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Des progrès, mais peu d’enthousiasme au cours des discussions sur la Libye

Participants at the latest round of the United Nations facilitated Libyan political dialogue which concluded in Geneva on 12 August 2015. UNSMIL
The latest round of UN-facilitated Libya talks ended last week without a deal
Les négociations menées sous l’égide des Nations Unies depuis presque un an (septembre 2014) pour mettre un terme à la lutte pour le pouvoir politique qui est au cœur de la guerre civile libyenne se sont tenues dans diverses locations, en Libye et à l’étranger. Une nouvelle session s’est déroulée au Palais des Nations de Genève, la semaine dernière.

Des membres des deux parlements rivaux – la Chambre des représentants, reconnue par la communauté internationale et installée à Tobrouk, dans l’est du pays, et son prédécesseur, le Congrès général national (CGN), basé dans la capitale, Tripoli – ainsi que des personnalités de la société civile et les dirigeants des cinq principaux partis politiques libyens étaient présents. Parmi les grands absents figuraient ceux sans lesquels tout accord de paix serait voué à l’échec – les chefs des factions armées responsables des conflits qui se jouent aux quatre coins du pays – mais les médiateurs espèrent les inclure dans le processus au cours des prochaines semaines.

Dès le début, le dialogue présidé par Bernardino Leon, l’envoyé spécial des Nations Unies, a été accaparé par une question : qui peut-on qualifier de représentatif dans un pays où les milices ont aujourd’hui plus de pouvoir que les membres du gouvernement et les représentants élus ? Alors que la guerre civile se poursuit, les deux grands camps composés de factions politiques et armées peu structurées qui ont vu le jour au début du conflit, l’été dernier, ont volé en éclats, ce qui complique la recherche d’une solution à la crise. A Genève, la semaine dernière, les délégués de la Chambre des représentants et du CGN ont reconnu qu’ils avaient de grandes difficultés à convaincre les tenants de la ligne dure de leur camp respectif – certains d’entre eux n’ont pas caché qu’ils s’opposeraient à ce scénario par la force - des bienfaits de l’unité nationale.

M. Leon a présenté la cinquième ébauche de l’accord qui envisage la formation d’un gouvernement d’accord national : la Chambre des représentants resterait le principal organe législatif et les membres du CGN participeraient à un Conseil d’Etat qui aurait un caractère principalement consultatif. L’accord a été signé par un éventail de factions libyennes le mois dernier, mais le CGN l’a rejeté en raison de préoccupations liées à l’infrastructure du gouvernement d’unité et au rôle du controversé général Khalifa Haftar qui a lancé une offensive anti-islamiste en mai 2014, avant d’être nommé au poste de commandant en chef de l’armée par la Chambre des représentants en février dernier. L’accord proposé ne donne pas de rôle explicite au général, mais le CGN craint que le manque de clarté de la terminologie de l’armée ne lui permette de conserver son poste.

La question du sort de M. Haftar, homme fort de l’Est libyen dont la position est considérée comme la ligne rouge par bon nombre d’autres acteurs – dont plusieurs membres de la Chambre des représentants qui se méfient de ses ambitions politiques à peine voilées– est l’un des casse-têtes auxquels les négociateurs sont confrontés.

Cette question sera l’un des sujets abordés au cours des semaines à venir ; les participants aux négociations – le CGN ayant décidé de prendre part au processus – parleront également des cinq annexes à l’accord qui concernent des sujets majeurs, comme la nomination du Premier ministre, de ses adjoints et des ministres, les amendements à la Déclaration constitutionnelle et la gestion des institutions financières libyennes. 

M. Leon espère qu’un accord sera trouvé avant la fin du mois d’août.

Les enjeux sont élevés. Les victimes se comptent par milliers, plus de 400 000 personnes ont été déplacées et d’autres ont choisi l’exile l’année dernière : la Libye n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les espoirs suscités par le renversement du président Mouammar Kadhafi en 2011 ont cédé le pas à une polarisation amère qui a divisé les régions, les communautés et même les familles.

Si la Libye dispose des plus importantes réserves de pétrole du continent africain, elle est aujourd’hui confrontée à une crise économique sans précédent. La faible production de pétrole, associée à la baisse des prix mondiaux de l’énergie, a forcé la banque centrale à puiser dans ses réserves et la perspective d’une faillite se profile.
   
Les militants du soi-disant Etat islamique déterminés à renforcer leur présence en Libye, les trafiquants d’êtres humains qui exploitent la migration effrénée et les séparatistes désireux d’établir leur propre Etat dans l’est du pays tirent parti du chaos.

Les populations civiles, et notamment les habitants des régions de l’Est et du Sud, sévèrement touchées par l’interruption des services de base et des communications, sont fortement affectées par les affrontements. Les hôpitaux de Benghazi, la deuxième ville la plus importante du pays, située à l’Est et sur laquelle M. Haftar a concentré sa guerre, manquent régulièrement de fournitures vitales. Beaucoup d’écoles ont été détruites et Save the Children estime que 75 pour cent des enfants de la ville n’ont pas accès à l’éducation. Les pénuries de carburant ont aggravé la situation et le prix des denrées alimentaires de base a explosé.

Dans l’ouest de la Libye, la situation humanitaire s’est améliorée grâce à une série de cessez-le-feu locaux, négociés sur fond de lassitude croissante des communautés face à la guerre. L’espoir est que ces trêves locales serviront d’exemple à la définition d’un cadre de réconciliation plus large, si et quand le gouvernement d’unité nationale est formé.

Des raisons d’être optimistes

M. Leon a à de multiples reprises insisté sur le fait qu’un gouvernement d’unité reste la meilleure solution pour répondre à la myriade de défis auxquels est confrontée la Libye, mais il subsiste un certain scepticisme sur l’issue de cet accord.

Les Libyens qui critiquent le processus du dialogue affirment que les participants ont peu d’influence sur le terrain, alors que les membres des deux camps ont la capacité de mettre un terme à toute tentative d’établir un gouvernement d’unité.

D’autres affirment que la meilleure chose à faire n’est pas de former un gouvernement d’accord national, mais d’organiser de nouvelles élections quand le mandat de la Chambre des représentants prendra fin dans deux mois, au grand chagrin des diplomates qui pensent qu’il est impossible d’organiser un scrutin national dans la situation actuelle. A Genève, M. Leon a dit qu’il serait « extrêmement risqué » de ne pas trouver d’accord avant la fin du mandat du Parlement de Tobrouk au mois d’octobre, car la situation deviendrait alors plus instable.

Malgré les désaccords, il y a quelques raisons d’espérer. Certains ont prévenu que l’échéance de la fin du mois d’août était peut-être trop proche et qu’il serait difficile de convaincre les milices de les accepter.

Mais d’autres se sont montrés plus optimistes sur la signature d’un accord. Plus fondamentalement, les représentants des diverses factions politiques ont discuté ouvertement – l’atmosphère à Genève était beaucoup plus amicale qu’il y a quelques mois.

Alors que le temps joue en défaveur de la Libye, l’espoir subsiste de voir toutes les parties accepter un compromis.

mf/jd-ag-mg/amz 
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