Les opposants armés au Gouvernement fédéral somalien de transition (GFT) ont multiplié leurs attaques contre des cibles gouvernementales à Mogadiscio, la capitale ; au moins quatre responsables ont été tués au cours du week-end, ont révélé plusieurs sources locales, le 8 octobre.
Les attaques et la riposte des forces du gouvernement, soutenues par l’Ethiopie, ont abouti à des déplacements de population supplémentaires, selon un journaliste local, qui a souhaité conserver l’anonymat.
« Ils [les insurgés] ont multiplié leurs attaques contre les forces gouvernementales et les positions qu’elles occupent, pendant le mois du Ramadan », a expliqué à IRIN le journaliste. « Au moins 15 attaques savamment organisées [ont été menées] contre plusieurs positions des forces gouvernementales ».
Abdelkader Mohammed Cheik, le procureur général adjoint du GFT, un haut responsable de la sécurité et deux responsables municipaux font partie des victimes.
Les forces gouvernementales ont également multiplié leurs opérations dans certains quartiers de la ville, incitant davantage de personnes à fuir par crainte des attaques, a-t-il ajouté.
« Ces attaques et les opérations menées par les forces gouvernementales obligent les habitants de quartiers entiers à s’enfuir », a expliqué le journaliste. Les zones les plus touchées au cours des trois derniers jours ont été Gubta, dans le nord-ouest de la ville, et Yakshid, dans le nord. Le GFT aurait également donné l’ordre à certains habitants de Yakshid et de Taoufik, soupçonnés de soutenir l’insurrection, de déménager, a-t-il indiqué.
Néanmoins, Madobe Nurrow Mohamed, le ministre de l’Information, a nié ces allégations. « Le gouvernement n’a pas pour politique d’obliger les gens à quitter leurs domiciles », a-t-il affirmé.
Certains habitants peuvent choisir de quitter leur quartier, de peur d’être pris entre deux feux au cours des affrontements entre les forces du gouvernement et les insurgés, « mais personne n’est obligé de partir ».
Certains déplacés partent s’installer dans des quartiers plus sûrs de la ville, tandis que d’autres quittent la ville purement et simplement, a expliqué le journaliste.
Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA-Somalie), de nombreux habitants ont quitté le nord de la ville pour rejoindre des membres de leur famille dans le sud, relativement plus calme, « ajoutant au fardeau de familles déjà pauvres ».
Par ailleurs, l’incendie qui a eu lieu le 2 octobre au marché de Bakara, le principal centre d’affaires de Mogadishu et l’un des plus grands marchés de plein air d’Afrique de l’Est, a détruit les moyens de subsistance d’un grand nombre de petits commerçants, selon une source de la société civile de Mogadiscio.
« Cet incendie a achevé de détruire ce qui restait de leurs moyens de subsistance » |
« Près de 60 à 70 pour cent des petits commerçants ont tout perdu ». Selon la source, l’insécurité qui règne autour du marché a réduit la clientèle. « Cet incendie a achevé de détruire ce qui restait de leurs moyens de subsistance », a-t-elle ajouté.
D’après OCHA, bon nombre des travailleurs occasionnels du marché ont perdu leur principale source de revenu, et la diminution des produits alimentaires disponibles pour le reste du pays va engendrer un accroissement de la demande, et affaiblir ainsi le pouvoir d’achat de communautés déjà en difficulté.
« Les citoyens somaliens sont déjà accablés par l’augmentation des prix des denrées alimentaires de base, qui découle elle-même d’une hausse des frais de transport [liée aux postes de contrôle et aux « taxes » ad hoc] et d’une inflation en plein essor », toujours d’après OCHA.
Le gouvernement a créé un comité de cabinet pour aider les personnes touchées par l’incendie. « Le comité élaborera un plan [au cours des prochains jours] visant à aider les personnes qui ont perdu leur commerce dans l’incendie », a expliqué M. Mohamed.
Les affrontements violents entre les soldats du gouvernement, soutenus par l’Ethiopie, et les insurgés, auraient fait au moins 1 000 morts et plus de 400 000 déplacés depuis qu’ils ont commencé, en février dernier.
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