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100 000 réfugiés supplémentaires attendus à la frontière tchadienne d’ici mai 2005

[Chad] UN officials say at least another 100,000 Darfur refugees will likely join the 200,000 already in Chad before the next rainy season begins in May. Most are women and children. Oure Cassoni camp, September 2004.
Claire Soares/IRIN
The refugees are fleeing conflict in Chad
Déjà en surcapacité, les camps de réfugiés au Tchad devraient se préparer à accueillir dans les sept prochains mois 100 000 autres personnes fuyant la région du Darfour, ont indiqué des représentants des Nations Unies.

Le Tchad a déjà servi de refuge temporaire aux quelque 200 000 civils qui ont échappé aux massacres, aux pillages et aux viols commis par les milices Janjawid pro-gouvernementales dans la province du Darfour, au Soudan.

Personne ne peut dire quand ces exactions cesseront.

« Nous pensons que 100 000 personnes supplémentaires vont fuir la région du Darfour et trouver refuge au Tchad,» a déclaré à la radio tchadienne Rudd Lubbers, qui dirige le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et qui effectuait une tournée au Tchad la semaine dernière.

Kingsley Amaning, coordinateur de l’ONU pour le Tchad, a confirmé ces prévisions, précisant qu’il s’agit là du scénario le plus optimiste.

« 100 000 est le chiffre que nous pensons atteindre avant la prochaine saison des pluies, c’est-à-dire en mai. Et ceci est une vision optimiste de la situation, car ce chiffre pourrait être de 150 000, » a indiqué Amaning lors d’un entretien avec IRIN dans son bureau à N’Djaména, la capitale du Tchad.

« Parce que la zone est inhospitalière et les difficultés énormes, l’insuffisance des ressources reste notre principale préoccupation. »

Avant même d’anticiper une nouvelle vague de réfugiés, les secouristes des 10 camps tchadiens installés le long de la frontière Est du Darfour se battent déjà pour faire face à la pénurie chronique d’eau et de tentes et à la fourniture incertaine de vivres.

De nombreuses personnes admettent en privé que la situation frise la catastrophe.

« Nous passons notre temps à parer aux urgences, mais de nouveaux problèmes surgissent tout le temps,» a confié un membre de la mission humanitaire.

Une visite du camp de Bredjing, le camp de réfugiés le plus important et le plus peuplé, donne une idée de l’étendue du problème.

Ce camp abrite 44 000 réfugiés, soit plus du double de la capacité prévue. Près de 14 000 d’entre eux n’ont toujours pas de tentes convenables et ont été contraints de se construire des abris en utilisant des branchages, des sacs, des morceaux de carton et, s’ils sont chanceux, des toiles plastiques pour se protéger de la chaleur torride du désert.

Les secouristes admettent ouvertement que l’eau et les latrines sont insuffisantes pour maintenir un niveau d’hygiène minimum.

Le représentant du HCR, Bertrand Bazel, a indiqué que les réfugiés du camp de Bredjing doivent en principe recevoir 15 litres d’eau par jour, mais en réalité ils n’en reçoivent que 10 litres.

CARE, l’organisation non-gouvernementale (ONG) en charge de la gestion du camp, fait remarquer qu’au moins 70 personnes partagent des latrines prévues pour, au plus, 20 personnes.

Quant au problème de l’approvisionnement des réfugiés, le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué qu’il garantissait la fourniture de vivres pour le mois d’octobre mais que des fonds supplémentaires sont nécessaires pour continuer à approvisionner les camps.

A ce jour, le PAM n’a reçu que 70 pour cent des 42 millions de dollars US sollicités auprès des donateurs internationaux.

Des dizaines de milliers de personnes pourraient fuir les combats en cours au Darfour, des bouches qui deviendraient difficiles à nourrir en raison des difficultés matérielles que rencontrent les agences des Nations Unies.

Déjà, des milliers de personnes venues du Darfour attendent à la frontière côté tchadien l’occasion de se rendre dans les camps, supposés leur assurer une meilleure protection.

A un peu plus de 50 kilomètres du camp de Bredjing, quelque 5 000 personnes se trouvent près de la ville frontalière d’Adre, a indiqué à IRIN Ali Abderhamane, employé au HCR.

Une veine d’eau protège actuellement les réfugiés des attaques de la milice soudanaise. Mais avec la fin prochaine de la saison des pluies, le niveau de l’eau va baisser. Les réfugiés se sentiront exposés et voudront alors avancer encore plus à l’intérieur du Tchad pour être en sécurité.

« Actuellement, certaines personnes nous demandent si elles peuvent se rendre dans les camps par leur propre moyen,» a indiqué Abderhamane, qui s’emploie à déterminer quand et où les réfugiés devront être déplacés.

Enfin, le représentant du Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (OCHA) reconnaît que 1,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la province du Darfour, une région pauvre et semi-désertique grande comme la France.

Une violation du très fragile cessez-le-feu entre le gouvernement de Khartoum et les rebelles, une recrudescence des attaques des milices Janjanwid et la pénurie des vivres peuvent provoquer le départ précipité de ces populations vers le Tchad, d’autant que les routes deviennent de plus en plus praticables avec la fin de la saison des pluies.

«L’arrivée d’une nouvelle vague de réfugiés dépendra en bonne partie de l’évolution des événements au Darfour,» a déclaré à IRIN Philippe Guyon Le Bouffy, responsable des opérations du PAM au Tchad.

« Si le gouvernement soudanais ne prend aucune mesure, alors nous risquons d’avoir une nouvelle vague de réfugiés. La communauté internationale exerce une énorme pression sur les autorités de Khartoum mais apparemment sans grands effets, » a conclu Guyon Le Bouffy.

Il y a un peu plus d’une semaine, le conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution qui envisage que des mesures supplémentaires – voire des sanctions contre l’industrie pétrolière soudanaises -- soit prises contre le gouvernement ou ses membres si les populations civiles du Darfour n’étaient pas protégées contre les attaques des milices.

Plusieurs tentatives pour une solution politique durable à la crise ont été ébauchées, sans succès. Les pourparlers de paix entamés à Abuja, la capitale du Nigeria, au début du mois de septembre entre le gouvernement soudanais et les deux groupes de rebelles ont été interrompus au bout de quatre semaines, sans que les parties ne soient parvenues à trouver un accord.

Le Bouffy a indiqué également que la faiblesse des opérations du PAM dans la région du Darfour peut inciter les gens à fuir vers le Tchad. Actuellement, l’agence des Nations Unies ne nourrit que 600 000 personnes au Darfour, moins de la moitié des déplacés de la zone.

« Il y a encore toute une population que nous n’avons pas pu atteindre et elle peut se déplacer à tout moment. Mais si nous parvenons à lui fournir des vivres, elle aura beaucoup moins de raisons de venir au Tchad,» a fait remarquer Le Bouffy.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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