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Les acteurs clés qui pourraient influencer les élections au Yémen

Abdu Rabu Mansour Hadi Adel Yahya/IRIN
Après un an de manifestations massives et de batailles de rue qui ont mené le pays au bord de la guerre civile, le Yémen se prépare pour l’élection présidentielle qui doit se tenir le 21 février. Le seul candidat en lice, le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, a déjà lancé sa campagne électorale.

Si, selon certains observateurs, l’élection ne représente qu’un simple changement de garde, d’autres estiment qu’il s’agit du seul moyen de sauver le Yémen de l’effondrement. Le scrutin permettrait en effet de mettre fin aux 33 ans de règne du président Ali Abdallah Saleh conformément à l’accord négocié sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et signé en novembre 2011.

L’accord du CCG avait pour objectif de mettre fin aux affrontements qui duraient depuis un an et qui avaient entraîné une détérioration de la situation humanitaire. L’élection présidentielle de février devra toutefois se tenir dans des circonstances difficiles.

La violence continue en effet de régner dans l’ensemble du pays. Des militants islamistes, certains éléments du Mouvement du Sud et les rebelles houthistes, qui ont été exclus de l’accord de novembre, s’opposent par ailleurs à la tenue du scrutin présidentiel.

Selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC), les données compilées par l’unité exécutive du gouvernement pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) montrent que 144 000 personnes ont été déplacées dans le sud et le centre du Yémen depuis le mois de mai 2011, et plus de 80 000 dans le gouvernorat d’Abyan seulement.

Dans le district de Kisher, dans le gouvernorat de Hajjah, situé dans le nord du pays, des centaines de personnes ont été déplacées à la suite d’affrontements récents entre les Houthis et les salafistes. Des dizaines de milliers d’habitants du gouvernorat de Hajjah ont également dû quitter leur foyer depuis 2004 à cause du conflit entre les forces du gouvernement et les rebelles houthistes. Dans le gouvernorat de Sadah, plus de 300 000 personnes sont toujours déplacées.

M. Saleh, qui suit actuellement un traitement médical aux États-Unis, a conservé son influence sur l’armée (son fils commande toujours une unité d’élite) ; l’économie (ses proches et ses acolytes exercent toujours leur emprise) ; et la politique (il est toujours à la tête du Congrès général du peuple, ou CGP, le parti au pouvoir).

M. Hadi, qui occupe la fonction de vice-président depuis 1994 et est également secrétaire général du CGP, est considéré comme étant plus ouvert au dialogue avec l’opposition, et notamment avec des personnages influents comme le général Ali Mohsen (un ancien allié de M. Saleh) et Hamid al-Ahmar (un riche cheikh qui appartient au parti d’opposition Al-Islah). Vu le soutien qu’il obtient auprès des groupes d’opposition, il est considéré comme le candidat du « consensus », qui guidera le pays à travers une période de transition de deux ans et cherchera à juguler la rébellion houthiste au Nord et la montée des groupes djihadistes au Sud, à réunifier l’armée et les forces de sécurité et à préparer le pays pour des élections ouvertes à la concurrence.

Après avoir approuvé la nomination de M. Hadi, le Parlement a suspendu ses travaux jusqu’après l’élection, rejetant du même coup toute autre nomination. Il justifie sa décision par le fait que la tenue d’une élection ouverte à la concurrence à une époque aussi trouble pourrait déclencher de nouvelles violences. Le scrutin à venir a pour objectifs d’assurer un transfert sans heurts du pouvoir, d’éviter la violence et de rétablir la paix et les services essentiels au Yémen. Or, de nombreux obstacles subsistent.

« Aucun bureau de vote ne sera ouvert sur notre territoire… Aucun citoyen ne sera autorisé à participer au scrutin…Toute élection sera considérée comme illégitime, car notre territoire est occupé par les gens du Nord »
Dans cet article, IRIN s’intéresse aux autres acteurs et groupes clés qui pourraient influencer l’issue du scrutin.

Al-Musaibly

Ahmad al-Musaibly, un présentateur de télévision qui bénéficie surtout du soutien des jeunes manifestants, a tenté de briguer la présidence, mais le Parlement n’a pas accepté sa candidature.

M. Al-Musaibly n’est affilié à aucun parti politique et se décrit lui-même comme un « révolutionnaire indépendant ». Il était auparavant employé par la principale chaîne publique yéménite, mais il a démissionné en mars pour se joindre au mouvement de protestation qui réclamait le départ du président Saleh.

