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Trois virus mortels candidats à la prochaine pandémie

En Chine, la grippe aviaire replace les maladies infectieuses sur le devant de la scène

Ebola burial teams in Sierra Leone are still performing hundreds of precautionary burials each week, even though there haven’t been any cases in a few weeks. Aurelie Marrier d'Unienville/IRIN

La grippe aviaire est de retour. Les autorités chinoises ferment les marchés de volailles vivantes face à la menace du H7N9 qui se répand dans le pays. Au mois de janvier seulement, le virus a déjà été contracté par 192 personnes et en a tué 79.

Jusqu’à présent, cette souche de la grippe aviaire semble ne s’être transmise que par contact avec des volailles vivantes, mais la crainte demeure de la voir muter et commencer à être contagieuse entre humains. C’est ce que redoutent véritablement les experts : la possibilité d’un changement soudain déclenchant une propagation interhumaine rapide et conduisant à une nouvelle pandémie.

Une maladie n’est officiellement considérée comme une pandémie qu’en cas de propagation mondiale. Ebola a fait plus de 11 000 morts dans toute l’Afrique de l’Ouest avant d’être enrayée et ce n’était qu’une épidémie. Les pandémies les plus récentes furent la grippe espagnole de 1918 (près de 50 millions de victimes) et le VIH/SIDA (35 millions de morts).

Tandis que les autorités chinoises tentent de juguler la dernière épidémie de grippe aviaire, les responsables de la santé publique du monde entier se précipitent pour gagner de vitesse la prochaine grande pandémie : une maladie qui risque de faire des dizaines de milliers de victimes. Il s’agit de bien se préparer et, notamment, d’identifier les épidémies le plus tôt possible, afin de prendre les mesures adaptées pour les enrayer avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

Personne ne sait quand ni où se déclarera la prochaine épidémie (ou pandémie). Ce pourrait être une version mutante de la grippe aviaire, ou bien une affection totalement inconnue jusqu’à présent, comme la mystérieuse maladie provoquant des symptômes similaires à ceux d’Ebola qui est sortie de nulle part au Soudan du Sud l’année dernière.

Voici quelques autres maladies qui pourraient éventuellement se transformer en pandémie :

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo

Lorsqu’un patient est décédé en septembre dernier à Madrid d’une maladie appelée fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), ce « nouveau » virus mortel a fait la une de nombreux journaux. Pourtant, cette maladie existe depuis des années : signalée pour la première fois en Crimée en 1944, elle réapparut en 1969 au Congo, d’où la deuxième partie de son nom.

Quant à la première partie, elle fait référence aux symptômes de la maladie : fièvre, douleurs musculaires, nausée, diarrhée, ecchymoses et saignements, pour n’en citer que quelques-uns. La mort survient au cours de la deuxième semaine de la maladie. Environ 30 pour cent des patients (parfois plus) succombent au virus.

La FHCC est endémique un peu partout en deçà du 50e degré de latitude nord, de l’Afrique à l’Asie en passant par les Balkans et le Moyen-Orient. Les humains contractent généralement le virus après avoir été en contact avec le sang d’un animal, lui-même infecté par des piqûres de tiques. Les vétérinaires, les employés d’abattoirs et les fermiers sont donc les plus exposés à la maladie.

Une fois contracté par un humain, le virus peut se transmettre par le sang, les sécrétions et tout autre liquide biologique. Des infections nosocomiales se sont ainsi produites à cause d’une mauvaise stérilisation du matériel médical et de la réutilisation d’aiguilles.

Ce virus inquiète les chercheurs et les médecins pour plusieurs raisons, dont l’une est culturelle : la maladie est endémique dans certains pays musulmans, où le sacrifice animal à grande échelle fait partie de la fête (et du festin) de l’Aïd al-Adha.

Au Pakistan, des médecins ont alerté sur la possibilité d’une catastrophe sanitaire si les pratiques de sacrifice ne changeaient pas, car, ces 15 prochaines années, la fête aura lieu en été et coïncidera donc avec la saison des tiques, période durant laquelle la prévalence du FHCC est la plus élevée.

La situation est tout aussi inquiétante en Afghanistan, où les autorités sanitaires ont conseillé à la population d’utiliser des gants et autres vêtements de protection lorsqu’elle manipule des animaux.

Aucun vaccin ne protège contre la FHCC et il n’existe pour l’instant aucun traitement, même si les antiviraux ont donné des résultats encourageants.

