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Le port sous contrôle des Nigérians, les marines débarquent

[Liberia] US marines in Monrovia. IRIN
The first batch of US marines landed in Monrovia on Thursday
Les troupes nigérianes de maintien de la paix ont pris, jeudi, le contrôle du port stratégique de Monrovia, pendant que les forces rebelles se retiraient de la ville et que les soldats américains débarquaient à l'aéroport international, pour apporter leur puissance de feu en renfort si nécessaire.

Des hélicoptères et deux transbordeurs de la force navale américaine postée au large ont survolé la ville, pendant que les soldats nigérians prenaient position sur les deux ponts enjambant la lagune Mesurado, au centre de Monrovia, qui avait marqué la frontière entre le gouvernement libérien et les forces rebelles durant les mois écoulés.

Une foule de plusieurs milliers de civils libériens, joyeux et excités, s'est formée dans le centre-ville de l'autre côté du pont, soucieux de retourner dans leur domicile dans les quartiers nord, et de retrouver les amis et parents desquels ils avaient été séparés dans la tourmente de la guerre. Mais les troupes nigérianes leur ont barré le chemin, arguant que les forces de maintien de la paix devaient sécuriser la zone avant d'en permettre le libre accès aux civils.

Les espoirs de trouver des stocks substantiels de nourriture dans les entrepôts du port, que les agences humanitaires comptaient distribuer à un million d'habitants affamés, se sont évanouis, après 24 heures de pillage massif organisé avant l'arrivée des soldats.

Un correspondant de IRIN qui a visité le port jeudi, a rapporté que les entrepôts du PAM, qui contenaient plus de 9 000 tonnes de nourriture, avaient été pillés. Tous les conteneurs de vivres dans le port avaient été forcés et vidés

Les agences de secours estiment qu'entre 200 000 et 450 000 personnes, chassées de leur habitation par deux mois de combats à Monrovia, souffrent d'un besoin pressant de nourriture. La ville a pratiquement épuisé sa provision de carburant et d'eau potable, l'hygiène dans les abris de fortune pour les populations déplacées sont déplorables et les maladies comme la diarrhée et le choléra sévissent.

Les soldats nigérians ont été salués sur l'île de Bushrod par des foules enthousiastes de personnes chantant "nous voulons la paix. Bienvenue ECOMIL".

Quelque temps avant leur entrée, 9 hélicoptères américains avaient atterri à l'aéroport international de Roberts Field, situé à 50 km à l'est de Monrovia, transportant une force d'action rapide de 150 marines. Cela, en vue d'appuyer le bataillon de 776 soldats nigérians qui a amorcé son débarquement le 4 août.

Un second bataillon de presque 800 Nigérians était attendu au plus tard jeudi à l'aéroport.

Environ 2 300 militaires américains attendent sur les navires de guerre au large, mais les officiels du Département américain de la Défense à Washington ont déclaré mercredi nuit, que les plans prévoyaient le déploiement de 200 d'entre eux, en surplus des 100 militaires déjà sur le terrain. La majorité de ces derniers est affectée à la défense des bâtiments fortifiés de l'ambassade des Etats-Unis.

L'ambassadeur américain John Blaney a déclaré aux journalistes à l'aéroport, pendant que les marines débarquaient : " Vous allez voir les bottes américaines sur le terrain et une ferme volonté de soutenir l'humanitaire dans ce pays".

Dans l'intervalle, le Président provisoire du Liberia M. Moses Blah s'est envolé pour la capitale ghanéenne, Accra, pour rencontrer les leaders des deux mouvements rebelles, en vue d'ôter les derniers obstacles qui jalonnent le chemin d'un accord de paix consensuel devant mettre fin à 14 années de guerre civile.

Le ministre libérien de la Défense, M. Daniel Chea, a déclaré jeudi à IRIN, qu'il espérait que les trois parties pourraient signer un accord de paix définitif le lendemain ou le jour suivant. " Nous sommes ici pour conclure des arrangements concernant l'accord de paix. Nous avons signé un cessez-le-feu le 17 juin et je suis sûr que nous parviendrons à un accord cette fois," a-t-il avancé.

L'ancien Président Charles Taylor, qui avait déclenché les hostilités au Liberia et assisté des mouvements rebelles dans trois pays voisins, a démissionné lundi, avant de partir en exil au Nigeria, abandonnant ses charges présidentielles à M. Blah, son vice-président.

Le départ de Taylor, sous forte pression des Etats-Unis, a abouti au retrait des rebelles de Monrovia et au déploiement des troupes américaines mandatées pour assister les Nigérians. Ces derniers sont l'avant-garde d'une force multinationale d'intervention ouest-africaine qui entend envoyer 3 250 hommes au Liberia d’ici la fin d'août.

M. Blah devra diriger le pays jusqu’en octobre, où un gouvernement intérimaire de large ouverture, formé sur la base de l'accord de paix, prendra la relève.

Quelque temps après son arrivée à Accra, M. Blah a rencontré M. Sekou Conneh, Président du mouvement rebelle Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie (LURD), qui a combattu les forces gouvernementales pour le contrôle de Monrovia depuis le début de juin, et M. Thomas Nimely, leader du Mouvement pour la Démocratie au Liberia (MODEL). Le groupe rebelle de Nimely contrôle le Sud et l'Est du Liberia, dont Buchanan, la seconde ville du pays.

Des diplomates de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui préside les pourparlers de paix à Accra, ont signifié que les leaders libériens seraient rejoints plus tard par le Président John Kufuor, le Président en exercice de la CEDEAO.

"Croisons toujours les doigts. Nous allons d'arrache pied déboucher sur un accord final," a déclaré à IRIN le Secrétaire Exécutif de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas alors qu'il se rendait aux pourparlers.

Pendant que les soldats nigérians faisaient leur entrée dans la zone portuaire de l'île de Bushrod à midi (12.00 GMT), jeudi, les combattants du LURD continuaient de se retirer du côté du fleuve Po, au nord de Monrovia.

En partant, ils ont chargé des véhicules pick-up de produits pillés tels que des chaises plastiques, des matelas et des bidons de carburant. Un groupe s'en est même allé avec des camions du PAM.

Dans le même temps, les combattants du gouvernement ont été dégagés du centre-ville et des quartiers Est, laissant Monrovia aux mains des soldats nigérians et américains, et d'une poignée de policiers libériens. La plupart des barrages routiers contrôlés par les soldats du gouvernement et les milices ont été démantelés dans la nuit de mercredi.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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