Selon des sources humanitaires, les attaques lancées par des groupes de jeunes ont duré trois semaines. Des témoins ont rapporté que tout comme les Burkinabé et les Maliens, les Ivoiriens du Nord et ceux provenant du Centre de la Côte d'Ivoire ont été également ciblés, lésés de leurs récoltes et de leurs biens.
La violence a été particulièrement extrême dans le village de Mahinadopa, dans la région de Ouragahio, où environ 500 Maliens sont rapportés en fuite depuis l'incendie de leurs cases et maisons. Ouragahio est la région natale du Président Laurent Gbagbo, qui est arrivé au pouvoir en Octobre 2000.
Des sources sur le terrain ont signalé que les fugitifs ont trouvé refuge dans un centre à Gagnoa. Les autorités locales ont rapporté avoir demandé aux chefs traditionnels de les convaincre de repartir dans leurs villages. Cependant des informations faisaient état de jeunes gens hostiles qui bloquaient un quelconque retour.
Selon les nouvelles parvenues de Gagnoa, les jeunes gens impliqués dans les attaques ont révélé qu'ils étaient en colère, à cause du refus des Maliens et Burkinabé de vendre leurs productions aux nouvelles coopératives locales.
Le quotidien ivoirien "24 HEURES", a avancé mardi, que de nouvelles mesures "d'expropriation forcée" avaient été appliquées sur les populations burkinabé, malienne et ivoirienne originaire du Nord, notamment les Sénoufos et les Tagbanas, communément surnommés Dioulas. Les planteurs de cacao de l' ethnie Baoulé, originaires du Centre de la Côte d'Ivoire, ont également entretenu des relations conflictuelles violentes dans le passé, avec les populations Bété de l'Ouest.
Il y a eu de nombreux échos de propriétaires terriens locaux demandant des rentes plus élevées aux cultivateurs, soit 50,000 CFA l'hectare ($90 US), bien qu'ayant vendu les mêmes lots des années auparavant.
La région de Gagnoa produit, en temps normal, le quart de la production annuelle de Côte d’Ivoire, qui est de 1.2 millions de tonnes. Cependant, les producteurs de cacao ont averti que la production demeurait basse et alarmante.
La violence autour de Gagnoa survient au moment où l'Etat prévoit de rétablir l'administration dans l'Ouest. Le Premier Ministre Seydou Diarra vient à peine d'autoriser l'envoi de 26 administrateurs dans l'Ouest, mettant l'accent sur le besoin de mettre un terme à ces tensions inter-communautaires, et la prompte résolution des problèmes passés.
La Côte d'Ivoire fait face à des problèmes politiques depuis septembre 2002, lorsqu'une mutinerie de soldats a organisé une tentative de coup d'état. Les soldats rebelles ont rebroussé chemin, prenant le contrôle du Nord et de l'Ouest du pays. En janvier, ils ont signé un accord de paix sous les auspices de la France, approuvé par le Président Laurent Gbagbo. Ils ont ensuite rejoint un gouvernement de large ouverture dit de réconciliation nationale en avril.
Les rebelles ont toutefois suspendu leur participation au processus de paix le 23 septembre, accusant M. Gbagbo d’avoir refusé de déléguer ses pouvoirs effectifs au gouvernement. La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a organisé un sommet de réconciliation entre M. Gbagbo et les rebelles, le 11 novembre, dans la capitale ghanéenne, Accra.
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