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Des lacunes subsistent malgré l’intensification des efforts de lutte contre Ebola

A government health worker in the MOH-led Kenema Ebola Treatment Centre in Sierra Leone attends to a victim. July 2014. Tommy Trenchard/IRIN
Les efforts de traitement et d’endiguement d’Ebola s’intensifient en Sierra Leone et au Liberia, mais, selon le personnel des ministères de la Santé et les travailleurs humanitaires, les travailleurs de la santé, les chercheurs de sujets contacts et les surveillants communautaires sont encore trop peu nombreux sur le terrain pour répondre à la propagation de la maladie, en particulier dans les zones urbaines.

« Il est difficile pour nous de réduire les taux de transmission », a dit à IRIN Tolbert Nyensuah, sous-ministre de la Santé du Liberia. « La plupart des hôpitaux de Monrovia ne sont pas encore totalement opérationnels. Il faut renforcer la surveillance communautaire. Notre intervention n’est pas encore au point. »

La coordinatrice d’urgence de Médecins Sans Frontières (MSF) au Liberia, Lindis Hurum, a décrit comme « catastrophique » la situation à Monrovia. On rapporte en effet que 40 travailleurs de la santé ont été infectés, que la plupart des hôpitaux de la ville ont fermé leurs portes et qu’il y a des cadavres dans les rues et dans les maisons.

Monrovia est densément peuplée et les habitants doivent composer avec de mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement. Ce défi urbain est « totalement sans précédent », a dit M. Nyensuah. « C’est la première fois qu’on doit lutter contre Ebola dans des zones urbaines et semi-urbaines, même pour MSF [qui a déjà traité des cas d’Ebola dans le comté de Lofa, à la frontière guinéenne]. Cela exige de nouvelles approches, de nouveaux protocoles sur la façon de sauver des vies. »

Entre le 7 et le 9 août, 45 nouveaux cas d’Ebola ont été rapportés au Liberia, portant le total à 599. La Sierra Leone est le pays le plus durement touché, avec 730 cas recensés, contre 506 cas pour la Guinée. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quelque 1 013 personnes sont mortes sur un total de 1 848 cas enregistrés.

Les infrastructures de santé de la Sierra Leone et du Liberia sont parmi les plus faibles au monde. Les équipements sont inadéquats, les établissements sont délabrés et les médecins sont trop peu nombreux. Ils sont environ 250 pour l’ensemble de la population du Liberia, selon Stephen Kennedy, du Liberia Post-Graduate Medical College. D’après une estimation de l’OMS, la Sierra Leone compte quant à elle un médecin pour 33 000 citoyens.

Selon certaines informations, au moins 60 travailleurs de la santé sont morts en Sierra Leone et au Liberia au cours du dernier mois.

Quels sont les éléments à renforcer ?

« Concrètement, tous les éléments suivants doivent être renforcés de manière significative : les soins médicaux, la formation du personnel de santé, le contrôle des infections, la recherche des sujets contacts, la surveillance épidémiologique, les systèmes d’alerte et d’aiguillage ainsi que la mobilisation et l’éducation de la communauté », a indiqué MSF dans un communiqué de presse publié le 8 août. « Soixante-six employés internationaux et 610 employés nationaux de MSF tentent actuellement de gérer la crise dans les trois pays affectés. Tous nos spécialistes d’Ebola sont mobilisés. Nous ne pouvons tout simplement pas en faire plus. »

Les moyens de diagnostic doivent également être améliorés, a souligné l’OMS dans une déclaration publiée le 11 août, notamment parce que les premiers symptômes d’Ebola ressemblent à ceux d’autres maladies comme le paludisme, la typhoïde et la fièvre de Lassa.

Les établissements de traitement sont surchargés et certains d’entre eux doivent refuser des patients, a indiqué l’OMS. « De nombreux établissements ne sont pas alimentés de façon fiable en électricité et en eau courante. Les organisations d’aide, y compris Médecins sans Frontières, qui a assuré l’essentiel des soins cliniques, sont épuisées. »

Yahya Tunis, un porte-parole du ministère de la Santé de la Sierra Leone, a confirmé qu’il y avait des pénuries sur tous les fronts. Il a ajouté que la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia « réclament simultanément tout le soutien que nous pouvons obtenir » et que cela pose problème. Les travailleurs de la santé craignent que les principales causes de décès dans ces pays – les maladies diarrhéiques, le paludisme et les infections respiratoires, qui font plus de 1 000 victimes par mois en Sierra Leone seulement (des enfants, pour la plupart) – soient négligées à cause de l’épidémie d’Ebola.

Vers une lente amélioration

Selon des employés des ministères de la Santé du Liberia et de la Sierra Leone, la situation s’améliore lentement dans les deux pays. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) est en train de mettre en place une clinique mobile avec 26 travailleurs de la santé et employés de soutien à Kenema, dans le centre-est de la Sierra Leone, afin de désengorger l’hôpital gouvernemental de la ville. Le chef de l’équipe de réponse à l’épidémie de fièvre hémorragique de la FICR, Zakari Issa, a cependant dit que l’organisation était confrontée à des défis logistiques importants, et notamment que les restrictions sur les vols ralentissaient le déploiement du personnel sur le terrain.

Selon le ministre Nyensuah, la situation au Liberia s’est un peu améliorée avec l’arrivée, le 11 août, d’équipements de traitement d’Ebola et de personnel supplémentaire des Centers for Disease Control (CDC) et, surtout, avec la promesse de MSF de mettre sur pied et de gérer un hôpital à Monrovia pour traiter les patients atteints de la fièvre Ebola.

Le Liberia attend en outre la livraison, plus tard cette semaine, d’un médicament expérimental qui pourrait contribuer à réduire le taux de mortalité du virus Ebola ou à protéger les travailleurs de la santé contre la maladie.

Les taux de transmission dans des zones urbaines comme Monrovia sont « plus inquiétants » en raison de la densité démographique, a dit Julie Diamond, la porte-parole de MSF à Dakar, mais « il ne devrait pas être plus difficile » de les réduire si les protocoles adéquats sont respectés, a-t-elle dit. Ces protocoles prévoient l’isolation des cas suspects et la recherche des contacts, c’est-à-dire le dépistage de toutes les personnes ayant été en contact avec un cas confirmé au cours des trois semaines précédentes.

Des experts de la santé des CDC, le ministère de la Santé, MSF et d’autres acteurs travaillent actuellement à la finalisation d’un protocole d’intervention pour lutter contre la propagation d’Ebola en milieu urbain.

Les ministères de la Santé de la Sierra Leone, du Liberia et de la Guinée exercent des pressions accrues sur le gouvernement américain, les CDC, l’OMS et la Banque mondiale pour qu’ils intensifient leurs efforts pour endiguer l’épidémie. Selon certaines informations, la Sierra Leone estime avoir 7 millions de dollars sur les 25 millions dont elle aurait besoin pour endiguer Ebola, tandis que le Liberia disposerait d’environ 6 millions sur les 21 millions de dollars nécessaires.

aj/cb-gd/ld


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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