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Les victimes d’attentats de Boko Haram manquent d’aide pour payer leurs soins

More than two dozen people were killed and many more injured during a 7 July Boko Haram suicide bombing in Nigeria's Zaria city. Muhammad Ibrahim/IRIN
Hope Musa se trouvait simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Le 25 juin 2014, un kamikaze prétendument lié à Boko Haram s’est fait exploser dans le très fréquenté Emab Plaza, un centre commercial au coeur de la capitale nigériane, Abuja. Des dizaines de personnes ont été tuées et bien d’autres blessées.

M. Musa, homme d’affaires de 35 ans passionné par l’art du commerce, a été grièvement blessé à la tête. Il a passé huit mois à l’hôpital avant d’être renvoyé chez lui alors qu’il était encore sujet à des attaques et présentait toujours des lésions cérébrales. N’ayant pas les moyens de continuer à se faire soigner ni de se rendre à l’étranger pour une opération neurologique, il est mort de complications dues à ses blessures ce mois-ci, plus d’un an après l’explosion.

Le nord du Nigeria a été le théâtre de centaines d’attentats depuis le début de l’insurrection de Boko Haram en 2009.

La fréquence de ces attentats a légèrement diminué depuis juillet, à la suite de l’élection du président Muhammadu Buhari, mais ils se produisent toujours avec une régularité alarmante.

Le 7 juillet, une adolescente s’est fait exploser dans la cité antique de Zaria, au nord-ouest de l’État de Kaduna. Vingt-six personnes ont été tuées. La plupart des morts et des blessés étaient des fonctionnaires ou des instituteurs. Dimanche dernier, dans la vague d’attentats la plus meurtrière depuis l’entrée en fonction de M. Buhari, quatre bombes de Boko Haram ont éclaté dans des lieux très fréquentés près de l’aéroport de Maiduguri, au nord-est de l’État de Borno, faisant une centaine de morts.

Malgré la collecte de plus de 400 millions de dollars par un comité constitué par le gouvernement pour venir en aide aux victimes de Boko Haram, beaucoup se plaignent d’avoir des difficultés financières en raison du coût élevé des soins.

« Des victimes meurent inutilement alors que leur décès aurait pu être évité s’ils avaient bénéficié d’une attention médicale immédiate et continue », a dit Kayode Oladele Olatunji, directeur de la Bomb Victims Association of Nigeria. « Nous avons des cas de brulures au premier degré, d’opacité de la cornée, de fractures ouvertes, des cas orthopédiques, des amputations de membres, des lésions, des troubles de l’ouïe, des blessures aux nerfs ou aux tissus demandant des soins intensifs, etc. Tous ces cas demandent des soins médicaux urgents. »

Voici le témoignage de quelques survivants : 

Sadik Ibrahim, 18 ans
Blessé en 2012 dans une explosion dans l’État de Kaduna

« J’étais en formation dans le magasin de mon frère le jour où l’auteur présumé de l’attentat-suicide s’est fait arrêter alors qu’il tentait de faire exploser le bureau du journal Thisday, dans ma rue. Nous sommes accourus sur les lieux pour voir, mais malheureusement, le suspect a lancé un sac dans la foule et il a explosé. »

M. Ibrahim a passé quatre mois dans le coma à l’hôpital militaire de référence 44 avant d’être transféré à l’hôpital universitaire de Zaira, à Shika.

« Je suis gravement blessé […] Ma main et ma jambe gauches sont en partie paralysées. Et je ne vois pas bien de l’oeil gauche. » 

M. Ibrahim a dit que l’État l’avait aidé à payer une partie de ses premiers soins, mais que ses parents devaient prendre en charge la plupart des coûts, dont les médicaments prescrits, et qu’ils avaient dépensé toutes leurs économies pour essayer de l’aider à se rétablir. 

« Nous avons vraiment besoin d’aide, car ma main et mon oeil gauches ne fonctionnent toujours pas bien », a-t-il dit à IRIN. 

Musa Hassan
Blessé dans l’attentat du 7 juillet à Zaria

« La kamikaze, une femme, est entrée dans le centre de vérification en criant “Bougez ! Bougez !”, mais avant que nous réalisions ce qui se passait, la bombe [qu’elle portait] sur elle a explosé. »
M. Hassan a perdu connaissance et ne s’est réveillé que plusieurs jours plus tard. Il a passé les semaines suivantes à l’hôpital. 

« J’ai eu de la chance […] Beaucoup de mes collègues sont morts sur place à cause de la puissance de l’explosion. C’est un jour que je n’oublierai jamais de ma vie, car nous sommes toujours sous le choc et perturbés. Nous ne sommes que des fonctionnaires. »

« Nous n’avons pas compris pourquoi quelqu’un pourrait vouloir nous tuer. »

Ibrahim Aliyu, 25 ans
Blessé dans un attentat-suicide en 2012 alors qu’il vendait des journaux

« Je [travaillais] quand ça a explosé », a dit M. Aliyu à IRIN. « Je me suis réveillé dans un lit d’hôpital [couvert de] sang froid. J’étais gravement blessé. J’ai perdu mon oeil gauche et sept dents. Maintenant, j’utilise un dentier qu’on m’a donné à l’hôpital. Nous espérons que l’État nous viendra en aide, car nous n’avons pas assez d’argent pour me soigner. Je ne suis qu’un vendeur de journaux. »

Malam Hamisu
Père d’une victime blessée dans un attentat à Kaduna en 2013

« J’ai presque perdu ma fille […] le jour où Boko Haram a frappé la ville », a dit M. Hamisu. 
« En tant que père, j’étais terrifié, car j’ai cru que j’allais la perdre, à cause du nombre de personnes tuées. Mais nous avons eu de la chance. Elle n’a eu qu’une fracture à la jambe droite. »

Lubabatu, sa fille, a passé plus d’un mois à l’hôpital pour se remettre de ses blessures avant de rentrer chez elle pour voir un guérisseur traditionnel. 

« J’ai dû la faire sortir de l’hôpital, parce que je ne pouvais pas continuer à payer ses frais de médicaments. Comme vous pouvez le voir, je n’ai plus d’argent et nous n’avons pas reçu d’indemnité. »

mi/jl/ag-ld/amz 
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