Des technologies adéquates, de solides services publics de réparation et de maintenance, ainsi qu’un bon plan de préparation aux catastrophes naturelles mis en place au Bangladesh permettent d’atténuer l’impact humanitaire des inondations pérennes qui y ont lieu.
Au cours de la dernière crise, plus de 10 millions de personnes ont été touchées et des centaines ont trouvé la mort, lorsque des pluies de mousson torrentielles se sont abattues sur la majeure partie du territoire bangladais au cours des quatre dernières semaines. Des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées à la rue et vulnérables aux maladies hydriques – l’accès à l’eau potable devenant ainsi d’autant plus crucial.
Chaque année, en moyenne, selon les statistiques officielles, 1 000 personnes meurent de diarrhée et 1,5 million d’autres la contractent.
Cette année, entre le 30 juillet et le 21 août, quelque 80 000 cas de diarrhée ont été déclarés dans la région touchée par les crues, dont 16 mortels, selon le ministère bangladais de la Santé. Le nombre de cas peut sembler élevé, mais près d’un tiers du pays a été touché par les crues, la pauvreté est endémique et le Bangladesh compte quelque 153 millions d’habitants.
De même, sur trois années d’inondations particulièrement graves (1988, 1998 et 2004), entre juillet et décembre, période qui comprend le moment même de la crue et la période de rétablissement qui s’ensuit, le pays avait enregistré entre 300 000 et 400 000 cas de diarrhée, en moyenne. C’est pourquoi ni le gouvernement ni l’Organisation mondiale de la santé ne se préoccupent outre mesure du nombre des cas de diarrhée, cette année.
Ce succès relatif en matière de contrôle de la diarrhée et d’autres maladies hydriques repose en partie sur le vaste réseau bangladais de puits tubés et l’efficacité des systèmes publics de maintenance et de réparation. Ceux-ci permettent un approvisionnement fiable en eau potable, issue de sources souterraines non-polluées – même en pleine crue grave.
Les puits tubés
Les puits tubés sont les sources d’eau salubre les plus courantes au Bangladesh, depuis les fortes pressions exercées en ce sens dans les années 1970 et 1980. Auparavant, un grand nombre des habitants buvaient uniquement l’eau de surface - souvent polluée – ce qui se soldait par un nombre de cas de diarrhée encore plus élevé qu’à l’heure actuelle.
« Il y a une forte culture du puits tubé dans le pays. Dans ce pays, c’est une technologie qui s’est avérée rentable. C’est de la basse technologie, à bas prix et ça fonctionne » |
« Il y a une forte culture du puits tubé dans le pays », a expliqué à IRIN, depuis Dhaka, Louis-George Arsenault, représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Bangladesh. « Dans ce pays, c’est une technologie qui s’est avérée rentable. C’est de la basse technologie, à bas prix et ça fonctionne ».
Il y aurait environ 8 à 10 millions de puits tubés sur l’ensemble du territoire.
Selon le département bangladais de la santé et de l’ingénierie publiques (DSIP), quelque 500 000 puits tubés ont été construits dans les régions touchées par les crues, dont 10 à 15 pour cent auraient été endommagés.
Malgré tout, étant donné leur nombre et leur couverture, même lorsqu’un puits est endommagé par la crue, la population peut aisément se tourner vers un autre puits qui n’a pas été endommagé, selon plusieurs experts.
« Ce n’est pas comme si ces puits tubés étaient clairsemés », a estimé Paul Edwards, chef de la section Eau et assainissement environnemental de l’UNICEF au Bangladesh. « Et si 10 ou 20 personnes utilisent le puits tubé, c’est encore bien en deçà de sa capacité ».
Photo: Shehzad Noorani/UNICEF |
Un jeune garçon prenant un bain avec de l'eau tirée d'un puits tubé dans le village de Bolarampur, dans le district de Narandrapur Union of Jessore, au Bangladesh |
Elever un puits tubé au-dessus du niveau des eaux de crue requiert seulement que l’on y ajoute un tuyau d’extension, et que l’on procède, si nécessaire, à une désinfection. A ce jour, 4 586 puits tubés ont déjà été élevés au-dessus du niveau de la crue, et 13 564 autres ont été réparés.
Si la plupart des puits tubés sont des propriétés privées, « il s’agit sans doute de puits tubés publics qui n’ont pas été recouverts par les eaux ou qui étaient peut-être légèrement endommagés. Normalement, ce sont plutôt de petites réparations », a noté M. Edwards. « Le gouvernement est tout à fait en mesure de faire cela. C’est en fait le cœur de métier du Département de la santé et de l’ingénierie publiques », a estimé M. Edwards, ajoutant : « [Il] s’avère vraiment efficace dans des situations comme celle-ci ».
Selon le DSIP, 29 129 autres puits tubés ont été désinfectés. Si l’on considère que 150 personnes peuvent être approvisionnées en eau par un puits donné, le seul nombre de puits tubés élevés et réparés représente déjà un accès à l’eau pour 2,7 millions de personnes. « Au Bangladesh, on atteint assez vite des nombres élevés », a observé M. Edwards.
Un plan de préparation efficace
L’UNICEF a aidé à la construction de 3 380 autres puits tubés dans des refuges prévus en cas de crue, dans des régions considérées comme particulièrement sujettes à ce phénomène.
Mais la couverture en puits tubés n’est pas le seul facteur contribuant à assurer un accès satisfaisant à l’eau.
La mise en place préalable de 20 millions de tablettes de purification d’eau, et de javel en poudre pour permettre la désinfection, ainsi que la création, encore antérieure, d’un certain nombre d’usines mobiles de traitement de l’eau, portent déjà leurs fruits.
A la suite des crues exceptionnellement dévastatrices de 2004, qui avaient touché plus de 30 millions de personnes, le gouvernement, en collaboration avec ses bailleurs et partenaires de développement internationaux, a déployé des efforts considérables en vue de mieux se préparer aux situations d’urgence.
Enfin, l’utilisation répandue des sels de réhydratation orale (SRO) dans les foyers est une raison supplémentaire du faible nombre de décès liés à la diarrhée.
Soucis d’hygiène
Selon M. Edwards, la situation actuelle en matière d’accès à l’eau est « sous contrôle ». « Nous ne sommes pas alarmés, mais nous restons prudents », a-t-il déclaré en allusion au lien entre la diarrhée et les questions d’hygiène et d’assainissement.
« Ce n’est pas vraiment l’eau qui vient des puits tubés qui nous préoccupe à l’heure qu’il est, c’est plutôt ce qu’il advient de l’eau entre le moment où elle sort du puits tubé et le moment où elle est bue », a-t-il expliqué.
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