« Pour assurer la transition, nous avons besoin d’un président indépendant qui croit en la légitimité de la révolution de la jeunesse contre le régime d’Ali Abdallah Saleh », a indiqué le comité d’organisation de la révolution des jeunes (Organizing Committee of the Youth Revolution, OCYR), qui appuie sa candidature, dans un communiqué publié le 15 janvier.

« Il y a des millions de citoyens yéménites qui ne sont affiliés à aucun parti et qui pourraient accorder leur soutien à ce candidat indépendant », a dit à IRIN Zaki Sallam, coordonnateur médias de l’OCYR. « Nous nous attendons à ce que la communauté internationale, qui est contre l’octroi de l’immunité aux meurtriers, appuie notre candidat ».

Ses partisans, qui avaient déjà commencé à imprimer du matériel de campagne, risquent d’être frustrés par son incapacité à briguer la présidence et de provoquer des troubles.

CGP

En dépit des défections qui ont eu lieu depuis le début des troubles politiques, en février 2011, le CGP détient toujours près de 200 sièges au Parlement (qui en compte 301) et occupe la moitié des 34 postes du gouvernement intérimaire.

Le CGP est au pouvoir depuis 10 ans et ses membres, dispersés sur l’ensemble du territoire, sont restés fidèles au parti depuis sa création dans les années 1980. Certains d’entre eux dirigent de nombreuses institutions au niveau des gouvernorats et des districts. Le CGP exploitera sans aucun doute les avantages que représente le fait d’être le parti sortant.

Récemment toutefois, les clivages au sein de la direction du parti sont devenus plus évidents. Le 10 janvier, M. Hadi a menacé de ne pas se présenter à la présidentielle après que des membres du CGP l’ont accusé de défier l’autorité de M. Saleh, allant même, dans certains cas, jusqu’à le taxer de traître.

La question de l’immunité judiciaire de l’ex-président Saleh et de ses plus proches collaborateurs risque de causer d’autres problèmes au CGP. Les observateurs croient en effet que le parti pourrait avoir de la difficulté à défendre l’amnistie face à des électeurs mécontents.

Le cabinet a récemment approuvé un projet de loi accordant l’amnistie à M. Saleh, mais la décision a provoqué la colère de la population, en particulier des jeunes Yéménites, et a été critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme. Les piliers du parti semblent pourtant déterminés à aller de l’avant : « Aucune élection n’aura lieu avant que tous les hommes armés aient quitté la capitale et qu’un projet de loi garantissant l’immunité à Saleh et à ses collaborateurs soit approuvé », a dit Sultan al-Barakani, le chef du bloc parlementaire du parti.

JMP

Créés en 2003 et actifs dans l’ensemble du pays, les JMP (Joint Meeting Parties) rassemblent six partis d’opposition importants : le parti islamiste Al-Islah, le Parti socialiste yéménite (PSY), l’Organisation unioniste populaire nassérienne, le Parti Baas arabe socialiste, l’Union des forces populaires et le parti islamiste Al-Haq.

La coalition est présidée par Abdulwahab al-Anisi, du parti Al-Islah. En décembre 2011, elle a obtenu, en vertu de l’accord négocié par le CCG, la moitié des postes au sein du gouvernement intérimaire, et notamment celui de Premier ministre. Elle détient une soixantaine de sièges au Parlement.

Les JMP ont été directement impliqués dans le mouvement de protestation national contre le président Saleh. La coalition a ainsi été accusée par le CGP d’avoir encouragé le personnel de plusieurs institutions publiques à manifester en appelant à l’expulsion des dirigeants qui sont aussi des membres du CGP.

Selon Najiba Mutahar, analyste politique à l’université de Taëz, les tentatives de certains parlementaires des JMP de bloquer la loi d’amnistie démontre qu’elle n’a pas la faveur de la coalition.

Les partis de la coalition, en particulier Al-Islah, bénéficient d’un large soutien dans l’ensemble du pays. Ils souhaitent remplacer le système actuel de scrutin majoritaire à un tour par un système de représentation proportionnelle, qu’ils croient plus démocratique.

Photo for three of the martyrs hung by protesters demanding prosecution of Saleh
Photo: Adel Yahya/IRIN
Des manifestants s’opposent à l’adoption de la loi qui garantit l’immunité au président Ali Abdallah Saleh, qu’ils considèrent comme responsable de la mort de plusieurs de leurs compatriotes
Selon Ahmad al-Zawqari, un membre de l’organisation non gouvernementale (ONG) locale Yemen Election Monitoring Network (YEMN), la coalition peut compter sur l’appui de « personnages riches et puissants comme Hamid al-Ahmar ».

