1. Accueil
  2. West Africa
  3. Côte d’Ivoire

Les Ivoiriens « retenus en otage » par les politiciens, selon des jeunes

[Cote d'Ivoire] President Laurent Gbagbo. [Date picture taken: February 2006] IRIN
President Laurent Gbagbo is expected to attend the talks scheduled for Sunday
« A quand les élections ? ». Tel est le nom d’une caravane que des jeunes de Côte d’Ivoire prévoient d’organiser le 6 avril à Abidjan, capitale économique du pays, pour inciter les citoyens à s’élever pour réclamer des élections présidentielles attendues depuis longtemps.

L’événement interviendra quelques jours après la grève de la faim organisée par de jeunes Ivoiriens devant les bureaux de la Commission électorale indépendante (CEI).

« On dit non, non, non et non à une autre fausse date d’élections », a martelé Essoh Joma Serges, président du Mouvement de la jeunesse citoyenne de Côte d’Ivoire (MJCC-CI), le 1er avril. « Si les personnes responsables n’organisent pas les élections, la jeunesse de Côte d’Ivoire s’en chargera ».

Pendant la grève de la faim, du 23 au 27 mars, Essoh et deux autres jeunes ont été placés sous perfusion, sous la pression des médecins et des défenseurs des droits humains. « Au début, nous avons refusé, parce que nous sommes prêts à mourir pour que des élections soient organisées en Côte d’Ivoire ».

Depuis la rébellion de 2002, de nombreux accords de paix ont prévu la tenue d’élections présidentielles, chaque fois reportées (la dernière date avait été fixée au 30 novembre 2008). La CEI n’a pas encore communiqué la nouvelle échéance. Le président Laurent Gbagbo est au pouvoir depuis les élections de 2000, son mandat a été prolongé d’un an en 2005 dans le cadre des efforts de paix ; en Côte d’Ivoire, la durée du mandat présidentiel est de cinq ans.

Le dernier accord de paix, signé en mars 2007, prévoyait la tenue d’élections dans un délai de 10 mois.

Les jeunes qui font pression pour l’organisation des élections tiennent à souligner qu’ils ne sont pas manipulés par la classe politique. « Nous sommes manipulés par notre misère », a indiqué M’bra Léon, président du Forum des jeunes pour la démocratie en Afrique (FJDA), sis en Côte d’Ivoire. « Les citoyens ivoiriens sont retenus en otage par les politiciens ».

« L’avenir n’appartient pas [aux politiciens qui se disputent le pouvoir] », a poursuivi M’bra. « Il nous appartient à nous. Notre avenir est en train de nous être braqué et nous n’accepterons pas cela ».

« Depuis près de sept ans, la pauvreté est croissante. On nous dit que ce sont les élections qui peuvent nous sortir de la crise. Alors allons-y rapidement. Ou est-ce le pire que chacun attend ? »
« Depuis près de sept ans, la pauvreté est croissante. On nous dit que ce sont les élections qui peuvent nous sortir de la crise. Alors allons-y rapidement », a déclaré à IRIN Patrick Tapé du MJCC-CI.

« Ou est-ce le pire que chacun attend ? », a-t-il ajouté.

La tenue d’élections présidentielles réussies est perçue comme essentielle pour pouvoir rétablir la stabilité et attirer des investissements en Côte d’Ivoire, autrefois parmi les pays les plus prospères et les plus stables d’Afrique de l’Ouest. Dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, a expliqué que l’économie ivoirienne reposait sur la situation financière mondiale et les perspectives politiques du pays.

Dans un communiqué daté du 29 mars, la CEI a expliqué qu’elle collaborait étroitement avec le gouvernement « pour assurer que rien d’autre ne vienne perturber les élections présidentielles, dont la date sera rendue publique par la commission au moment opportun ».

Le report récent de l’inscription des Ivoiriens de la diaspora sur les registres électoraux n’est que le dernier en date d’une série de contretemps venus retarder le processus électoral. La CEI a indiqué, dans le communiqué, que le processus avait été retardé par des contraintes financières.

Un document publié en décembre, en supplément de l’accord de paix actuel, prévoit la mise en œuvre d’un processus de désarmement préalable aux élections. Les Nations Unies ont indiqué que cela entraînerait probablement des retards supplémentaires.

Pour la première fois depuis la signature de l’accord de paix actuel, la Côte d’Ivoire n’a pas fixé de délai pour la tenue des élections présidentielles, selon un rapport rédigé en janvier, à l’attention du Conseil de sécurité des Nations Unies, par Choi Young-jin, représentant spécial des Nations Unies en Côte d’Ivoire. « L’absence d’objectifs va briser tout l’élan nécessaire, notamment, à l’organisation d’un plan électoral, à sa mise en œuvre, à l’organisation logistique et même à l’aide apportée par la communauté internationale ».

« Nous pensons qu’il est temps d’interpeller nos autorités et la communauté internationale sur la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire. Certains veulent donner l’impression que le pays avance, mais on tourne en rond », a estimé Essoh du MJCC-CI.

aa/np/aj/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join