mme Besta, composée uniquement de femmes, est une première au Soudan, même si on a pu voir des exemples couronnés de succès au Kosovo et au Cambodge. Malgré quelques insultes, surtout de la part de soldats ivres, la réputation de l’équipe a inspiré des entreprises commerciales qui suivent son exemple.
« Ils [les soldats ivres] nous insultent », a raconté Mme Besta. « Ils rient de nous et ils disent que les femmes ne peuvent pas enlever des mines. Mais les femmes peuvent le faire aussi bien que les hommes si elles sont formées ».

Le rôle des femmes dans le déminage a été défendu par le Bureau de la lutte antimines des Nations Unies, le UN Mine Action Office (UNMAO). « Les femmes démineuses travaillent vraiment bien », a souligné Johann Maree, chargé des opérations du UNMAO à Yei. « Elles sont régulières et fiables ».

Les femmes démineuses se sont montrées plus efficaces que les hommes, selon des responsables du NPA : « Les femmes sont très précises et organisées », a souligné Kjell Ivar Breili, directeur de programme au NPA. « Elles ne se saoûlent pas contrairement à ce qui arrive souvent avec les hommes… Durant les deux dernières années, ce sont les équipes qui ont trouvé le plus de mines ».

Jamba Besta, NPA’s all-female deminers’ team leader
Photo: Severine Flores/IRIN
Jamba Besta, chef de l”équipe des démineuses du NPA
Une activité essentielle


Le déminage est une activité essentielle au Soudan, où plus de 20 années de conflit ont laissé 19 états sur 25 truffés de mines ou de débris de guerre explosifs (ERW en anglais).

Les ERW incluent les munitions non explosées – comme les bombes, mortiers, grenades, missiles, bombes à fragmentation et autres armes qui n’ont pas explosé lors de l’impact mais qui restent instables et peuvent tuer si elles sont touchées ou bougées – ainsi que les “armes abandonnées” ou armes laissées sur le terrain par les forces armées lorsqu’elles se retirent d’une zone.

Les hommes risquent d’être tués ou blessés lorsqu’ils travaillent dans les champs, et les femmes sont également en danger lorsqu’elles ramassent du bois ou rapportent de l’eau.

Selon le UNMAO, l’ampleur réelle du problème des mines et des ERW au Soudan n’est pas connue, mais depuis 2002, le UNMAO et ses partenaires ont connu plusieurs succès : ils ont ouvert plus de 29 000 kilomètres de routes, nettoyé 45 millions de mètres carrés, et détruit plus de 16 000 mines anti-personnel et anti-tank, ainsi que 800 000 ERW.

Et malgré cela, les mines et les ERW continuent à mutiler et à tuer des gens dans différentes régions du Soudan, et ils entravent l’acheminement de l’aide humanitaire. Ils freinent le retour des réfugiés, des personnes déplacées et ralentissent la reconstruction, le développement et la consolidation de la paix.

Women deminers in Southern Sudan breaking up for lunch. Deminers earn between $250-$400 per month, receive free medical treatment, insurance, paid annual leave and maternity cover
Photo: Severine Flores/IRIN
Une des femmes démineuses prend une pause. Les démineuses gagnent entre 250 et 400 dollars par mois, reçoivent des soins médicaux gratuits, une assurance, des congés payés annuels et une couverture maternité
Congés maternité


Ce travail avec le NPA rapporte de 250 à 400 dollars par mois, et il s’agit là d’un revenu stable et régulier.

Les femmes bénéficient aussi d’un congé maternité de trois mois, ensuite elles sont réaffectées pour neuf mois dans les bureaux de l’administration, où elles se consacrent à d’autres tâches et reçoivent des formations. Cela leur permet de pouvoir nourrir au sein leur enfant, et ce jusqu’à ce qu’elles puissent retourner dans les champs de mines.

« Tant que vous êtes bien formés et que vous prenez des précautions, le déminage n’est pas plus dangereux qu’un autre travail », a dit M. Breilli, du NPA. « Je pense qu’il est bien plus dangereux pour les femmes d’aller dans des champs contaminés et de ramasser du bois ».

Selon le NPA, certaines femmes faisant partie de ce programme travaillent dur car elles ont de la famille ou des parents dans des villages où se déroule le déminage.

« Je veux aider à débarrasser cette zone des mines », a déclaré Mme Besta, qui est enceinte de six mois. « J’aime le fait que je puisse aider [les miens] à se sentir plus en sécurité ».

sf/eo/cb/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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