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Un vaccin anti-méningocoque résistant à la chaleur

Chad has the highest rates of malnutrition in the Sahel and West Africa region Otto Bakano/IRIN
Au Bénin, une campagne de vaccination pilote contre la méningite A ciblant plus de 155 000 personnes a été menée avec un vaccin ne nécessitant pas de réfrigération constante. Les chercheurs affirment que cette méthode présente de sérieux avantages : elle permet d’atteindre un public plus large, d’améliorer l’efficacité de l’administration et éventuellement de réduire les coûts.

La plupart des vaccins doivent être conservés au froid, entre 2 °C et 8 °C, mais le vaccin anti-méningocoque MenAfriVac peut être stocké pendant quatre jours à une température maximale de 40 °C, sans qu’une perte de puissance, d'efficacité ou de sécurité soit constatée.

En octobre 2012, MenAfriVac a été approuvé pour une utilisation en dehors de la chaîne du froid. En décembre 2012, il a été utilisé pour vacciner 155 596 personnes, âgées de 1 à 29 ans, dans 150 communautés dans le nord du Bénin. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme qu'aucun cas de méningite A n’a été signalé par la population vaccinée en 2013. Les résultats ont été récemment publiés dans la revue Vaccine.

« C'est absolument révolutionnaire. Cela pourrait vraiment changer la façon dont les campagnes de vaccination de masse sont menées dans les régions où les ressources sont faibles ou dans les zones reculées », a déclaré Marie-Pierre Preziosi, directrice du Projet Vaccins Méningite, un partenariat entre l'OMS et PATH (une organisation non gouvernementale internationale pour la santé) chargé du développement de MenAfriVac.

Briser la chaîne du froid

MenAfriVac a d’abord été introduit en 2011 dans le cadre d’une campagne de vaccination de masse dans la ceinture de la méningite en Afrique, qui s'étend du Sénégal à l'Éthiopie. À ce jour, plus de 150 millions de doses de MenAfriVac ont été utilisées pour des vaccinations dans 12 pays africains.

Cependant, il aura fallu attendre l’expérience du Bénin pour que le vaccin soit administré en dehors de la chaîne du froid.

Michel Zaffran, coordinateur du Programme élargi de vaccination (PEV), a déclaré que depuis le début des années 1970, il était bien connu qu'un certain nombre de vaccins étaient relativement résistants à la chaleur.

« Néanmoins, tous sont homologués pour un stockage et une utilisation à une température strictement comprise entre 2 et 8 °C, ce qui est tout à fait envisageable dans les pays industrialisés qui disposent de l’électricité et de nombreux équipements, mais qui peut parfois s’avérer compliqué dans les pays en développement », a-t-il dit.

Une grande partie de l'Afrique rurale manque d'électricité. Les coupures de courant sont fréquentes dans les villes et les températures diurnes dépassent les 30 °C dans la plupart des pays. Bien des villages sont trop reculés pour pouvoir recevoir les vaccins avant que ceux-ci ne se détériorent.

« Normalement, c’est ainsi que cela fonctionne : les vaccins sont réfrigérés lorsqu’ils sont distribués au niveau du district. Ensuite, pour parcourir les derniers kilomètres, [généralement la partie la plus difficile du trajet], il faut placer ces vaccins […] dans une glacière avec des sacs de glace et des thermomètres afin de pouvoir transporter les boîtes isothermes […] vers la personne à vacciner », a déclaré David Kaslow, vice-président du développement de produits à PATH.

« En fait, se procurer des sacs de congélation et de la glace, s'assurer que tout est à la bonne température et tout mettre dans des glacières, etc. sont des opérations à forte intensité de main-d’œuvre assez coûteuses », a-t-il expliqué.

Lors de l’essai au Bénin, sur les 15 000 flacons, seulement neuf ont dû être jetés, car ils n’avaient pas été utilisés dans la limite de quatre jours, et aucun flacon n’a dépassé le seuil de température maximale de 40 °C. Cela représente un gaspillage de seulement 0,06 pour cent.

Florence Fermon, de Médecins sans frontières, a déclaré que pendant les campagnes de vaccination, le gaspillage moyen pouvait atteindre les 5 pour cent, car le vaccin devait être jeté dès que la température dépassait les 8 °C.

Le fait de ne pas avoir à se soucier des sacs réfrigérants ou de ne pas devoir rentrer aux centres de santé du district tous les soirs afin de stocker les vaccins et de se réapprovisionner signifie que le personnel de santé du Bénin peut vacciner un plus grand nombre de personnes par jour et atteindre les zones les plus reculées.

D’après les estimations des chercheurs, utiliser MenAfriVac en dehors de la chaîne du froid pour un temps limité pourrait réduire les coûts de près de 50 pour cent, et ramener le prix d’une dose à 0,12 dollar. Selon une étude distincte réalisée par l’OMS, la plupart des économies sont réalisées grâce aux réductions des coûts de transport et de stockage au cours des derniers kilomètres, qui sont les plus difficiles.

« Cela paraît donc évident », a déclaré M. Kaslow. « Nous disposons d’un vaccin qui semble être assez stable [...] permet d’économiser de l'argent et exige moins de travail [...], et qui a été adapté aux besoins des personnes dans les milieux où les ressources sont faibles. »

La formation

Pourtant, quelques difficultés se sont présentées au début de l'étude, notamment en ce qui concerne la formation des professionnels de la santé sur l’utilisation correcte d’un vaccin en dehors de la chaîne du froid.

« Il s'agit d'un nouveau concept et par conséquent, après des années de travail dans les limites imposées par la chaîne du froid, cette nouvelle approche en termes de livraison aurait dû être accompagnée d’une formation et d’un contrôle. Nous n’avons voulu déstabiliser personne avec les notions de “chaîne du froid” et “hors de la chaîne du froid” ou avec des questions administratives, car [la livraison] doit être faite conformément à des directives appropriées », a déclaré Mme Preziosi.

La prochaine étape consistera non seulement à étendre l'utilisation de MenAfriVac dans les chaînes à température contrôlée dans d'autres pays africains, mais aussi à approuver l’utilisation des vaccins en dehors de la chaîne du froid pour des maladies telles que le choléra et la fièvre jaune.

« C'est un processus très lent », a déclaré M. Zaffran. « Cependant, je pense que nous avons ouvert la voie, ce qui risque de stimuler la génération de données qui pourraient nous aider à utiliser le vaccin de manière plus appropriée, de manière à pouvoir vraiment tirer parti de sa résistance à la chaleur. »

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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