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Entretien avec le ministre de la sécurité Mwenze Kongolo

Entretien d'IRIN avec Mwenze Kongolo, ministre de la sécurité nationale en République démocratique du Congo (RDC)

Jeudi, la délégation du gouvernement congolais a quitté la table des négociations pour le dialogue intercongolais, qui se déroule actuellement à Sun City, en Afrique du Sud, affirmant que le Rwanda et le mouvement rebelle qu'il soutient, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), avaient violé le cessez-le-feu en vigueur dans le pays.

IRIN a interviewé Mwenze Kongolo le 14 mars après qu'il eut annoncé la suspension de la participation du gouvernement.

QUESTION: Pourquoi le gouvernement de la RDC a-t-il décidé de suspendre sa participation au dialogue?

REPONSE: Le problème est qu'il y a eu violation du cessez-le-feu. Nous avons appris que des troupes du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et des Rwandais ont attaqué Moliro [sur le Lac Tanganyika, dans la province de Katanga, au sud-est du pays], qui est une position du gouvernement... Nous estimons que puisque le cessez-le-feu a été transgressé, nous devons suspendre les négociations jusqu'à ce que l'ordre soit restauré... Nous espérons que les Rwandais reviendront à la raison et qu'ils respecteront le cessez-le-feu.

Q: Y a-t-il eu des combats depuis l'annonce du gouvernement d'un cessez-le-feu à Moliro il y a deux semaines?

R: Non, c'est la première attaque depuis lors. Il y a deux semaines, ils [les rebelles du RCD] ont attaqué [Moliro], nous les avons repoussés, nous avons repris nos positions et maintenant ils attaquent à nouveau. Nous pensons qu'ils font cela pour déstabiliser le dialogue, lequel n'est pas dans leurs intérêts.

Q: Vous avez dit que les négociations pour une armée congolaise nationale étaient dans l'impasse?

R: Elles sont dans une impasse mais nous sommes toujours en pourparlers. Nous sommes persuadés que nous trouverons une solution. La seule divergence de vue est que le gouvernement s'en tient à l'accord de Lusaka, qui stipule que l'armée devrait être intégrée, ce qui doit être fait. Nous devrions restructurer l'armée du gouvernement afin que les autres factions puissent rejoindre l'armée nationale et s'y sentir à l'aise. C'est ce que nous entendons par une nouvelle armée. Certaines personnes ne sont pas d'accord avec ce point de vue, elles veulent tout supprimer et partir de zéro. Nous ne voyons pas comment cela est possible. Cela n'est pas pratique. A notre avis, c'est une question de peur mais nous réglerons ce problème en poursuivant ces négociations.

Q: Les mouvements rebelles parlent de recruter une nouvelle armée nationale. Proposent-ils de garder leurs propres soldats et de recruter une armée entièrement nouvelle?

R: Il n'existe aucun exemple de ce type dans l'histoire mondiale. Dans tous les conflits, il y a toujours une intégration des factions qui fusionnent pour former une nouvelle armée.

Q: Le gouvernement a déclaré la semaine dernière que toute résolution issue du dialogue serait lettre morte à moins que les troupes rwandaises et ougandaises se retirent du sol congolais avant la fin des négociations. Cela signifie-t-il que le gouvernement rejette toute résolution issue du dialogue tant que le Rwanda et l'Ouganda n'auront pas retiré tous leurs bataillons d'ici 30 jours?

R: Il faut que certaines résolutions soient adoptées. Nous devons négocier et parvenir à certaines résolutions mais nous pensons aussi qu'elles seront sans effet tant que le pays est occupé. Nous sommes donc conscients du fait que continuer ces discussions pourrait s'avérer inutile si ces pays n'envisagent pas de quitter la RDC.

Q: Vous avez fait part de votre inquiétude concernant la visite ces derniers jours de certains membres des partis de l'opposition dans la capitale rwandaise, Kigali. Ils ont démenti s'être rendus à Kigali, indiquant que même s'ils avaient effectué le voyage, cela n'était pas un crime et qu'ils avaient le droit de discuter de l'avenir de la RDC avec d'autres pays impliqués dans le processus de paix. Que répondez-vous à cela?

R: Ce n'est certainement pas un crime. Ils sont libres et ils ont le droit de parler à qui ils veulent. Ce qui m'inquiète, c'est qu'une fois que nous nous réunissons et que nous commençons à discuter, ils peuvent quitter la réunion pour aller parler avec des gens qui occupent le pays. Il s'agit d'un acte compromettant et c'est ce qui nous préoccupe.

