Dans un rapport adressé aux dirigeants des Etats-membres de l’OTAN, 11 ONG internationales implantées en Afghanistan ont mis en garde contre l’importance excessive accordée aux progrès militaires à court terme, aux dépens de la paix et du développement à long terme.
« L’Afghanistan a besoin d’une stratégie véritablement globale de reconstruction et de stabilisation à long terme », pouvait-on lire dans le rapport, intitulé Caught in the Conflict – Civilians and the International Security Strategy in Afghanistan [Piégés au cœur du conflit – Les civils et la stratégie de sécurité internationale en Afghanistan], et publié le 3 avril.
Pour empêcher l’amalgame entre les acteurs militaires et humanitaires, les organisations humanitaires et les forces de l’OTAN se sont mises d’accord sur un mode opératoire en 2008, mais celui-ci n’est guère respecté moins d’un an après avoir été approuvé, selon le rapport.
« Nous n’avons constaté aucune différence sur le terrain », a commenté Matt Waldman, responsable des politiques et du plaidoyer d’Oxfam à Kaboul.
Les ONG (dont Oxfam, CARE Afghanistan, ActionAid et Save the Children - UK) s’inquiètent de l’impact croissant du conflit armé sur les civils et de l’utilisation de plus en plus fréquente de l’aide à des fins militaires et politiques.
« On a l’impression d’être tirés par le bras vers les tentes de l’armée », a expliqué Dave Hampson, représentant de Save the Children UK, ajoutant que l’octroi de fonds aux organisations humanitaires était plus que jamais conditionné par des questions militaires et politiques.
Les commentaires d’Oxfam
Concernant ce rapport, Oxfam a livré le commentaire suivant :
« Ce rapport avertit que l’armée estompe la distinction entre les travailleurs humanitaires et les soldats en accomplissant un travail humanitaire important et en menant de vastes opérations de secours pour les besoins de la contre-insurrection, et en empruntant des véhicules blancs banalisés, qui ne sont conventionnellement utilisés que par les Nations Unies et les organisations humanitaires. Cela porte atteinte à la perception locale de l’indépendance et de l’impartialité des organisations humanitaires ; par conséquent, cela augmente le risque auquel s’exposent les travailleurs humanitaires, et menace de réduire les zones dans lesquelles ces derniers peuvent opérer sans risque.
« Les organisations recommandent une suppression progressive de l’aide militarisée et une augmentation importante des fonds accordés aux institutions et aux organisations civiles pour le développement et l’aide humanitaire ».
IRIN n’a pas pu recueillir les commentaires de l’OTAN.
Le rapport de la MANUA
Plus de 2 100 civils afghans ont été tués au cours du conflit, en 2008 ; environ 55 pour cent par divers groupes insurgés, et le reste par les forces alliées au gouvernement, a déclaré la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans un rapport intitulé Protection of Civilians in Armed Conflict in 2008 [La Protection des civils en situation de conflit armé, en 2008].
Les Nations Unies et les associations de défense des droits humains ont à maintes reprises accusé les insurgés de mener des attaques délibérées, systématiques et généralisées contre les non-combattants et dans les zones civiles.
Les ONG ont également exprimé des préoccupations concernant l’augmentation significative du nombre de morts civils, conséquence des frappes aériennes menées par les forces militaires internationales, au nombre de 552 en 2008, soit une hausse de 72 pour cent par rapport à 2007, selon le rapport de la MANUA.
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