« Nous ne nous attendions pas à ça », a dit Tudee Judu, un travailleur humanitaire de l’organisation Solidarités International, qui fournit des kits d’hygiène, de l’eau potable et des latrines dans un camp provisoirement installé sur la Base 369 du poste de police des frontières thaïlandais. Le camp, situé dans le district de Mae Sot, dans la province de Tak, accueille la plupart des réfugiés – environ 15 000, selon les responsables de la sécurité du camp.
« Nous sommes en train d’installer 50 latrines », a indiqué M. Judu, ajoutant que les latrines faisaient surtout défaut dans ce camp qui n’en comptait que trois le 8 novembre, lorsque les premiers réfugiés sont arrivés au lendemain des premières élections générales organisées au Myanmar depuis 20 ans.
Tandis que les habitants de Mae Sot participaient à l’effort humanitaire en distribuant de la nourriture et de l’eau, quelque six organisations fournissaient de l’aide sur place. Banchong Pongyilah, un Thaïlandais de confession musulmane qui vit à Mae Sot, a indiqué que la communauté musulmane avait préparé 1 500 repas halal pour les quelque 3 000 musulmans présents dans le camp. « Nous avons cuisiné toute la nuit, mais cela n’a pas suffit », a-t-il dit.
Les abris provisoires faisaient également défaut, car seules 60 tentes familiales avaient été installées à la mi-journée le 9 novembre. Les réfugiés ont fabriqué des abris improvisés avec le bambou et les couvertures distribués. La plupart des réfugiés interrogés pensaient que les autorités offraient suffisamment d’aide et leur étaient reconnaissants. Les organisations humanitaires se sont mobilisées rapidement, car la communauté humanitaire de Mae Sot est bien établie et fournit de l’aide aux réfugiés depuis plus de 20 ans.
Tensions
Cette crise des réfugiés est la conséquence des tensions apparues le 7 novembre entre une faction dissidente de l’Armée bouddhiste démocratique Karen (DKBA) et les forces gouvernementales dans la ville de Myawaddy, située à la frontière de la Thaïlande et du Myanmar.
Sous le commandement du colonel Saw Lah Pwe, les hommes de la brigade 5 de la DKBA ont pris position dans plusieurs points stratégiques de la ville, notamment le poste de police et le bureau de poste, afin de protester contre les élections.
Les troupes du colonel Saw Lah Pwe, qui comptent environ 1 400 hommes, sont entrées en dissidence avec la DKBA suite à un désaccord portant sur la décision du groupe de rejoindre les forces qui assurent la sécurité des frontières au sein d’une force de gardes-frontières, la Border Guard Force (BGF), conformément à la Constitution de 2008 – qui stipule que tous les groupes armés ayant conclu un cessez-le-feu doivent se dissoudre et rejoindre la BFG placée sous le commandement de l’armée du Myanmar.
Le 8 novembre, l’armée du Myanmar a envoyé des renforts pour reprendre le contrôle de Myawaddy, ce qui a déclenché de violents affrontements et provoqué le départ de milliers d’habitants de la ville vers la Thaïlande. Des combats ont également éclaté au col des Trois Pagodes et au niveau du district thaïlandais de Pho Phra, à environ 50 kilomètres au sud de la ville de Myawaddy. Le 9 novembre, Panitan Wattanagorn, le porte-parole du gouvernement thaïlandais, a indiqué que quelque 20 000 réfugiés avaient fui vers la Thaïlande.
Plusieurs autres groupes ethniques signataires du cessez-le-feu, dont la puissante Armée unie de l’État Wa (UWSA) qui compte 30 000 hommes, ont également rejeté le projet du régime qui prévoit leur incorporation dans la BGF. Selon des observateurs, plusieurs de ces groupes se préparent à une confrontation avec les forces gouvernementales du Myanmar.
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