« Mon fils a dû abandonner ses études parce que je ne pouvais plus payer à temps sa scolarité », a expliqué Sulayman Dahaba, planteur d’arachide à Basse, une division administrative située à l’extrême est de la Gambie.
Si les paiements tardent à nouveau l’année prochaine, prévient-il, les planteurs devront trouver d’autres sources de revenu.
« Nous abandonnerons les cultures de rente [l’arachide] pour nous consacrer à des cultures de subsistance [riz, mil et maïs] ».
Suite à la politique du gouvernement qui a consisté d’abord à nationaliser, puis à privatiser le secteur arachidier, la production annuelle d’arachide, principale culture d’exportation de la Gambie dans les années 1980, est passée de plus de 100 000 tonnes à 24 000 tonnes seulement cette année.
Et pour redynamiser le secteur, le gouvernement et les négociants privés avaient promis aux planteurs d’arachide que leur production serait payée en espèces. Au début de la saison de commercialisation, des comités locaux ont donc ouvert des centres pour permettre aux planteurs de rencontrer des négociants, de peser et de vendre leur production en se faisant payer sur place. Mais très vite, les négociants ont été à court d’argent.
Deux sociétés de négoce – la GGC [Gambia Groundnut Corporation] et la FACS [Federation of Agricultural Cooperative Societies] – ont alors fait porter la responsabilité de cette situation à la GAMCO [Gambia Agricultural Marking Company], la société à laquelle l’Etat gambien a attribué le monopole de la commercialisation des arachides.
Selon la GAMCO, aucune banque de la place n’a accepté de lui prêter de l’argent étant donné le montant de sa dette qui s’élève à près de 90 millions dalasi (3,4 millions de dollars américains). Ne disposant pas d’argent, les négociants ont alors remis aux paysans des lettres de garantie pour l’achat de 4 685 tonnes d’arachide, représentant une valeur marchande de 40 millions dalasi (1,5 million de dollars), a indiqué le gouvernement en avril dernier.
Pour les quelque 100 planteurs concernés, ils ont été bernés et n’avaient d’autre choix que d’accepter un règlement différé.
« Des mois après, nous ne sommes toujours pas payés », a regretté Babou Jeng, un des malheureux planteurs.
Pendant la campagne présidentielle de septembre, les candidats de l’opposition s’étaient saisis de cette affaire pour critiquer le gouvernement et lui reprocher qu’il n’en faisait pas assez pour soutenir les produits d’exportation de la Gambie.
En mai, Yankuba Touray, le Secrétaire d’Etat à l’Agriculture, avait fait savoir que le gouvernement avait dépêché à l’étranger deux émissaires pour collecter de l’argent afin de payer les planteurs d’arachide.
Ces émissaires sont revenus sans le sou.
Et ce n’est qu’après avoir reçu de leurs clients étrangers le règlement des ventes d’arachide que les négociants locaux ont commencé à payer les planteurs à la fin du mois de septembre, c’est-à-dire deux mois avant le début de la prochaine saison de commercialisation.
Pour le Secrétaire d’Etat à l’Agriculture, on ne peut accuser l’Etat d’être responsable de cette situation.
« Le défaut de paiement n’est pas de la responsabilité du gouvernement dont le rôle est de créer un environnement propice aux affaires », a expliqué M. Touray
Selon, Kabba Jallow, actuel Directeur général de la GAMCO et président de la Commission nationale de commercialisation de l’arachide au moment de la nationalisation du secteur, les planteurs ne doivent pas se plaindre des retards de paiement.
« S’ils ne sont pas payés, ils n’ont qu’à tout simplement arrêter de cultiver l’arachide », a-t-il lancé.
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