Bien que le Congo n’est géographiquement pas considéré comme faisant partie des pays des Grands Lacs, les conflits et hostilités qui, depuis un certain temps, jalonnent cette région africaine en général, et la République Démocratique du Congo en particulier, ont par conséquent engendré une spirale de péripéties tant socio-politiques qu’économiques dont les retombées sont palpables dans ce pays, notamment un courant migratoire des réfugiés et une instabilité généralisée.
Peu après sa prise du pouvoir en 1997, le président Denis Sassou-Nguesso a nommé M. Rodolphe Adada comme son ministre des Affaires étrangères.
A l’issue de la dernière séance préparatoire tenue jeudi à la veille du sommet, IRIN a pu avoir une entrevue avec M. Adada, dont voici les extraits.
IRIN: Y a-t-il lieu d’espérer que cette conférence pourrait contribuer à l’apaisement du conflit actuel en République du Congo?
Rodolphe Adaba: Il n’y pas de conflit au Congo.
IRIN: Que dire alors de ce qui se passe dans la région du Pool?
R.A.: On ne peut pas affirmer qu’il y a un quelconque conflit. Nous sommes dans la phase de démobilisation des [miliciens]combattants[Ninjas].Mais ce serait tout à fait erroné de dire que c’est la recherche de solution à nos problèmes internes qui nous amène ici dans cette conférence.
IRIN: Pas plus tard que le mois dernier, les attaques perpétrées par les rebelles ont tout de même entraîné l’interruption de la desserte ferroviaire entre la capitale Brazzaville et la ville portuaire de Pointe-Noire.
R.A: Ces attaques n’ont été que des actes de banditisme car les rebelles eux-mêmes y ont nié toute implication.
IRIN: Où donc se situe l’intérêt du Congo dans cette conférence?
R.A: Le Congo est l’une des victimes [indirectes] des conflits qui sont plus ou moins persistants en République Démocratique du Congo(RDC) et dans la région des Grands Lacs en général. Le Rwanda et le Burundi ont été le point de départ des problèmes, et ceux-ci se sont peu à peu ramifiés sur toute l’étendue de la sous région.
La Tanzanie compte plus de 200.000 réfugiés. Nous en avons aujourd’hui plus de 100.000 dans mon pays. Depuis 1996 [le Congo] abrite à ce jour plus de 100.000 réfugiés en provenance du Rwanda. Bien que nous n’ayons pas de rapports [géographiques] directs avec le Rwanda et le Burundi, nous sommes toutefois affectés par ce qui s’y passe.
Le probleme de réfugiés n’est pas le seul. Notre capitale,
Brazzaville, est une ville jumelle avec la capitale de la RDC, Kinshasa, Et nous avons, en outre, plus de 500 kilomètres de frontière commune,[ce qui fait que] la moindre déstabilisation en RDC a des répercussions sur nous.
Voilà ce qui nous ont amenés à faire une demande de participation à cette conférence.
IRIN: Voulez-vous dire par-là que les conflits armés qu’a connus le Congo au cours des dernières années, notamment une guerre et un coup d’Etat, auraient pu être moindres s’il y avait la stabilité dans la région?
R.A: C’est très important de souligner tout d’abord que la crise que nous avons connue en 1997 n’avait rien d’un coup d’Etat, mais était plutôt fomentée par le refus de l’ancien président[Pascal Lissouba] de tenir les élections. Depuis, cette crise a été gérée par les Congolais eux-mêmes, sans intervention extérieure. Tous les problèmes du Congo se trouvent à présent résolus et, depuis 2002, nous avons été en mesure d’organiser des élections régulières dans notre pays.
IRIN: Serait-il vrai d’affirmer que les conflits dans la région ont aggravé la situation de votre pays?
R.A.: Nous sommes des pays voisins, limitrophes les uns
des autres, ce phénomène a contribué. En ce qui concerne [le Congo], l’ancien président soutenait [le feu président de la RDC] Mobutu [Sese Seko] lors de la première guerre en RDC, et […]la chute de celui-ci a déclenché l’exode de ses [anciens] partisans vers le Congo, ils ont été rejoints plus tard par les réfugiés rwandais. Ceci est un problème que nous essayons de surmonter depuis huit années.
IRIN: Cela revient-il à dire que l’importance d’un dispositif régional comme celui-ci ressort de l’envergure régionale des crises: réfugiés, armes etc.?
R.A: Les problèmes sont nombreux, du genre humanitaires par exemple. Mais notre préoccupation majeure pour le moment est de ne plus voir [les conflits dans la région] resurgir, mais qu’il y ait plutôt une coopération entre des gouvernements qui se font mutuellement confiance.
IRIN: Comment peut-on y parvenir?
R.A: Ce qui importe pour le moment est [d’abord] la stabilité en République Démocratique du Congo, car rien ne pourra [se réaliser] en Afrique centrale tant que la situation de ce pays demeurera [instable].
IRIN: Etes-vous satisfaits de progrès réalisés jusque-là?
R.A.: Nous sommes tous satisfaits des travaux de la conférence, tout le monde en est ravi.
IRIN: Que dire de certains sujets à controverse comme la menace de retrait faite par le Kenya si les questions liées à l’environnement ne sont pas abordées?
R.A: Des questions délicates ne manquent jamais, et c’est naturel. Nous soutenons la position du Kenya étant donné que, par ordre d’importance, le bassin [hydrographique] du Congo couvre la deuxième forêt tropicale humide du monde après celui de l’Amazone[en Amérique du sud], et est dotée de nombreux lacs comme le Tanganyika, Kivu, Victoria, lesquels regorgent des
ressources écologiques considérables. Il y a aussi le cas du parc national de Virunga qui a été détruit [par la guerre en RDC]. Ces questions, parmi tant d’autres, doivent être abordées dans cette conférence, et elles le sont.
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