Des responsables de la Croix-Rouge ont indiqué à IRIN dimanche que les déplacés incluaient des immigrés du Burkina Faso, du Liberia et du Mali, ainsi qu'un certain nombre d'Ivoiriens. Deux mille personnes au moins sont assistées par des agences humanitaires.
Les médias officiels ont informé que, selon les premières indications, 270 personnes au moins auraient été tuées et 300 autres blessées dans diverses parties du pays depuis que la violence a éclaté dans les villes d'Abidjan, Bouaké et Korhogo.
Les agences humanitaires allaient procéder à une évaluation des besoins ce lundi. On craint cependant que les représailles continues déclenchent un mouvement d'expulsion des réfugiés libériens et sierra Léonais du pays.
Samedi, le gouvernement a exhorté les gendarmes et les autres Ivoiriens de s'abstenir de s'en prendre à des innocents. Les responsables de la Croix-Rouge ont noté que ces appels ont été ignorés dans certaines parties du pays.
Des diplomates ont affirmé que les représailles ont été provoquées par les déclarations du gouvernement ivoirien faisant allusion à une implication d'un pays voisin dans le soulèvement. Les ministres de la Sécurité et de la Défense du Burkina Faso, Djibril Bassole et Kouame Lougue, ont démenti les accusations vendredi dernier.
A Cocody, un quartier chic d'Abidjan, le domicile du chef de l'opposition Alassane Ouattara a été partiellement détruit par les flammes dans la nuit de samedi alors que l'opposant s'était réfugié dans la résidence de l'ambassadeur français. Toutefois, le gouvernement a souligné que les chefs de file de l'opposition n'étaient pas une cible.
M. Ouattara, chef du Rassemblement des républicains et ancien premier ministre, s'était vu refuser jusqu'au 30 juin la nationalité ivoirienne et la participation à une fonction publique, sous prétexte qu'il était Burkinabé.
Le calme est retourné dans la plupart des quartiers d'Abidjan en fin de semaine dernière. Des barrages routiers ont été érigés mais le couvre-feu a été réduit dimanche et n'est désormais en vigueur que de 20h à 6h TU. Les magasins et les bureaux ont ouvert à Abidjan lundi.
La France a affrété une centaine de soldats samedi afin de protéger ses 20 000 ressortissants en Côte
d'Ivoire, et le gouvernement a donné l'ordre à tous les membres de ses forces de sécurité, y compris ceux de la police et de l'armée, de se présenter à leur poste pendant la fin de semaine.
Les villes de Bouaké (centre), à 350 km au nord d'Abidjan, et de Korhogo, à 634 km au nord, étaient toujours sous le contrôle des mutins lundi, selon les diplomates.
Des missionnaires à Bouaké ont déclaré à IRIN lundi que la ville était « calme, à part quelques tirs occasionnels », mais qu'il n'y avait pas d'eau courante depuis le début de la journée. Un couvre-feu reste en vigueur entre 18h et 8 h TU.
Quelque 200 enfants, en majorité des enfants de missionnaires américains, ont été bloqués dans une école à Bouaké, ont signalé des sources. Les équipes de football du Sénégal, de la Sierra Leone et de la Gambie sont également coincées dans un hôtel et l'on craint qu'elles n'aient plus d'eau et de nourriture.
Des sources diplomatiques à Abidjan ont indiqué que le gouvernement avait d'abord planifié une offensive majeure pour déloger les mutins, mais qu'il a choisi d'essayer de négocier, en partie parce que les mutins détiennent encore en otage le ministre des Sports et des Loisirs, François Amichia, et son épouse.
Des rumeurs signalent que les mutins distribuaient des armes à des jeunes dans les deux villes pour les aider à se battre contre les troupes gouvernementales. La radio officielles a diffusé dimanche un communiqué du gouvernement appelant les « jeunes » à s'abstenir de participer aux hostilités.
Les agences de presse ont rapporté que des soldats français sont arrivés lundi à Yamoussoukro, à 100 km
de Bouaké, pour garantir la sécurité des ressortissants français et étrangers. Ils assurent la sécurité à l'aéroport.
La tentative de coup d'état a été condamnée, entre autres, par les Etats-Unis, qui ont appelé les rebelles à rendre les armes et à négocier une solution pacifique du conflit.
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