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Les combats risquent de perturber les activités humanitaires, avertissent les agences

La reprise récente des combats entre les forces gouvernementales et rebelles dans le centre du Liberia perturbe sérieusement les efforts déployés par les agences humanitaires pour élargir leur accès à l’intérieur du pays, ont averti mercredi des travailleurs humanitaires.

En dépit de la signature, le 18 août, d’un accord de paix global, le gouvernement libérien a récemment essuyé une défaite face au mouvement Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) dans des affrontements entre Gbarnga et Gbatala, à plus d’une centaine de kilomètres au Nord de Monrovia.

Les forces gouvernementales ont également été repoussées par l’autre groupe rebelle, le Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL), dans des combats aux abords de l’Aéroport International Roberts, à cinquante kilomètres au sud-est de la capitale.

Les agents humanitaires craignent qu’une poussée du LURD en direction du sud, le long du principal axe routier entre Gbarnga et Monrovia, déclenche un déplacement massif de civils.

Les rebelles ont commencé à progresser de Gbarnga vers le sud en fin de semaine. Mercredi, des milliers de civils apeurés se hâtaient sous une pluie battante en direction de Monrovia, venant de zones aussi éloignées que Totota, une localité située à 110 km au Nord de la capitale.

Depuis que Gbatala a été capturée par le LURD, Totota, la localité la plus proche sur la route, est désormais quasiment sur la ligne de front. Sa population s’élève à environ 70 000 habitants et, jusqu’il y a quelques jours, quelque 75 000 déplacés vivaient dans quatre camps autour de la ville.

Les travailleurs humanitaires ont indiqué qu’à mesure que les combats approchaient de Totota, de nombreux déplacés ont commencé à partir.

Cyrille Niameogo, directeur de l’UNICEF au Liberia, a déclaré à IRIN : "Nous sommes fortement préoccupés par le mouvement de la population en direction du centre du Liberia. On ne s’y attendait pas du tout. Ce serait plus facile si ces personnes restaient dans leurs régions au lieu de se déplacer d’un endroit à l’autre ».

La plupart des personnes déplacées au Liberia se trouvent à Monrovia. Les estimations concernant leur nombre varient grandement mais, Ross Mountain, le Coordinateur humanitaire de l’ONU au Liberia, a affirmé ce mercredi que les agences humanitaires sont tombées d’accord sur un chiffre consensuel de 300 000.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) utilise un chiffre de travail de 500 000 personnes déplacées dans l’ensemble du pays.

Le général Benjamin Yeaten, commandant de l’armée libérienne, a indiqué mercredi que ses hommes se battaient toujours contre les forces du LURD à mi-chemin entre Gbatala et Totota.

M. Yeaten a également proclamé que les combattants loyalistes ont repoussé les combattants du MODEL près de Bahn, une localité reculée du comté de Nimba, à 240 km au Nord-Est de Monrovia. La radio nationale libérienne a rapporté en fin de semaine que le MODEL avait massacré des centaines de civils à Bahn, mais le MODEL a diffusé un communiqué niant l’atrocité présumée.

"Nous voulons que l’ECOMIL (la force ouest-africaine de maintien de la paix au Liberia) et la communauté internationale interviennent pour faire cesser cette agression du LURD et du MODEL », a déclaré M. Yeaten à IRIN.

Or le chef d’état-major du LURD, le général Aliyu Sheriff, a reproché au gouvernement d’avoir provoqué ces nouvelles hostilités. Il a ainsi déclaré : "les combattants gouvernementaux ont attaqué nos positions dans le comté de Bong, près de Gbarnga, en violation de l’accord de paix. Nous avons réussi à leur confisquer un matériel militaire flambant neuf, notamment des fusils automatiques et des lance-grenades à tubes.

"Nous n’aurons pas de répit et nous les pourchasserons d’où qu’ils viennent. Une fois à Monrovia, nous les livrerons à l’ECOMIL », a-t-il annoncé à IRIN.

Des sources proches de la sécurité ont indiqué néanmoins que la force de maintien de la paix conduite par le Nigeria ne disposait pas encore d’assez d’hommes sur le terrain pour pouvoir établir une présence constructive à l’extérieur de la capitale. « L’ECOMIL aurait aimé se déployer hier, mais il n’y a que 1 550 hommes au Liberia. La plupart d’entre eux sont occupés à Monrovia », a expliqué à IRIN un expert militaire à Monrovia.

Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a signalé mardi que les combats entre les forces gouvernementales et du MODEL entre le port de Buchanan, sous contrôle rebelle, et l’Aéroport International Roberts, ont également fait fuir des milliers de civils à la fin de la semaine.

Le MODEL a attribué au gouvernement le déclenchement de ces affrontements et d’autres combats récents.

"Les forces gouvernementales ont lancé plusieurs assauts non provoqués contre les positions du MODEL depuis le départ de (l’ex-président Charles) Taylor, dans le seul but de nous entraîner dans une bataille injustifiée », a-t-il précisé dans un communiqué paru lundi.

"Nous avons commencé cette rébellion armée dans l’objectif de chasser Charles Taylor, Nous avons réussi. Nous avons plaidé pour partager le pouvoir au Liberia à l’issue du départ de Taylor. Nous y sommes autorisés. Pourquoi d’autre devrions-nous combattre ? », s’est demandé le MODEL.

Le gouvernement américain, qui a stationné 2 300 Marines dans des navires de guerre au large de la côte libérienne, a condamné les derniers combats. Il a souligné que la reprise de la violence mettait en péril l’accord de paix signé il y a juste une semaine et qu’elle entravait les efforts humanitaires.

A Washington, le porte-parole du Département d’Etat, Philip Reeker, a critiqué toutes les parties belligérantes de ne pas avoir cessé les hostilités.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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