Le 23 janvier, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) a envoyé des troupes à la frontière camerounaise pour escorter des camions transportant des fournitures humanitaires vers Bangui, la capitale.
Un porte-parole de la mission, Eloi Yao, a dit à IRIN qu’une forte escorte avait quitté la capitale de la RCA pour se rendre à Garoua-Boulai, le principal point de passage du trafic commercial à la frontière ouest du pays.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dit plus tôt cette semaine que 38 de ses camions avaient, tout comme des centaines d’autres véhicules, été bloqués à la frontière du Cameroun, car les routiers avaient refusé de traverser la frontière à la suite d’affrontements.
Un camion de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) provenant du Cameroun a été brièvement intercepté il y a quelques jours. Le 17 janvier, une grenade a été lancée sur un poids lourd qui transportait des civils musulmans à Bouar, à 120 km de Garoua-Boulai, faisant 22 morts et de nombreux blessés.
Alexis Masciarelli, du PAM, a dit le 23 janvier qu’il n’était pas sûr que les routiers acceptent de traverser la frontière, même avec une escorte militaire. Il a ajouté que, dans le cas contraire, l’agence allait devoir organiser un aéroportage, car ses réserves de nourriture étaient en passe d’être épuisées à Bangui.
« Chaque jour, nous distribuons des rations pour deux semaines à 500 familles déplacées à l’aéroport de Bangui, et il ne nous reste assez de nourriture que pour quelques jours de distribution », a-t-il dit.
Le PAM fournissait de la nourriture dans d’autres camps que celui de l’aéroport, mais l’agence a interrompu ces distributions jusqu’à nouvel ordre.
Le coordonnateur de l’action humanitaire des Nations Unies en RCA, Abdou Dieng, a dit le 24 janvier, qu’il était probable que les organisations d’aide humanitaire demandent de nouveaux convois militaires à l’avenir.
Une sécurisation indispensable
« Il est essentiel de sécuriser l’itinéraire de ravitaillement de Garoua-Boulai », a dit à IRIN Grant Leaity, chef régional des urgences du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). « Si vous regardez les frontières, il n’y a pas d’autre possibilité pour l’instant. »
« Il convient en outre de souligner l’absence de protection des civils dans toute cette région », a-t-il ajouté.
« [il y a] des centaines de musulmans dans des églises à Boali et Kaloke. Ils nous téléphonent et nous demandent de les évacuer. Ils ont peur pour leur vie. »
Amnesty International a signalé que des centaines de personnes, appartenant notamment aux communautés musulmanes, avaient été victimes d’attaques dans cette région au cours des deux dernières semaines.
Un témoin de Bouar, contacté par téléphone le 24 janvier, a dit à IRIN que l’ex-Séléka, qui est majoritairement composée de musulmans, avait perdu l’un de ses « généraux » et un « colonel » lors d’une attaque par la milice anti-balaka la semaine dernière. En représailles, les ex-Séléka auraient tiré à l’aveugle sur des civils.
Selon ce témoin, un groupe de rebelles de l’ex-Séléka aurait pris la route de Bozoum, volé des véhicules appartenant à l’Église catholique et continuerait en convoi vers le nord.
Jacques Terrenoire, directeur de Mercy Corps en RCA et porte-parole des organisations non gouvernementales (ONG) internationales intervenant dans le pays, a dit à IRIN que des attaques contre des musulmans étaient signalées dans de nombreux secteurs vers lesquels les combattants de l’ex-Séléka battent en retraite.
« Il est essentiel de déployer davantage de forces de sécurité sur le terrain pour prévenir ces attaques et permettre l’accès des humanitaires, a-t-il dit. Actuellement, certains secteurs sont trop dangereux pour que nos employés y travaillent. »
« Des policiers et des gendarmes sont plus nécessaires que des militaires lorsque l’on a affaire à des groupes opportunistes qui pillent et lynchent des gens. L’armée n’est pas nécessairement formée pour gérer ce genre de situations. »
Reconstitution des forces de sécurité
La police et la gendarmerie centrafricaines ne sont de fait plus fonctionnelles depuis que la Séléka a pris le pouvoir en mars 2013, car la plupart de leurs éléments ont fui le pays ou ont réintégré la vie civile. Cependant, depuis la démission du président intérimaire Michel Djotodia ce mois-ci, les forces de sécurité ont commencé à se reconstituer à Bangui.
Ces derniers jours, environ 700 soldats ont été vus, paradant au quartier général de l’armée à Bangui. D’autres se battraient aux côtés des anti-balaka.
Une reconstitution de l’armée pourrait aider à détourner les anciens soldats des groupes armés. Selon M. Terrenoire, plusieurs pays donateurs ont offert d’aider au redéploiement des forces de sécurité. Ces plans n’en sont cependant qu’au tout début, car la nouvelle présidente, Catherine Samba-Panza, vient tout juste d’être élue par le Conseil national de transition.
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