Le virus Nipah

Celui-ci a même contaminé Hollywood : Contagion, le film de Stephen Soderbergh sorti en 2011, s’en serait inspiré. Attention ! Si vous voulez le voir, ne lisez pas ce qui suit. Dans le film, le virus engendre une pandémie mondiale. Dans la réalité, c’est loin d’être le cas.

Mais l’épidémie de Nipah s’est déclenchée d’une manière semblable à ce que montre le film : en Malaisie, la sécheresse, la déforestation et les incendies ont détruit l’habitat naturel des roussettes, les chauvesouris porteuses du virus. Elles se sont alors installées dans des arbres fruitiers proches d’exploitations porcines.

Les porcs ont mangé des fruits contaminés par de l’urine et de la salive de roussettes et le virus s’est rapidement propagé parmi le bétail. Encore une fois, les fermiers ont été les premiers touchés. Lors de la première épidémie, à la fin des années 1990, la Malaisie a dû abattre plus d’un million de porcs, au grand dam de l’économie du pays.

Cette première épidémie de Nipah a tué 105 des 256 cas d’infection connus.

Les humains peuvent également contracter le Nipah en buvant du jus frais de palmier dattier, spécialité du Bangladesh. C’est de là que viendraient les épidémies saisonnières de ce pays. Lorsque la sève de palmier est récoltée, elle est déjà infectée par les chauves-souris vivant dans les arbres.

Le Nipah est un cauchemar pour les chercheurs, car il tue extrêmement vite. D’abord pris de nausée, de fièvre et de vomissements, les patients tombent dans le coma en 24 à 48 heures, puis meurent. Le virus s’est par ailleurs rapidement répandu des zones rurales aux villes.

La transmission interhumaine peut se faire par la salive. Le virus peut donc tuer des soignants et des proches qui partagent les mêmes verres ou couverts que les malades ou qui les embrassent.

Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO)

Présenté pendant un certain temps comme candidat à la prochaine pandémie, le SRMO a été signalé pour la première fois en 2012 en Arabie saoudite et les chercheurs pensent aujourd’hui que des cas étaient apparus la même année en Jordanie.

Ce virus mortel (dans 36 pour cent des cas) aurait également été transmis à l’homme par des chauves-souris. Il s’agit donc d’un phénomène récurrent : les chauves-souris sont porteuses de nombreux virus mortels et sont d’ailleurs probablement à l’origine des épidémies d’Ebola, de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et autres.

Le SRMO provoque de la fièvre, de la toux, un essoufflement et, chez plus d’un tiers des patients, la mort. En 2015, une épidémie de SRMO a fait 36 morts et semé la panique en Corée du Sud. Des milliers d’écoles ont été fermées et de nombreuses entreprises en ont pris un coup, car les travailleurs n’osaient même plus sortir de chez eux et nombre d’entre eux étaient en quarantaine.

Le SRMO est plus mortel que son cousin le SRAS, mais il est moins contagieux. Il se communique par contact direct avec une personne infectée et la plupart des transmissions se sont produites dans des établissements de santé. La grande crainte qu’il soit devenu aérogène n’a pas été totalement écartée, bien que rien ne prouve cette hypothèse.  

Il n’y a pour l’instant aucune raison de paniquer, mais le SRMO est toujours source d’inquiétude lors du pèlerinage annuel à La Mecque, en Arabie saoudite. Près de deux millions de musulmans convergent alors vers le pays où l’incidence du virus est la plus forte.

Comme pour les autres maladies mentionnées précédemment, il n’existe ni vaccin ni traitement contre le SRMO. L’hygiène est la seule façon de s’en prémunir.

De nombreux autres virus mortels existent et les chercheurs suivent leur transmission entre espèces et cherchent à en déduire la réponse à une question essentielle, à savoir ce qui fait qu’un virus devient aérogène. Quoi qu’il en soit, n’oublions pas notre bonne vieille grippe. Elle n’est pas exotique et tout le monde la connait, mais elle pourrait, sous une certaine forme, être à l’origine de la prochaine grande pandémie. Ah ! Et attention aux chauves-souris !

(PHOTO DE COUVERTURE : Une équipe d’enlèvement des morts d’Ebola en Sierra Leone, en 2015. Aurélie Marrier d’Unienville/IRIN)

as/ag-ld/amz 

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