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Bizimungu transféré au parquet général

L'ancien président du Rwanda, Pasteur Bizimungu, et l'ancien ministre des travaux publics, Charles Ntakirutinka, ont été remis lundi par la police au parquet général, au terme des enquêtes les concernant, a indiqué à IRIN le porte-parole de la police rwandaise, Tony Kuramba.

M. Kuramba a fait savoir jeudi que la police accusait les deux hommes d'enfreindre la sécurité de l'Etat, en semant la discorde et en faisant circuler des rumeurs destinées à effrayer la population. "Bien que le gouvernement leur ait conseillé de ne pas former de parti politique jusqu'à la fin de la période de transition lorsque le multipartisme politique serait de nouveau autorisé, ils ont tenu des réunions clandestines pour mobiliser leur parti," a-t-il dit.

"Nous avons observé leurs agissements, et le 19 avril la police a perquisitionné leurs domiciles et mis la main sur des publications contenant de la propagande anti-gouvernementale, visant à répandre des rumeurs destinées à susciter la peur et le mécontentement. Les documents appelaient également la population à se soulever contre le régime, et prédisaient le retour du génocide," a indiqué M. Kuramba.

"Nous avons aussi saisi des documents impliquant M. Bizimungu dans un scandale financier, où les clients d'une banque ont perdu tout leur argent," a-t-il ajouté. M. Bizimungu a été arrêté le 19 avril et risque 10 ans de prison s'il est condamné.

M. Ntakirutinka, le secrétaire-général du parti politique non-enregistré de M. Bizimungu, le Parti démocratique pour le renouveau (PDR), a été arrêté le 20 avril après la saisie à son domicile de documents et de matériel informatique. En dépit de ses efforts, IRIN n'a pu obtenir de commentaires de la part du bureau du procureur général.

La tentative de lancement du PDR fin mai 2002 a été interdite par le gouvernement, qui a accusé M. Bizimungu de vouloir "déstabiliser le pays". M. Bizimungu avait été brièvement assigné à résidence et tous ses privilèges d'ancien président avaient été supprimés. Deux semaines plus tard, trois des six fondateurs du PDR ont quitté le parti, avait rapporté à l'époque l'Agence rwandaise d'information (ARI), mentionnant la "promotion de l'ethnicité parmi les Rwandais" comme principal motif d'abandon du parti.

Selon la loi rwandaise, les partis politiques doivent être approuvés par le gouvernement, mais les campagnes politiques sont interdites durant la période actuelle de transition vers un nouveau gouvernement national.

M. Bizimungu, un Hutu, avait rejoint la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) alors que le mouvement commençait à s'incruster au Rwanda à partir de l'Ouganda voisin. Après avoir occupé plusieurs postes à responsabilité au sein du FPR, il a été nommé président du gouvernement d'unité nationale du Rwanda, formé en juillet 1994 après le génocide qui a entraîné le massacre d'environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés. Il a démissionné en avril 2000, en raison de divergences avec le FPR, et a été remplacé par Paul Kagamé, alors vice-président.

Parallèlement, l'Alliance démocratique rwandaise (ADR) a déclaré mercredi dans un communiqué que l'arrestation et la détention de MM. Bizimungu et Ntakirutinka constituaient un démenti évident de l'opposition politique indépendante et qu'elles représentaient de nouveaux obstacles sur la voie d'une transition pacifique vers la démocratie au Rwanda.

Le communiqué a notamment souligné que ces actions montraient que les discours grandiloquents de M. Kagamé sur la démocratie et les institutions de bonne gouvernance, telles que la commission juridique et constitutionnelle, la commission nationale sur l'unité et la réconciliation, la commission nationale pour les droits de l'homme, et la commission nationale électorale, "sont simplement destinés à tromper le peuple rwandais et à duper la communauté internationale afin de légitimer et perpétuer sa dictature sous le régime du Front patriotique rwandais".

"Il est évident que le refus ou l'incapacité de M. Kagamé et de son régime à satisfaire ces demandes populaires, sera interprété par l'ADR comme un message clair aux Rwandais, à la région et à la communauté internationale qu'une transition pacifique vers un régime démocratique est impossible sous un gouvernement dirigé par M. Kagamé. Dans ces conditions, Paul Kagamé et son gouvernement seront tenus entièrement responsables des conséquences d'une telle irresponsabilité," lisait-on.

Dimanche, le Centre de lutte contre l'impunité et l'injustice au Rwanda, basé à Bruxelles, a publié une déclaration exigeant la libération immédiate et sans conditions de MM. Bizimungu et Ntakirutinka.

Il a appelé les autorités rwandaises à identifier et à punir les responsables de l'assassinat de Cassien Munyarubuga, un membre du PDR, survenu le 26 décembre 2001 à Nyarutarama. Il a également exhorté le gouvernement rwandais à "garantir à tous les Rwandais, sans aucune exception, la liberté d'expression et d'association".



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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