Ces dernières années, la zone de culture des pavots et de production de l’opium avait considérablement diminué en superficie, mais ces progrès ont été inversés au cours des deux dernières années, selon le rapport annuel de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié le 2 février.
« Le problème de la production de pavot dans la région a été contenu, mais pas résolu », a révélé à IRIN Gary Lewis, directeur de l’ONUDC à Bangkok. « Une augmentation significative a été notée, surtout au Myanmar, et la situation menace de s’aggraver en raison des difficultés économiques de plus en plus graves auxquelles sont confrontés les anciens producteurs de pavot ».
Des progrès significatifs ont été réalisés au Laos et au Myanmar ces 20 dernières années, qui ont permis de réduire sensiblement la culture du pavot et la production de l’opium. Au Laos, la zone de culture, dont la superficie dépassait les 30 000 hectares en 1998, est aujourd’hui quasi négligeable.
Mais si la superficie cultivée est restée extrêmement restreinte depuis 2005, elle a recommencé à augmenter ces deux dernières années. De même, au Myanmar, la culture du pavot a baissé de plus des trois quarts depuis 1998, tandis que la production d’opium est passée de plus de 1 300 tonnes à seulement 410 pendant la même période.
Le triangle d’or
Cette réduction est en grande partie le fait des pressions exercées sur deux des plus grands producteurs du Triangle d’or du Myanmar, limitrophe de la Chine, du Laos et de la Thaïlande : les Kokang et les Wa.
Tous deux sont des groupes ethniques rebelles, dotés d’imposantes forces de combat, qui ont conclu des accords de cessez-le-feu avec le gouvernement birman. Les Kokang ont presque totalement cessé de produire de l’opium en 2003 et les Wa en 2005.
Mais ces deux dernières années, la culture du pavot et la production d’opium ont toutes deux recommencé à se développer. « La tendance est sans aucun doute à la hausse, avec une augmentation significative de la surface cultivée au Myanmar », a indiqué Leik Boonwaat, directeur de la branche laotienne de l’ONUDC, également stationné au Myanmar.
Photo: UNODC Laos Opium Survey |
Des progrès considérables ont été réalisés au Laos ces vingt dernières années qui ont permis de réduire sensiblement la culture du pavot |
Les prix d’une majorité de denrées cultivées ou produites à Shan Sate au Myanmar, et au Laos, comme alternative au pavot - notamment le maïs et le caoutchouc - ont en effet diminué de plus de 50 pour cent, selon le rapport annuel des Nations Unies sur la drogue.
La plupart des cultures alternatives des Wa et des Kokang - le thé, le caoutchouc et les fruits - sont vendues de l’autre côté de la frontière, en Chine, où il n’y a presque plus de demande en produits de ce type.
Flambée des prix de l’opium
« Le prix de l’opium a plus que doublé ces dernières années au Myanmar et au Laos, et il est difficile pour les anciens producteurs d’opium d’ignorer ce facteur, qui les incite à se remettre à la culture du pavot », a noté M. Boonwaat.
Face aux prix de plus en plus faibles de leurs cultures de substitution et à la flambée des prix sur le marché de l’opium, des milliers d’anciens producteurs de pavot risquent de reprendre leurs activités habituelles pour générer les revenus supplémentaires dont ils ont besoin.
C’est pourquoi les Nations Unies pensent qu’il est d’autant plus nécessaire, aujourd’hui, de redoubler d’efforts dans la lutte contre les trafiquants de drogue.
« Des mesures importantes ont déjà été prises pour permettre la coopération et l’échange de renseignements entre les différents organes chargés de lutter contre le trafic des stupéfiants dans la région - par l’intermédiaire des bureaux de liaison créés il y a plusieurs années », a indiqué M. Lewis de l’ONUDC.
« Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Il reste beaucoup à faire », a-t-il rappelé.
En particulier, des efforts doivent être fournis en vue de lutter contre le blanchiment des revenus générés par les activités illégales ou le trafic de drogue.
Les pays de la région n’ont pas tous adopté de loi contre le blanchiment d’argent. Les organismes chargés de faire appliquer la loi, les juges et les avocats doivent tous être formés. A cet égard, l’Asie a encore bien du chemin à parcourir, selon M. Lewis.
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