Q: Vous êtes également préoccupés par le fait que le Rwanda et l'Ouganda puissent avoir des observateurs qui, dites-vous, indiquent au RCD ce qu'il doit faire chaque jour. Ne serait-il pas mieux pour les Ougandais et les Rwandais d'avoir tout simplement leurs propres observateurs pour qu'ils assistent aux réunions?

R: Il serait inapproprié, selon nous, que les pays ayant participé à la guerre soient présents à ces discussions, car le conflit résulte de la manipulation de ces pays. Par conséquent, toute nation ayant été impliquée physiquement dans cette guerre, devrait être exclue, et les Congolais devraient discuter en tant que Congolais et traiter ces problèmes à la congolaise. Si nous acceptons l'influence de toutes ces forces extérieures, nous n'arriverons jamais au bout de nos problèmes, car elles sont ici pour défendre leurs intérêts et non pas ceux des Congolais.

Q: Vous voulez donc obtenir un consensus nettement congolais. Mais, après cette étape, pensez-vous avoir besoin de négocier avec les autres pays impliqués?

R: Oui, c'est important car ces pays sont là et nous savons que leurs marionnettes ne leur diront pas de partir. Les négociations avec ces pays sont cruciales.

Q: Pensez-vous que l'armée zimbabwéenne a encore un rôle à jouer, peut-être pour soutenir la formation d'une nouvelle armée et pour assurer une certaine sécurité au gouvernement de la RDC et au territoire qu'il contrôle?

R: Oui, tant que les discussions ne font pas de progrès, elle est importante pour la sécurité du peuple congolais. Nous pensons que tant que le Zimbabwe peut nous aider, il doit le faire.

Q: La commission chargée de discuter des problèmes économiques se demande si elle doit discuter de certains contrats conclus par le gouvernement, et sans doute par d'autres parties, avec des pays étrangers. Ces contrats ne devraient-ils pas faire l'objet de discussions, car sans cela, les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe?

R: Je pense que ce problème n'a pas à être évoqué ici. Il serait même inapproprié d'en discuter ici car cela ne ferait que susciter de la résistance et des disputes, et cela n'aiderait pas la situation. Les problèmes à traiter aujourd'hui en priorité sont les problèmes directement liés au processus de paix, et ces contrats n'ont rien à voir avec ce processus. Il s'agit de transactions que le gouvernement, comme tout autre gouvernement, effectue avec d'autres partenaires, et celles-ci pourraient être examinées dans le cadre d'autres institutions comme le parlement. Si les gens pensent que le gouvernement a fait quelque chose de mal, il y a les tribunaux, le parlement, et tous les autres mécanismes chargés d'étudier ces questions. Parler de cela ici nous éloignerait de notre objectif.

Q: Certains partis de l'opposition et groupes de la société civile craignent d'avoir un rôle insignifiant, en ce sens que les belligérants pourraient se quereller pendant 45 jours, le dialogue serait alors terminé et les belligérants seraient toujours dans la même position de pouvoir. Que leur répondez-vous?

R: Non, je pense qu'ils devraient être encouragés car nous sommes venus ici - nous sommes aussi nombreux qu'eux, chaque groupe a le même nombre de délégués - et d'après ce que j'ai pu constater, on leur a donné le droit de s'exprimer et les discussions sont influencées par ceux qui prennent la parole. Ils doivent donc parler et aborder les problèmes qu'ils jugent importants. Ils ne devraient pas se sentir exclus à ce stade des discussions. Ici, il n'y a ni armée ni combat, seulement des gens qui s'expriment, et la victoire reviendra aux plus éloquents.

Q: Donc, pour vous, le plus important est de parler, de partager des idées, pas tellement de former un nouveau gouvernement et de partager des responsabilités au sein d'un gouvernement?

R: Non, s'il existe une possibilité de partager le pouvoir, de partager des responsabilités au sein du gouvernement, la société civile est également la bienvenue, pour cela elle doit s'exprimer.

Q: Selon un rapport de l'ONU, certains des négociateurs de ce dialogue sont actionnaires de joint ventures avec des pays étrangers - y compris vous, dans une joint venture avec le Zimbabwe. Croyez-vous que cela influence d'une manière quelconque votre façon de négocier ici?

R: Non, absolument pas. Ces forces qui sont nos alliées sont prêtes à partir et elles peuvent le faire à tout moment. En fait, certaines sont déjà parties. Le problème ne se pose même pas. C'est de la pure spéculation à mon avis.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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