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Taylor rejette la proposition de former un gouvernement de transition dans les 30 jours

[Liberia] Liberian President - Charles Taylor. BBC News
President Charles Taylor
Le président libérien Charles Taylor a rejeté vendredi la proposition de former dans les 30 prochains jours un gouvernement de transition qui l'excluerait.

M. Taylor a fait savoir qu'il ne se retirerait du pouvoir qu'à la fin de son mandat actuel, en janvier 2004, et qu'il pourrait même se présenter aux élections.

"Il ne saurait y avoir un gouvernement intérimaire dans les trente jours ", a déclaré M. Taylor dans une intervention à la radio. "La vaste majorité de notre peuple libérien [et] des chefs traditionnels ne veut pas être mise de côté".

Ainsi, le président revient sur l'engagement pris il y a une quizaine de jours de se retirer de la présidence, si cela pouvait aider à ramener la paix dans ce pays déchiré par la guerre. Ce revirement risque de compliquer les pourparlers de paix qui ont lieu au Ghana entre son gouvernement et les deux mouvements rebelles.

Mardi, le gouvernement a signé un accord de cessez-le-feu avec les deux groupes rebelles : Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) et le Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL). Celui-ci stipule qu'un gouvernement de transition excluant M. Taylor serait formé dans les trente jours.

La trêve était censée favoriser des négociations conduisant à un règlement politique durable, visant à mettre fin à quatorze ans de guerre civile continue au Liberia.

A l'ouverture des pourparlers inter-libériens le 4 juin, M. Taylor s'était dit prêt à renoncer à ses fonctions si cela pouvait ramener la paix dans le pays.

Mais vendredi, le président s'est contredit : " J'ai l'intention de finir mon mandat en tant que président et de remettre le pouvoir au vice-président. Je me réserve le droit, mon droit constitutionnel, de participer aux élections générales si je décide de le faire ".,

"Je jouis encore d'une confiance et d'une popularité auprès des Libériens ", a ajouté M. Taylor.

Son vice-président est Moses Zeh Blah. M. Taylor l'avait limogé et mis en arrestation, l'accusant d'avoir fomenté un putsch au lendemain de l'ouverture des pourparlers de paix. Il a néanmoins libéré M. Blah quelques jours plus tard et l'a reconfirmé à son poste.

Lors de l'intervention de vendredi à la radio, M. Taylor a essayé de minimiser l'importance des discussions qui se déroulent actuellement à Accra, affirmant qu'il ne s'agissait " pas d'une conférence souveraine mais de pourparlers de paix ". Il a déclaré que le forum ne pouvait reporter les élections, comme le préconisent huit partis de l'opposition.

"Toutes les questions polémiques seront décidées par la Cour suprême ", a-t-il indiqué.

Avant l'ouverture des pourparlers, M. Taylor avaient annoncé que des élections législatives et présidentielles auront lieu le 14 octobre prochain. Mais les autres parties à la conférence de paix ont proposé qu'une administration de transition gouverne le Liberia pendant deux années avant que de nouvelles élections puissent être organisées.

Les premiers signes indiquant que M. Taylor résisterait aux pressions internationales en vue de son depart, sont apparus il y a une semaine. M. Taylor avait en effet déclaré à des journalistes qu'il n'envisagerait pas un retrait avant janvier 2004, sauf si sa mise en accusation pour crimes de guerre était levée et si on lui garantissait l'immunité contre des poursuites.

De son côté, David Hecht, le porte-parole du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, a ultérieurement déclaré à IRIN : "Dans le cadre du droit international, il n'existe pas d'immunité pour les personnes accusées de crimes contre l'humanité ".

L'inculpation a été annoncée par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, associé à l'ONU, alors que M. Taylor s'envolait à destination d'Accra, pour assister à la cérémonie d'ouverture des pourparlers de paix. Elle émane de l'appui présumé de M. Taylor aux rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) de la Sierra Leone, qui ont amputé, violé et assassiné des milliers de Sierra Léonais pendant la guerre civile de 1991 à 2001.

Jeudi, le ministre libérien de l'Information Reginald Goodridge a averti qu'un départ de M. Taylor, qui ne serait pas en bonne et due forme, risquerait de déboucher sur un " bain de sang " au Liberia. "Ce qui importe à ce gouvernement, c'est que M. Taylor soit partie prenante dans le processus de désarmement et de démobilisation, ainsi que dans la transition de la guerre à la paix ", a souligné M.Goodridge.

Par ailleurs, les agences humanitaires internationales ont profité du silence des armes pour reprendre leurs efforts visant à apporter une assistance alimentaire et médicale aux 2,7 millions de Libériens désespérés.

L'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a informé qu'elle avait affrété à Monrovia Vendredi, 15 tonnes de matériel logistique et médical afin d'aider les populations déplacées par le conflit. La cargaison contient des médicaments, des colis alimentaires thérapeutiques et complémentaires, du matériel sanitaire d'urgence, de l'eau, et assez de fournitures médicales pour faire fonctionner pendant trois mois un hôpital de trente lits.

De son côté, World Vision a commencé à distribuer de la nourriture à 9 524 personnes déplacées dans le lycée D. Tweh de Monrovia.

World Vision a indiqué que beaucoup de déplacés qui avaient fui vers le centre de la capitale pour y chercher refuge après l'assaut rebelle sur la capitale il y a deux semaines, ont commencé à retourner aux camps dans la périphérie de la ville. Ces camps hébergeaient plus de 100 000 personnes avant que l'offensive du LURD contre Monrovia ait donné lieu à cinq jours de combats intenses dans les faubourgs occidentaux.

Des milliers de ressortissants étrangers ont quitté Monrovia depuis le début de l'assaut contre la ville. Le gouvernement nigérian a évacué plus de 3 000 Nigérians dans deux avions par navette aérienne entre Monrovia et Lagos, qui a pris fin jeudi, selon des sources auprès de l'ambassade nigériane.

Des centaines de Libériens et de Ghanéens campaient encore dans le port de Monrovia ce vendredi dans l'espoir de partir par la mer. Un vaisseau de la marine ghanéenne devait évacuer 300 à 400 autres Ghanéens à la fin de la semaine.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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