Le Parti des travailleurs (PIT) projetait d'organiser une cérémonie de dépôt de fleurs et une marche dans les rues de Lomé, la capitale togolaise, vendredi et samedi. Cependant, le ministre de l'Intérieur, le général Sizing Walla a annoncé mercredi que la commémoration avait été interdite car son objectif était « illégal et contraire à la constitution ».
« Votre dessein de provoquer est évident puisque vous voulez célébrer des attaques contre l'ordre démocratique constitutionnel qui ont eu des conséquences désastreuses pour le pays », a commenté M. Walla dans un communiqué cité par le site de la République du Togo sur la Toile. Ces attaques «étaient si regrettables qu'aucun parti ou mouvement n'a encore revendiqué sa responsabilité », a rappelé M. Walla.
Les émeutes de 1990 avaient été provoquées par la condamnation à cinq années de prison de deux étudiants inculpés de distribution de tract incendiaires et d'incitation à la révolte armée. Le gouvernement à parti unique de l'époque avait proclamé que l'agitation avait été orchestrée depuis l'étranger et que de nombreuses personnes interpellées étaient des ressortissants étrangers. Les deux étudiants avaient bénéficié d'une grâce du président Gnassingbé Eyadema à la mi-octobre 1990, tandis que 170 personnes détenues dans le contexte des émeutes avaient été relâchées un peu plus tard.
Nonobstant, l'agitation s'est poursuivie durant les mois suivants. En mars 1991, par exemple, des étudiants en grève avaient affronté des sympathisants du parti au pouvoir et les forces de l'ordre. En avril 1991, des manifestants qui exigeaient la démission de M. Eyadema, avaient aussi eu des confrontations violentes avec les forces de l'ordre. Un peu plus tard le même mois, l'Assemblée nationale avait passé une loi légalisant les partis d'opposition, mais l'événement fut alors occulté par la découverte de 26 cadavres dans le lagon de Lomé. L'opposition avaient affirmé qu'il s'agissait des corps de manifestants opposants battus à mort par les forces de sécurité, mais le gouvernement l'avait démenti.
Malgré l'introduction du pluripartisme politique, le Togo est régulièrement en butte à des troubles depuis lors et, à un moment donné, de nombreux Togolais (plus de 200 000 selon plusieurs sources) ont fui au Ghana voisin. Les élections présidentielles de 1998 ont été truffées de plaintes de fraude. Un rapport d'Amnesty International signalant que les corps de centaines de victimes de la répression au Togo ont étaient rejetés sur les côtes togolaises et béninoises en 1998 a été démenti par le gouvernement, qui a invité les Nations Unies à conduire une enquête à cet égard.
Des facilitateurs représentant l'Union européenne, la France, l'Allemagne et la Francophonie (une association regroupant les nations francophones) ont tenté, depuis mai 1999, d'organiser des négociations entre le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) au pouvoir et l'opposition.
Durant les dernières semaines, les négociations ont été entravées par l'incarcération de l'opposant Yawovi Agboyibo, un vétéran du combat en faveur d'une démocratie pluraliste, accusé de diffamation.
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