« Révolutionnaires »

En dépit de la signature de l’accord de novembre, des dizaines de milliers de jeunes manifestants qui se décrivent eux-mêmes comme des « révolutionnaires » campent toujours dans la rue à Sanaa et dans d’autres grandes villes.

Les « révolutionnaires » qui ont lancé le mouvement de protestation en février 2011 se méfient depuis longtemps des compromis négociés entre l’opposition et le régime du président Saleh, ce qui peut expliquer leur réticence à accepter l’accord du CCG.

Ils s’opposent à l’octroi de l’immunité au président Saleh et à ses collaborateurs, et il est dès lors peu probable qu’ils accordent leur soutien à un groupe politique qui est en faveur de l’amnistie.

« Pourquoi accorder l’immunité à des meurtriers... qui ont tué des milliers d’entre nous... Nous allons continuer de manifester jusqu’à ce qu’ils soient jugés devant nous », a dit à IRIN Tawakkul Karman, une jeune leader du mouvement de protestation qui est également colauréate du prix Nobel de la paix.

Les observateurs craignent que les jeunes manifestants tentent de perturber les élections. « Ils pourraient intensifier leur mouvement de protestation et ainsi donner lieu à des violences et entraver le bon déroulement du scrutin, car ils pensent que le Parlement les a trahis en approuvant la loi d’immunité du 21 janvier », a dit le cheikh Nassr al-Shahiri, leader du Conseil suprême des terres centrales, une coalition tribale pro-JMP. Ils ont déjà organisé des manifestations à Sanaa, Taëz et Aden.

Mouvement du Sud

Le Mouvement du Sud rassemble des dizaines de milliers de personnes qui demandent la sécession du Sud.

Dirigé par Hassan Baoum, il est actif dans les gouvernorats de Dhalea, de Lahj, d’Aden et d’Abyan, dans le sud du pays ; et dans ceux de Shabwa, de Hadhramaut et de Mahrah, dans l’est du Yémen. Il s’oppose à l’accord de novembre et aux élections qui doivent se tenir en février.

Lors d’un rassemblement organisé au début du mois de janvier dans la ville portuaire d’Aden, dans le sud du pays, des centaines de membres du Mouvement du Sud ont brûlé leur carte électorale devant les caméras pour indiquer qu’ils boycotteraient l’élection à venir.

« Aucun bureau de vote ne sera ouvert sur notre territoire… Aucun citoyen ne sera autorisé à participer au scrutin », a dit à IRIN Salah al-Shanfarah, un leader du Mouvement du Sud à Aden. « Toute élection sera considérée comme illégitime, car notre territoire est occupé par les gens du Nord ».

Certains membres du Mouvement du Sud sont armés. Le 13 janvier, des affrontements ont fait sept morts et 26 blessés. « L’appel au boycott des élections peut trouver un écho auprès de la population du sud du pays, qui, en plus de souffrir de la pauvreté et de la médiocrité des services essentiels, sent qu’elle est exclue d’un véritable partenariat en ce qui concerne le pouvoir et [la gestion des] ressources », a dit M. al-Zawqari, de l’ONG YEMN.

Militants islamistes

Ansar al-Sharia, un groupe affilié à Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQAP), est composé de combattants étrangers d’Al-Qaida et de militants locaux. Les autorités yéménites doivent de plus en plus souvent faire face aux militants islamistes dans le sud du pays. Le gouvernorat d’Abyan est leur principal bastion, mais le groupe est également actif dans les gouvernorats voisins de Shabwa, de Beida, de Marib et d’al-Jawf.

Ses militants, pour la plupart originaires du Yémen et de l’Arabie saoudite, ont profité du faible contrôle du gouvernement central sur plusieurs régions du pays pour gagner du terrain. Ils ont récemment étendu leurs opérations à la ville de Radaa, dans le gouvernorat de Beida.

Le cheikh Mohammed Bin Sabaa, d’Abyan, a dit à IRIN qu’Ansar al-Sharia n’avait pas l’intention d’autoriser les comités d’organisation des élections à pénétrer sur le territoire du gouvernorat. « Ils ne reconnaissent pas les élections », a-t-il dit. « Ils considèrent la démocratie comme un concept occidental introduit par les États-Unis ».

