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Pénurie de médicaments

Baby-weighings at a health clinic in Labé, Guinea. October 2007. Nancy Palus/IRIN
Les centres de santé et hôpitaux publics guinéens souffrent de graves pénuries de médicaments de base, et les travailleurs et les autorités sanitaires cherchent un moyen de renflouer leurs stocks d’urgence.

« C’est un vrai problème. Nous n’avons pas assez de médicaments pour répondre aux besoins de la population », a expliqué à IRIN Mohamed Lamine Tounkara, directeur des services de santé régionaux de Kindia, une région située à 137 kilomètres à l’est de Conakry, la capitale.

Aujourd’hui, les patients des hôpitaux publics de Kindia doivent se procurer la plupart des médicaments dont ils ont besoin dans des pharmacies privées, où les prix sont bien plus élevés que dans les centres de santé publics, a-t-il déclaré. Et le cas de Kindia (qui compte environ deux millions d’habitants, cinq grands hôpitaux publics et 51 centres de santé) n’est pas isolé, puisqu’il en est ainsi dans de nombreuses régions, selon les Nations Unies et les autorités publiques.

Cette pénurie de médicaments est le résultat d’un certain nombre de facteurs, notamment d’un manque de financements publics, de la hausse du prix des médicaments et d’une mauvaise gestion, d’après Mohamed Lamine Yansané, chef de cabinet du ministère de la Santé.

Ces dernières années, la Guinée a souffert de pénuries sporadiques, mais la situation s’est considérablement aggravée en 2009, selon les experts.

« Nous éprouvons d’énormes difficultés, actuellement », a déclaré M. Yansané, ajoutant que le ministère de la Santé appelait le gouvernement et les bailleurs à l’aider à s’attaquer à ce problème. Mais « avec la situation actuelle du pays, on n’a pas d’aide extérieure ».

Certains bailleurs ont en effet restreint l’aide accordée à la Guinée depuis le coup d’Etat de décembre.

Selon M. Yansané, le gouvernement a annoncé récemment qu’il débloquerait 11 milliards de francs guinéens (2,2 millions de dollars) pour acheter des médicaments, mais on ignore quand ces fonds seront disponibles, et il faudrait en fait près du double de cette somme.

« C’est un problème urgent. Si de nombreux facteurs sont à l’origine de cette situation, l’essentiel est qu’il devient de plus en plus difficile pour les populations de l’ensemble de la Guinée (et en particulier les plus vulnérables) de se procurer des médicaments de base », a expliqué Philippe Verstraeten, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.

« Cette pénurie de médicaments dans les centres de santé et les hôpitaux publics participe du problème plus général que pose le système de santé guinéen. Mais tandis que tous les acteurs s’efforcent de résoudre ces problèmes, nous devons agir aujourd’hui, pour assurer que les médicaments de base soient à la portée de tous les Guinéens », a-t-il ajouté.

Un certain nombre de problèmes ont été recensés au cours d’une mission d’évaluation menée de concert par les Nations Unies, les organisations non-gouvernementales (ONG) et les autorités publiques en mars, dans trois préfectures (Boké, Gaoual et Koundara). 

«Il devient de plus en plus difficile pour les populations de l’ensemble de la Guinée (et en particulier les plus vulnérables) de se procurer des médicaments de base»
L’évaluation a révélé de « rupture fréquente de médicaments dans les structures sanitaires », ainsi qu’un mauvais entreposage des médicaments et des vaccins ; de nombreux centres de santé sont également délabrés et les centres publics manquent de personnel, selon le rapport de mission.

Les représentants des autorités publiques ont rencontré dernièrement les représentants des organismes humanitaires des Nations Unies et les bailleurs pour débattre des besoins sanitaires pour 2009.

Si les pharmacies privées ont des médicaments en stock, les populations des régions rurales ont des difficultés à se rendre dans ces pharmacies et la plupart des Guinéens n’ont pas les moyens d’acheter des médicaments à prix fort ; dès lors, de plus en plus d’habitants vont devoir se passer de médicaments, selon les représentants des Nations Unies et des autorités publiques.

Pénurie ou pas, les Guinées ont recours depuis des années à des médicaments douteux vendus par des commerçants non-agréés ; la Guinée fait partie des nombreux pays d’Afrique où les produits pharmaceutiques de contrefaçon posent un problème sanitaire. Récemment, le gouvernement a pris des mesures fermes à cet égard, en arrêtant des fabricants présumés et en interdisant les ventes déréglementées. On ignore quelles répercussions ont eu ces nouvelles mesures de contrôle sur la disponibilité des médicaments autorisés, selon les travailleurs humanitaires.

La pénurie actuelle risque néanmoins de compliquer la tâche du gouvernement, qui s’efforce d’éliminer ces faux médicaments dangereux, a noté M. Yansané, du ministère de la Santé. « S’il n’y a pas de médicaments dans les centres de santé publics, les gens se tournent en premier lieu vers le marché local, parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter des médicaments dans les pharmacies ».

Les populations les plus pauvres sont les plus touchées par la pénurie de médicaments observée dans le système public, selon André Enzanza, représentant de l’Organisation mondiale de la santé en Guinée.

« La situation est … grave. Ce sont les populations des zones les plus démunies qui sont les plus touchées, parce qu’il n’y a pas de médicaments dans les hôpitaux et les centres de santé publics ».

np/aj/nh

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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