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Les syndicats annulent leur préavis de grève après 11 heures de négociations

[Nigeria] Adams Oshiomhole, President of the Nigeria Labour Congress, addresses a meeting in Lagos during the general strike of June 2004. IRIN
President of the Nigeria Labour Congress Adams Oshiomhole is a very persuasive speaker
Les puissants syndicats des travailleurs du Nigeria ont annulé lundi la grève générale prévue aujourd’hui. Après 11 heures de négociation, le gouvernement a accepté une réduction de près de 10 pour cent sur le prix de l’essence à la pompe.

“Le gouvernement a réduit le prix de l’essence,” a indiqué à IRIN depuis Abuja John Odah, le secrétaire général du Congrès des travailleurs du Nigeria (NLC), depuis Abuja. “Nous avons donc décidé de suspendre la grève.”

Le sénateur Ibrahim Mantu a annoncé la baisse du prix du kérosène, de l’essence et du diesel “dans un souci d’apaisement”, alors que les syndicats se préparaient à lancer leur plus grand défi au président Olusegun Obasanjo.

Selon Odah, le NLC va rejoindre à présent la commission mise sur pied par les autorités et dirigée par le sénateur pour étudier les revendications en faveur d’une réduction du prix de l’essence, après une vague de protestations contre une augmentation de 23 pour cent du prix du fuel domestique décidée par le gouvernement en septembre.

Le NLC des travailleurs avait appelé à une grève illimitée à partir de mardi, arguant que la hausse du prix de l’essence affectait la majorité des 126 millions habitants du Nigeria.

Au cours d’une grève d’avertissement de quatre jours organisée le mois dernier, les militants syndicalistes ont fermé les banques, les commerces, les boutiques et les services publics de la capitale économique du pays. Cette fois-ci, les militants menacent de s’en prendre à la production de pétrole brut et aux exportations du Nigeria, le septième producteur mondial de pétrole.

A la tête du mouvement de protestation, Adams Oshiomhole, le responsable du NCL, un personnage charismatique et au franc-parler, perçu de plus en plus comme le plus farouche opposant à Obasanjo.

Par son action visant à réduire le prix de l’essence pour les 70 pour cent de la population nigériane qui vivent avec moins d’un dollar par jour, Adams Oshiomhole a su gagner la sympathie du syndicat des cadres et d’une coalition de groupes d’action civique.

“Nous revendications doivent aller au-delà du problème du prix de l’essence et inclure des actions contre le désespoir grandissant des populations et un régime politique qui a rendu impossible le dialogue entre les partenaires sociaux,”a t-il déclaré à la presse le mois dernier.

Oshiomhole a entretenu des relations cordiales avec Obasanjo après son élection à la présidence en 1999 et a soutenu sa candidature pour sa réélection en 2003.

Mais leurs relations se sont tendues lorsque le gouvernement a décidé de suspendre les subventions allouées à l’industrie pétrolière, dans le cadre de sa politique de déréglementation du secteur. Au cours des cinq années de présidence de Obasanjo, le NLC a organisé six grèves générales, chaque fois, pour répondre aux augmentations du prix de l’essence.

Obasanjo a fait savoir que les quelques 2 milliards de dollars américains que l’état verse chaque année pour subventionner l’essence pourraient être investis dans des projets de santé et des programmes éducatifs et que les prix artificiellement bas de l’essence ont un impact négatif sur les raffineries du Nigeria qui ont besoin d’investissements privés.

Oshiomhole pense que l’effet dévastateur des augmentations du prix du pétrole constitue une charge supplémentaire pour les plus démunis au Nigeria. “Nous devons sortir de ce cercle vicieux où chaque fois que prix du pétrole brut augmente, le prix de l’essence à la pompe augmente aussi,” a indiqué à IRIN Odah. “Nous devons trouver une solution durable. C’est pour cette raison que nous avons rejoint la commission.”

Après la grève de quatre jours qui a eu lieu en octobre, le gouvernement a mis sur pied une commission composée de fonctionnaires de l’état, de parlementaires et de représentants des syndicats. Mais Obasanjo a rejeté la demande de réduction de prix, arguant que les augmentations étaient les conséquences logiques des reformes entreprises par le gouvernement et que ces dernières étaient irréversibles.

Oshiomhole et d’autres critiques ont fait savoir que Obasanjo n’était pas à l’écoute du peuple et que les revendications concernant l’annulation de la hausse de 23 pour cent appliquée en septembre s’inscrivent dans le cadre de la lutte pour la sauvegarde de la démocratie.

“Dans une démocratie, le gouvernement gouverne en fonction des aspirations des citoyens, mais pas pour sauvegarder les intérêts égoïstes des dirigeants,” a t-il déclaré à IRIN.

“La participation de plus de 100 millions de nigérians à la dernière grève doit être suffisante pour que le gouvernement comprenne qu’il doit mener la politique que les citoyens attendent de lui,” a t-il ajouté.

Oshiomhole a commencé sa carrière comme ouvrier dans une usine de textile de Kaduna, une ville du nord du Nigeria, après ses études secondaires. A l’époque, se souvient-il, les superviseurs vous sanctionnaient d’une mise à pied sans salaire pour la plus petite faute commise. Les syndicats étaient incapables de vous venir en aide. “Nous n’avions absolument aucun droit,” a t-il conclu.

Après son adhésion à un syndicat, il est allé poursuivre ses études à Ruskin College, à Oxford, et à son retour en 1979, il a travaillé à temps complet au syndicat des ouvriers du textile, des vêtements et de la couture du Nigeria. Trois années plus tard, il est devenu secrétaire général du syndicat.

Sa première confrontation publique avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale a eu lieu en 1985 alors qu’il était adjoint au secrétaire général du NLC, pendant le règne de Ibrahim Babangida, président de la junte militaire du Nigeria. Dans un débat télévisé, il a vertement critiqué les stratégies préconisées, en particulier le projet visant à mettre un terme aux subventions de l’état.

Sous les gouvernements militaires successifs, Oshiombole et le NLC ont été à plusieurs reprises victimes d’interdiction et de tracasseries de la part des autorités. Mais en 1998, le général Abdulsalami Abubakar a levé la dernière interdiction, permettant ainsi à Oshiomhole de devenir le secrétaire général du NLC l’année suivante.

Arrivé au pouvoir après les élections de 1999 qui ont mis fin à plus de 15 ans de règne militaire, Obasanjo voit le NLC comme un syndicat préoccupé uniquement par les problèmes de salaire et de conflit de travail, alors qu’Oshiomhole inclut dans son combat l’amélioration des conditions sociale et politique des travailleurs nigérians.

Face aux manifestations du NLC, le président Obasanjo a transmis une proposition de loi visant à “annuler” le décret relatif à l’augmentation du prix de l’essence à la pompe.

Mais de nombreux groupes sociaux ont apporté leur soutien au syndicat. Lors d’un récent rassemblement de partisans de la grève dans la Lagos, la plus grande ville du Nigeria, des membres de la secte Hare Krishna se sont mêlés aux représentants de la commission pour la justice, la paix et le développement de l’église catholique, aux activistes des droits de l’homme, aux associations des taxis-mobylettes et aux militants du delta du Niger.

Oshiomhole est arrivé en jeep décapotable, sous les applaudissements de milliers de personnes.

“Oshiomhole est le seul à se battre pour les gens ordinaires,” a indiqué Binta Amusa, une vendeuse de rue. “Il devrait être notre Président.”


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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