Les opérations militaires continues contre les militants ont rendu plusieurs régions du sud dangereuses. Les déplacements et l’expansion d’Al-Qaida et des groupes affiliés risquent d’avoir un impact négatif sur les progrès politiques et d’entraîner des tensions sécuritaires, a dit au Yemen Times Ayesh Awas, chercheur en sécurité au Centre Saba pour les études stratégiques. « Il n’est pas raisonnable de tenir des élections dans les régions touchées par des conflits », a-t-il ajouté.

Houthis

Dirigé par le chef religieux chiite Abdel Malek al-Houthi, ce groupe de rebelles chiites est actif dans les gouvernorats de Sadah, d’al-Jawf et d’Amran, dans le nord du pays, ainsi que dans certaines régions du gouvernorat de Hajjah. Il compte également des milliers de partisans à Sanaa et dans d’autres gouvernorats.

Les Houthis militent en faveur d’une plus grande autonomie et, ultimement, de la restauration de l’imamat zaydite d’avant 1962.

Ils s’opposent à l’accord de novembre à cause de l’implication saoudienne : l’Arabie saoudite a en effet lancé une guerre contre eux en 2009. S’ils considèrent la démocratie comme un concept occidental arbitrairement imposé au Yémen par les États-Unis, ils se sont cependant rangés du côté des manifestants anti-Saleh.

« Dans l’Islam, nous avons le califat, mais pas la démocratie. C’est un concept américain », a dit Sameeh al-Rijami, un leader du mouvement.

Members of the Hashid tribe loyal to opposition leader Sheikh al-Ahmar
Photo: Adel Yahya/IRIN
Dans le gouvernorat d’Amran, des membres de la tribu Hashid participent à une manifestation de soutien au cheikh Al-Ahmar
Selon les observateurs, le scrutin n’aura peut-être pas lieu à Sadah et dans les régions voisines à cause de l’insécurité ambiante. Les Houthis combattent actuellement les sunnites salafistes dans certaines régions des gouvernorats de Sadah, d’al-Jawf et de Hajjah.

Confédération tribale Hashid

Cette confédération, qui regroupe plusieurs tribus, est loyale au cheikh Sadeq al-Ahmar, un homme influent qui a été impliqué dans des affrontements sporadiques avec les forces progouvernementales depuis le mois de mai 2011.

On dit qu’elle rassemble des dizaines de milliers d’hommes armés, principalement originaires des gouvernorats d’Amran, de Marib et de Sanaa. Plusieurs centaines d’hommes armés sont déployés dans le quartier Al-Hasaba, dans le nord de Sanaa, pour protéger le cheikh Al-Ahmar.

Jusqu’à présent, ils ont refusé de quitter Sanaa comme le prévoyait l’accord du CCG, provoquant des tensions dans la capitale quelques semaines à peine avant le scrutin. « Si Saleh veut l’immunité, il doit quitter le Yémen », a dit le cheikh Al-Ahmar à Jamal Benomar, l’envoyé spécial des Nations Unies au Yémen, le 12 janvier.

Déserteurs de l’armée

On estime à 25 000 ou 30 000 le nombre de soldats qui ont fait défection. Selon les observateurs, ils représentent une source importante de tensions qui pourrait affecter l’issue du scrutin.

Il s’agit notamment des soldats de la première division blindée à Sanaa et d’autres divisions déployées dans le nord-ouest et l’est du pays et qui sont loyales au commandant de la zone militaire nord-ouest, le général Ali Mohsen Saleh, qui se dit favorable à la tenue du scrutin.

En vertu de l’accord du CCG, tous les soldats doivent être confinés dans leurs casernes avant l’élection, mais Ali Mohsen Saleh n’a pas respecté cette obligation, craignant de placer ses troupes en situation de vulnérabilité face à d’éventuelles attaques de la Garde républicaine.

Garde républicaine

Commandée par le général de brigade Ahmed Ali Saleh, l’un des fils du président, l’unité d’élite, composée de 23 divisions, est basée à Sanaa et dans d’autres gouvernorats, notamment à Dhamar, Ibb, Taëz, Beida, Hudeidah et Hadhramaut.

On estime que les quelque 40 000 soldats de la Garde républicaine contrôlent presque toutes les positions stratégiques sur les montagnes qui entourent la ville de Sanaa.

Les soldats qui ont fait défection pour se joindre au général dissident Ali Mohsen Saleh exigent que la Garde républicaine abandonne ces positions avant leur retrait de Sanaa, une demande qui a été rejetée par les commandants de l’unité d’élite.

Sources : 
www.arabic-military.com
http://yemen-press.com/
www.alahmar.net
www.al-tagheer.com
www.barakish.net
http://marebpress.taiz-press.net/

ay/eo/ha/cb-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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