L’Association internationale de développement (AID), un organe de la Banque mondiale, a diminué son soutien financier aux programmes de réduction de la pauvreté en Ouganda pour des problèmes d’allocation des fonds et de gestion financière, selon la Banque.
L’AID est une section de la Banque mondiale qui propose des prêts à taux zéro aux pays les plus pauvres du monde.
« La diminution du CARP [Sixième Crédit d’appui à la réduction de la pauvreté, accordé par l’AID] de 150 millions à 125 millions de dollars montre bien que le gouvernement doit envisager des moyens d’améliorer sa performance en termes d’exécution budgétaire, de décentralisation et de lutte contre la corruption », a déclaré Grace Yabrudy, représentante de la Banque mondiale en Ouganda.
Mme Yabrudy s’exprimait à l’occasion de la signature de deux accords de crédit de développement - 125 millions de dollars pour la réduction de la pauvreté et 300 millions supplémentaires pour l’expansion du secteur énergétique du pays.
Ezra Suruma, le ministre ougandais des Finances, a reconnu que les dépenses administratives effectuées par le gouvernement avaient été plus importantes que prévu dans le budget.
« Pour maintenir la paix et l’harmonie, nous avons dû dépenser une partie des fonds pour la création de nouveaux districts et l’organisation des élections. Ces dépenses ont grevé le budget de l’administration publique, mais nous ne pensons pas que cela se reproduira », a expliqué M. Suruma à IRIN.
Manque d’efficacité
Selon Mme Yabrudy, les besoins de financement du gouvernement ougandais pour une politique de forte croissance et de développement durables en faveur des populations pauvres sont bien supérieurs au montant de l’épargne nationale.
« L’Ouganda doit donc veiller à utiliser de manière efficace et optimale chaque centime pris sur les fonds disponibles. [L’Etat] ne peut pas se permettre de gaspiller ses ressources sur des activités ou des projets mal définis, et ne peut tolérer qu’elles soient dérobées ou détournées », a-t-elle poursuivi.
Le coût de la fonction publique s’est avéré bien supérieur au budget approuvé. Ce surcoût a exigé le versement d’une rallonge budgétaire à la fin de l’exercice 2005-2006, a-t-elle expliqué.
Toutefois, a-t-elle ajouté, la Banque mondiale ne doute pas que l’Ouganda retrouvera sa dynamique de développement et « revendiquera la place qui lui est due de modèle de développement pour les pauvres hautement efficace et axé sur les résultats ».
Problèmes de corruption
L’objectif des CARP est de permettre une augmentation – indispensable – des fonds alloués aux principaux services publics, tels que l’éducation primaire et la santé pour tous. Ce crédit permet également de financer le Plan d’action pour l’éradication de la pauvreté. Le renforcement des capacités des services sociaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau potable et de l’assainissement, et la lutte contre la corruption sont prévus dans le cadre de ce plan d’action.
Ces dernières années, un certain nombre de scandales financiers ont éclaboussé plusieurs hauts responsables du gouvernement ougandais.
Le 28 mai, Jim Muhwezi, l’ancien ministre de la Santé, a été inculpé et arrêté en rapport avec le détournement présumé de 1,63 million de dollars, une somme qui devait servir à l’achat de vaccins. Les anciens adjoints de M. Muhwezi, Mike Mukula et Alex Kamugisha, sont poursuivis pour des chefs d’accusation semblables et ont été libérés sous caution le 25 mai. De même, Alice Kaboye, assistante du président Yoweri Museveni, a elle aussi été inculpée pour détournement de fonds en mai.
Les trois anciens responsables du ministère de la Santé ont également été compromis dans un scandale de corruption portant sur des bourses accordées par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. L’affaire avait amené les bailleurs de fonds à geler les financements en 2005.
M. Suruma a déclaré que les allégations de corruption dans la gestion des fonds versés par le Fonds mondial faisaient actuellement l’objet d’une enquête.
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