Roberta Russo, porte-parole du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), a dit à IRIN le 7 septembre que des centaines de familles fuyaient toujours la ville, malgré une baisse significative depuis début juillet. Près de 95 000 personnes auraient été déplacées « au cours des deux derniers mois », dont 77 000 venaient de Mogadiscio.
Les Nations Unies estiment que jusqu’à 3,8 millions de Somaliens, soit près de la moitié de la population, ont besoin de recevoir une aide humanitaire de toute urgence.
« Les personnes déplacées font partie des premières victimes de cette crise », a indiqué Mme Russo.
Les déplacés, dont la majorité sont des femmes et des enfants, vivent dans des conditions catastrophiques, a dit la porte-parole de l’UNHCR.
La plupart du temps, c’est l’insécurité qui les oblige à fuir, bien que la sécheresse et le manque de moyens de subsistance soient également cités parmi les causes de déplacement, affirme-t-elle.
Ali Sheikh Yassin, vice-président d’Elman, une organisation de défense des droits humains basée à Mogadiscio, a expliqué à IRIN que les habitants continuaient à fuir Mogadiscio « parce que l’insécurité ne diminue pas : au contraire, elle augmente. A l’heure où nous parlons, des gens sont en train de partir, et je suis sûr que beaucoup d’autres vont les suivre. Il n’y a aucune raison de rester. Pas de paix et pas d’espoir de paix ».
Photo: ReliefWeb |
Somalie : Les déplacements depuis Mogadiscio |
« Toutes les parties au conflit se préparent pour ce qu’elles pensent être la dernière bataille, mais « dernier » ne veut plus rien dire en Somalie », a déclaré M. Yassin.
Selon lui, les plus gros perdants de cette bataille seront les civils. « Aucun des deux camps ne tient compte de ce qui peut arriver aux populations civiles ; par conséquent, il faut s’attendre à une forte augmentation des déplacements au cours des prochains mois ».
D’après Jowahir Ilmi, directeur de Somali Women Concern (SWC), une ONG (organisation non gouvernementale) locale, les déplacés de Mogadiscio se rendent encore dans la région d’Afgoye, à 30 kilomètres au sud de Mogadiscio. « Nous enregistrons de nouvelles arrivées tous les jours. Malheureusement, même le mois du Ramadan n’a pas permis d’obtenir une trêve ».
Les affrontements de Mogadiscio, qui n’ont pas cessé depuis que les troupes éthiopiennes se sont retirées du pays en décembre 2008, ont fait des milliers de morts et de blessés, et provoqué le déplacement de centaines de milliers d’habitants de Mogadiscio et de certaines régions du sud et du centre de la Somalie.
M. Yassin a indiqué que les combats se propageaient à l’extérieur de la capitale.
« Jusqu’à récemment, les déplacés ne venaient que de Mogadiscio, mais aujourd’hui, dans certaines régions du centre du pays, les affrontements ont gagné presque toutes les villes », a-t-il raconté. « De Jowhar [centre-sud] à Harardhere [en direction du nord-est], les gens sont chassés par les violences ».
D’après lui, les sécheresses récentes auraient également contribué à provoquer ces déplacements. De plus en plus d’éleveurs touchés par la sécheresse se dirigeraient vers les villes pour y chercher de l’aide, après avoir perdu tout leur bétail. « Le seul problème, cette fois, c’est que les habitants des villes sont aussi mal en point qu’eux, et ne peuvent donc pas les aider », a ajouté M. Yassin.
Il a lancé un appel d’urgence aux organisations donatrices, les invitant à étendre leur action aux déplacés des régions éloignées et souvent inaccessibles.
Cependant, beaucoup d’organisations humanitaires n’ont pas accès aux populations qui auraient besoin de leur aide.
« L’accès est très limité à cause de l’insécurité dans les zones accueillant la plupart des déplacés », a expliqué M. Russo.
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