1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Zimbabwe

Les arrestations se poursuivent, la tension monte

Les forces de l’ordre zimbabwéennes ont arrêté lundi plus de 250 militants pro-démocratie qui protestaient contre l’assassinat d’un membre d’un parti d’opposition et l’interdiction des manifestations politiques décrétée par les autorités du pays.

Plus de 140 militants du parti d’opposition Movement for Democratic Change (MDC) – Mouvement pour le changement démocratique - ont été appréhendés lundi dans la ville de Mutare (Est), à quelque 300 kilomètres de Harare, la capitale, alors qu’une pression de plus en plus forte est exercée sur le gouvernement pour l’amener à libérer les personnes arrêtées et à respecter le principe élémentaire de la liberté d’association.

A Harare, 110 militants de l’opposition ont été arrêtés par les forces de l’ordre alors qu’ils protestaient contre l’interruption dimanche d’une réunion déclarée illégale par la police.

Toutefois, malgré cette vague d’arrestations, le MDC a assuré que la « campagne de défiance » lancée il y a un mois par une coalition de groupes de la société civile allait se poursuivre.

« Nous espérons simplement que les Zimbabwéens seront assez résistants pour continuer et nous avons les leaders qu’il faut pour cela », a indiqué Welshman Ncube, secrétaire général d’une des deux factions du MDC.

« Les Zimbabwéens en ont marre de la faim, de la pauvreté et de la malnutrition. Ils sont également en colère et sont déterminés, ce qui, nous l’espérons, les aidera à surmonter leur peur [des arrestations et de la détention] ».

Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara, les leaders des deux factions du MDC, ainsi que des hauts responsables de partis et organisations non gouvernementales (ONG) ont été appréhendés dimanche avant le début d’une réunion de prière prévue à Highfield, la banlieue ouvrière la plus peuplée de Harare. Dans la même journée, un « militant de l’opposition » a été abattu et trois agents de police ont été blessés au cours d’une altercation.

Cette réunion a été organisée à l’initiative du groupe Save Zimbabwe Campaign (SZC), une organisation de défense de la démocratie créée au mois février par plusieurs ONG, syndicats, associations d’étudiants et partis d’opposition.

Justifiant l’opération policière, le porte-parole de la police, le commissaire adjoint Wayne Bvudzijena, a expliqué que les responsables des partis politiques « s’étaient rendus dans les banlieues populaires pour inciter les gens à sortir dans la rue pour commettre des actes de violence. Il n’y avait pas de réunion de prière – Ces gens sortaient pour organiser des réunions politiques. Or, aucun parti politique, y compris le ZANU-PF [le parti au pouvoir], n’est autorisé à organiser des réunions à Harare ».

Depuis le mois de février, les réunions politiques sont interdites dans la capitale. Cette décision fait suite aux affrontements qui ont eu lieu à Highfield entre les forces de l’ordre et des militants du MDC avant le lancement de la campagne présidentielle du parti à Highfield.

M. Bvudzijena a confirmé qu’un « militant du MDC » a été abattu par la police lorsqu’un groupe de jeunes du parti s’en est pris à des agents de police en patrouille dans cette banlieue.

« Trois agents de police ont été blessés ; l’un d’eux souffre de multiples lésions à la tête ».

Selon le commentateur politique John Makumbe, dès samedi soir, la police avait bouclé la zone où devait se tenir la réunion de prière.

« Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour assister à cette réunion dans la banlieue de Highfield, et il y a eu plusieurs affrontements avec la police. L’objectif du groupe [Save Zimbabwe] est d’intensifier le mouvement. C’est ce qui se passe actuellement, et cela devrait continuer ».

Pour M. Makumbe, on sent bien chez les Zimbabwéens une volonté de maintenir la pression.

« Des pauses pourraient intervenir au cours du mouvement, ce qui est le cas actuellement, la quasi-totalité de ses meneurs étant derrière les barreaux. Une fois [les meneurs] libérés et les troupes remobilisées, la campagne se poursuivra. L’objectif est d’étendre le mouvement à toutes les grandes cités et villes du pays », a-t-il fait remarquer.

La centrale syndicale du ZCTU (Zimbabwe Congress of Trade Unions) a lancé un mot d’ordre de grève générale pour les journées du 3 et 4 avril, a ajouté M. Makumbe.

Les avocats des leaders arrêtés ont confié à IRIN qu’ils n’ont pas pu rencontrer leurs clients qui étaient en garde à vue.

« Nous ne savons pas où ils sont détenus. Nous ne savons pas même combien de responsables politiques ont été arrêtés », a déploré Otto Saki, un avocat de l’association Lawyers for Human Rights (Avocats du Zimbabwe pour les droits humains), une ONG qui défend les personnes victimes de violations des droits de l’homme.

Selon certaines sources, M. Tsvangirai a été brutalisé au moment de son arrestation.

Harrison Nkomo, l’avocat de M. Mutambara, le leader d’une des factions du MDC, a affirmé qu’il s’était fait agresser par des agents de police et avait été contraint de fuir en laissant son véhicule au commissariat de Machipisa, à Highfield, alors qu’il cherchait à avoir des nouvelles de son client.

« L’enquête est en cours », a indiqué le porte-parole de la police, M. Bvudzijena, qui a expliqué les raisons pour lesquelles aucun leader arrêté n’a été traduit en justice.

Les correspondants d’IRIN ont révélé que, selon certaines sources policières, les leaders ont été si violemment agressés que la police n’a pas voulu les faire comparaître devant un tribunal avant qu’ils ne soient remis des blessures subies pendant leur garde à vue.

Le gouvernement a eu un « comportement digne d’un régime fasciste, qui rappelle la brutalité de l’ancien régime rhodésien », a déclaré le SZC, lors de la conférence de presse de lundi.

Le pasteur Lucky Moyo de l’alliance chrétienne, un groupe de dignitaires catholiques, s’est dit attristé par la réaction du gouvernement face à « une manifestation pacifique organisée pour dénoncer une mauvaise législation ».

« Le gouvernement a eu une réaction malheureuse face à des civils sans défense », a souligné M. Moyo, avant d’indiquer que les autorités devraient éviter tout soulèvement populaire provoqué par une accentuation de la pauvreté.

Avec un taux d’inflation annuel supérieur à 1 700 pour cent, une pénurie de devises étrangères et de vivres, on assiste depuis les deux derniers mois à une montée de la tension sociale au Zimbabwe. ONG, associations catholiques, syndicats et étudiants organisent des manifestations sporadiques dans tout le pays.

Lundi, les forces de l’ordre puissamment armées continuaient de patrouiller dans la banlieue de la capitale.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join