Le département général des ressources animales (GDAR) du ministère yéménite de l’Agriculture s’est dit préoccupé par les risques d’épidémie de grippe aviaire, mais a déploré dans le même temps le manque de ressources et de moyens pour faire face à une telle situation.
Comme première mesure de prévention contre la grippe aviaire, les autorités yéménites ont interdit toute importation de produits de volaille en provenance d’Arabie Saoudite qui, récemment, a abattu 90 000 volatiles après la détection de la présence de la souche mortelle du virus H5N1 de la grippe aviaire dans une ferme d’élevage de poulets. Selon Ghaleb al-Eryani, directeur général du GDAR, le Yémen importe d’Arabie Saoudite près de 60 pour cent de ses produits de volaille.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le souche du virus H5N1 est apparue pour la première fois en Asie en 2003 et a déjà causé la mort de 205 personnes.
M. Al-Eryani a également confié à IRIN que son service avait reçu de nombreux rapports émanant d’habitants et d’éleveurs au cours des derniers jours. « Il y a deux jours, un habitant de la région nous a signalé que sur les 10 000 poulets de sa ferme d’élevage, 8 000 poulets étaient morts. Malgré nos ressources limitées, nous avons prélevé des échantillons en vue d’effectuer des analyses en laboratoire », a-t-il expliqué.
Suspension du programme de surveillance
M. al-Eryani a néanmoins fait remarquer qu’en raison des faibles moyens dont il disposait, son département ne pouvait pas faire plus. En effet, depuis quelques mois déjà, son département a suspendu son programmesde surveillance de la grippe aviaire.
Photo: Muhammad al-Jabri/IRIN |
Selon Ghaleb al-Eryani, directeur général du GDAR, son département n'a pas les moyens financiers nécessaires pour faire face à une épidémie de grippe aviaire |
Selon Al-Eryani, le équipes de surveillance des gouvernorats ont cessé de travaillé parce qu’elles n’ont pas été payées et qu’elles ne font plus confiance à son département.
A l’en croire, le Yémen a reçu récemment un don d’un million de dollars de la Banque mondiale pour aider le pays à se préparer à faire face à une épidémie éventuelle de grippe aviaire.
« Un expert de la Banque mondiale, qui a séjourné chez nous du 9 au 16 novembre, était mécontent d’apprendre que le programme de surveillance de la grippe aviaire était suspendu en raison de problèmes financiers. La banque a menacé de reprendre cette aide financière si le problème n’était pas résolu », a-t-il ajouté.
Menaces sur les moyens de subsistance
Selon certains experts du GDAR, le Yémen, en particulier sa région côtière, est un carrefour pour les oiseaux migrateurs venant d’Afrique et d’Europe. Une épidémie de grippe aviaire pourrait se produire pendant l’hiver au Yémen, puisque les oiseaux migrateurs venus d’Europe survolent le pays lors de leur migration vers des régions plus chaudes d’Afrique, ont-ils expliqué à IRIN.
M. Al-Eryani a prévenu que le secteur privé pouvait également être affecté par l’épidémie. « Quelque 600 000 familles vivant de la vente de poulets pourraient alors subir de grosses pertes », a-t-il souligné.
Le commerce de poulets vivants constitue une menace qui pourrait affecter des millions de personnes, a-t-il poursuivi : « Les poulets sont transportés des fermes vers les marchés, et d’un gouvernorat vers un autre, alors qu’ils sont encore vivants. Ils sont ensuite distribués dans des échoppes des quartiers où ils sont vendus vivants », a conclu M. Al-Eryani.
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