A deux semaines seulement de la fin de la saison froide, le gouvernement ne s’est pas encore procuré les plus de 115 000 tonnes de blé qu’il doit distribuer aux populations touchées par la sécheresse, les prix élevés des vivres et le conflit.
Avant l’hiver, le gouvernement afghan avait accepté de fournir 166 000 tonnes de blé à 21 des 34 provinces du pays, pour prévenir l’insécurité alimentaire.
Plusieurs institutions publiques, dont les ministères du Commerce, de la Réhabilitation rurale et du Développement, ainsi que l’AAGCN, ont été chargées de mettre en œuvre le programme national d’aide hivernale, en collaboration avec diverses organisations humanitaires internationales, telles que le Programme alimentaire mondial (PAM).
« Nous avons distribué environ 45 000 tonnes, sur l’aide prévue, et nous en distribuerons 35 000 dans les prochaines semaines », a déclaré à IRIN Abdul Matin Edrak, directeur de l’AAGCN, le 4 mars.
En raison de la sécheresse grave qui a réduit la production agricole nationale de 35 pour cent en 2008, de la hausse soudaine du prix des vivres, et des problèmes résultant du conflit armé, environ huit millions de personnes vivent désormais dans une situation d’insécurité alimentaire extrêmement dangereuse, selon les organisations humanitaires.
« Sur les 9 500 tonnes promises à la province de Faryab pour l’hiver, seules 1 800 tonnes ont été fournies », a déclaré à IRIN Aman Salimi, directeur des services provinciaux de réhabilitation et de développement des régions rurales, ajoutant que même l’aide promise ne suffisait pas à répondre aux besoins.
Au Badakhshan, une province du nord-est, seules 5 000 tonnes, sur les 15 000 promises, ont été acheminées dans le chef-lieu de la province, et à Ghor, province du centre-ouest du pays, 4 500 tonnes ont été distribuées, sur 11 400, selon les autorités provinciales.
Inefficacité
Photo: Salih/IRIN |
Le gouvernement doit encore distribuer plus de 115 000 tonnes de blé aux populations vulnérables |
Les restrictions d’accès résultant de l’insécurité, de l’insuffisance des infrastructures de communication et des blocages routiers dus à l’hiver ont également eu des répercussions négatives sur les opérations d’aide, selon les autorités.
Daud Sultanzoy, député, a néanmoins accusé le Comité national des urgences (CNU), composé de plusieurs organismes publics, dont l’AAGCN, et présidé par Karim Khalili, deuxième vice-président du pays, d’inefficacité et de mauvaise gestion institutionnelles.
« Chaque année, nous avons ce type de problèmes », a dit M. Sultanzoy à IRIN.
« Les évaluations, la planification, la mise en œuvre… tout est défectueux parce que le gouvernement n’a même pas de recensement démographique fiable sur lequel se fonder pour pouvoir élaborer des politiques adaptées », a-t-il expliqué.
M. Edrak a dit espérer que la nouvelle branche du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) permette d’améliorer la coordination et les capacités de gestion des catastrophes.
Des promesses dangereuses ?
Les hauts responsables du gouvernement s’engagent souvent à apporter une aide humanitaire aux communautés locales pour tenter de s’assurer un soutien local ou d’apaiser des communautés désenchantées, mais ces promesses ne peuvent pas toujours être tenues, et dans certains cas, cela se retourne contre eux : l’incapacité du gouvernement à tenir ses promesses a provoqué des flambées de violence et des manifestations locales.
En février, au cours d’une distribution alimentaire, à Balkhab, une région de la province de Sar-i-Pul, dans le nord du pays, une rixe a fait au moins un mort et quatre blessés.
Des émeutes ont également été signalées, provoquées par le manque d’équité présumé des distributions humanitaires, le manque d’aide ou les vols de l’aide, ainsi que les attaques menées contre les distributeurs de l’aide.
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